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5 juillet 2011 2 05 /07 /juillet /2011 10:18

 

 

 

 

A peine le temps de fermer les yeux que le taxi a déjà parcouru les 200 kilomètres qui me séparaient de Mamallapuram. J'étais il y a deux heures encore à Auroville. J'y ai passé deux jours à ne rien faire, deux jours à n' aller visiter ni la « sphère dorée », le monument qui est au centre de la ville, ni le Visitor Centre, où son histoire est projetée sur des écrans.

Auroville fut construite dans les années 60 par The Mother, une française qui fut la compagne spirituelle de Sri Aurobinio, un philosophe indien.

Ils sont l' âme de cette région, encadrés dans toutes les maisons, scannés sur  tous les calendriers.

La Mère a eu un grand rêve qui s'est matérialisé: créer une ville qui ne soit la propriété de personne, où les gens pourraient vivre en liberté en tant que citoyens du monde, une sorte de laboratoire à taille humaine, axé sur le future, où l' on étudierait comment vivre de façon alternative, dans la spiritualité, loin de la société de consommation.

Elle voyait une ville de 50000 habitants. Aujourd'hui ils sont plus de 2000  « irréductibles gaulois  résistant aux envahisseurs romains ». Des communautés replantent des arbres, d' autres retraitent les eaux usées, font de la culture organique ou travaillent sur des énergies renouvelables.

On connait la place que l'argent et le pouvoir prennent chez les humains mais l' utopie vaut le coup d'être tentée.


Je suis à l'avant dernière étape de mon voyage en Inde. Je vais attendre mon avion bien sagement, ici, dans le village des pêcheurs et des sculpteurs.

A première vue, l' endroit n'est pas super excitant mais j'ai entendu dire que les voyageurs ont tendance à rester un peu de temps ici.

Je rentre dans l' Hôtel Lakshmi, l'endroit des backpackers. La plupart des chambres possèdent une petite terrasse. J' ai vu qu'il y a une piscine, je crois que je vais jouer au riche voyageur et me prendre une chambre de 25 mètres carrés juste à coté pour 500 roupies ( 8,5euros ) la nuit.

Mon premier réflexe est d'aller sur la plage. L'odeur est spéciale, il y a beaucoup de barques, des vaches, pas mal de locaux, quelques blancs becs. Elle n' est pas très large, bosselée. Elle a subit le tsunami de 2004. Au Sud, il y a le temple…

 

 

 

               

 

 

 

               

 

 

Je me promène dans les rues, me familiarise avec le décor, rentre chez moi. Devant le Lakshmi

je tombe nez à nez avec Elli.

« - Elli!....Elli! Comment çà va?

-Vincent, je suis contente de te voir, je me sens un peu paumée toute seule, ici, ça fait du bien de voir une tête familière. »


Je l'ai rencontrée à l'ashram. Nous avons fait connaissance en faisant le ménage de la salle de satsang. Elle est de Melbourne.

Nous allons nous poser au Yogi, un bar restaurant très zen, et là, un gars arrive,


« - Elli!...Elli! Comment çà va?

-Daniel, non, j' hallucine!!! »


Ils étaient en cours ensemble à Melbourne, et ont vécu en Israël en même temps. Il se connaissent parfaitement. Daniel est intéressant, jeune, cultivé, il parle beaucoup. Un accident de la route lui a ouvert l'esprit.

Il y a trois heures, Elli vivait très mal le fait d'être seule, son retour à la vie civile après deux semaines d'ashram était douloureux. En deux claquements de doigt, elle a presque oublié.

Nous partons tous les trois à une séance de yoga...


 

 

La meilleure chose à faire à Mamallapuram? Glander! Non pardon, méditer!

 

On peut méditer à la piscine, dans un bar ou un restaurant, on peut méditer à la plage, mais on peut surtout méditer dans un petit parc rocheux du 7ème siècle, et çà, mesdames et monsieur, change tout ! C'est pour çà qu'on reste à Mamallapuram ! Parce qu'on peut glander dans de bonnes conditions !


C'est ma principale activité, je vais tous les jours au parc, j'y rentre par des endroits différents, je change sans cesse de chemin, grimpe sur des pierres différentes. Là aussi, il y a des singes et des chèvres toutes frêles.

J' en garde toujours un peu pour le lendemain, pour trouver de nouveaux passages et d'autres endroits où m'assoir.

J'ai médité à dix mètres d'un chien qui se faisait manger par les vers.

J'étais assis sur un rocher, c'est en repartant une heure plus tard que je l'ai vu, un grand trou dans la gorge. Je n'avais rien senti.

Un peu plus tôt dans l' après-midi, un homme a fait devant moi une crise d'épilepsie, j'ai juste vu sa tête cogner le sol et ses yeux se révulser, j'ai dit a des indiens à coté de moi « je crois qu'il  a un problème !», ils se sont précipités sur lui et l'ont secouru. Il y a des jours comme çà.


Sinon mes journées sont remplies d' eau claire chlorée, de pauses thé, d'e-mails, d'écriture, de lectures de L'équipe, du Times of India et de « No one here gets out alive », la biographie de Jim Morrison. J'ai même téléchargé et vu les trois derniers épisodes de Dexter, non pardon, c'est pas bien de télécharger! C'est pas moi, à ce moment là j'étais dans le parc, sur un rocher!  

Je suis moins dans le présent, c'est l'heure de faire un  peu le bilan, de regarder mon histoire avec l'Inde en face, avec lucidité. Il me faut la comprendre.

Qu'est-ce j'aime chez toi, qu'est ce qui me fascine ? Qu'est-ce qui me désole, me déchire ?

Tu es grande, très grande, je n'ai vu qu'une partie de toi. Je souhaiterai en voir d'avantage, je suis prêt pour le reste, je suis prêt pour tout le reste, qui sait, un jour, nous nous reverrons.

 

Je retrouverai le présent demain matin en me réveillant, quand mon téléphone vibrera, quand j'ouvrirai les yeux et que je me réveillerai pour prendre le taxi pour l'aéroport de Chennai, et que je monterai dans l'avion, et même que quand j'arriverai à Bangkok, et que...

 

 

 

                       

 

 

                       

 

 

                    

 

 

                    

 

 

                       

 

 

                       

 

 

                       

 

 

                    

 

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5 juillet 2011 2 05 /07 /juillet /2011 10:08

 

 

 

 

J' ai retrouvé la civilisation indienne le lundi 17 Janvier après avoir participé à ma dernière séance de yoga à l' ashram, après avoir mangé un dernier repas, fait l'accolade aux gens avec qui j'avais tissé des liens, remercié et salué les bénévoles qui s' occupaient de nous.

J' ai l'intention de prendre le bus pour retourner sur Madurai, j'ai l' espoir d'être à Pondicherry au lever du jour, il est midi.

Je marche le long de la route, des bus me doublent, je leur fais signe de s'arrêter mais ils font comme s'ils ne m' avaient pas vu, c'est peut-être le cas.

J' attend à l'ombre d'un arbre, il fait chaud, il y a une sorte d'abris blanc, je m'imagine que c'est l'arrêt de bus mais il n'en est rien, un homme en moto s'arrête pour m'expliquer que ce n'en est pas un , il me montre au loin un panneau de signalisation vert et m'indique d' aller après. Je marche un kilomètre, pose mes sacs par terre.

Un bus passe, je lève la main timidement, il file. Un second passe, il est plein, des hommes sont accrochés aux portes, un pied sur une marche et l'autre dans le vide, les joues déformées par l'air qu'elles transpercent à toute allure.

Un troisième, un quatrième, un cinquième, un sixième... Je m' énerve tout seul, j'ai déjà oublié qu'à peine une heure auparavant j' étais dans un état de zénitude absolu.

Le prochain, je l'arrête de force, je le braque, et s'il ne s'arrête pas je lui ferais l'honneur de croiser les bras et de lui suggérer de se mettre le majeur où je pense !!!

Une demie heure passe, il fait chaud, je sens la sueur s'accumuler sur mon visage, la chaleur est visible, des mirages flottent sur le bitume, je devine une tâche bleu qui arrive dans ma direction. C'est un bus, oui c'est un bus ! Je lève le bras droit avec autorité, je lui fais signe de s'arrêter. « Alléluia! Chauffeur je vous aime!» c'est ce qu'il a pu lire sur mon visage.


Je descends à la gare routière de Madurai, il faut que je trouve rapidement un bus pour Pondicherry, j' espère qu'il reste des places, je n'ai pas envie de dormir ici.

Après m'être renseigné, j' entre dans une agence de voyage, encore une Ganesh Travel.

Le gars fait la grimace quand je lui dis que je veux partir le soir même.

Il appelle, me demande 350 roupies pour le billet, il reste une place, la numéro 25, le départ est à 22 heure, je souffle.

Je dépose mon gros sac dans une consigne à la gare routière et m'en vais tuer le temps dans le vieux Madurai, à coté du temple. Je suis stupéfait par sa beauté et sa grandeur, je ne rentrerai pas dedans mais le simple fait de le voir de l' extérieur me contente. Je marche aux alentours, comprenant pourquoi cette ville est un haut lieu de pèlerinage pour les hindous.

N' ayant pu rédiger d'articles pendant ma retraite spirituelle, je vais dans un internet-café pour rattraper le retard que j'ai pris. J' y passe le reste de la journée.

Il ne me reste plus qu'à manger quelque chose, je pourrai alors me rendre à l'agence, il est 20h30.

                     


                     


Le bus arrive à l'heure, je suis un des premiers à monter dedans, « siège numéro 25, hum...ok c'est ici ! ». Un gars s'assoit à coté de moi :


«- Tu as quelle place? Me demande-t'il.

-25.  

-C'est bizarre moi aussi!?

-Regarde, c'est bien marqué 25. »


Il descend du bus, le gars de la place 26 arrive, s'assoit et me demande à qui est le sac qui est à sa place, je lui dis que c'est à un autre gars qui a la même place que lui. Il se lève et descend à son tour.

Je me dis que je bougerai pas, que j'étais là le premier, je suis au milieu du bus,  où on ne sent pas trop les secousses. Un gars vient vers moi, me demande mon billet et s'en va avec. Il revient dix minutes plus tard, et me dit de me déplacer à la place 63, la dernière, au fond au milieu de l'allée, la plus désagréable, juste au dessus de l'essieu arrière.

L' agence m' a vendu une place qui l'était déjà, je prends celle d'un des employés.

Je respire par le nez, repense à l' ashram et à mon avocat, mon Dr Gonzo qui est « cépagravologue ».

Le principal, c'est que je sois dans le bus, je serai dans dix heures à Pondicherry!


A la descente, je me fais avoir par un chauffeur de rickshaw. Je lui demande de m' emmener à la Sri Aurobinio Guest House, il me dépose dans le quartier français devant un hôtel où les chambres sont à 1000 roupies ( 17 euros ), je décide de marcher pour essayer d' en trouver une bien moins cher mais après quelques minutes, je me décide à prendre un autre rickshaw. Cette fois-ci je souhaite aller à la Surya Swastika Guest House, il me dépose au Surya Hôtel où les chambres sont au même prix que les précédentes, heureusement le gars de l'accueil me dit d'aller quelques rues plus loin pour en trouver une qui correspondant à mon budget.

Je repars à pied et envoie promener tous les chauffeurs qui se présentent à moi.

Je trouve finalement une petite cellule d'à peine six mètres carrés, sans fenêtre et avec une ridicule salle de bain pour 200 roupies à la Mother Guest House, le long du grand boulevard qui sépare les quartiers tamil et français. Je vais dormir quelques heures.

En me réveillant je déclare la guerre à des fourmis naines, il va leur falloir trois jours, trois générations et des milliers de pertes pour comprendre que ce carrelage est mon territoire. Je leur prévois un véritable holocauste si elles insistent. Elles vont finir par comprendre et par battre en retraire.

 

L'après-midi je pars à la découverte de la ville, je suis sidéré par la différence de propreté qu'il y a entre les deux parties de la ville. Du coté français, il y a plein de touristes du troisième âge, des restaurants, des boulangeries dont la qualité des croissants n'a rien à envier à celle que nous avons chez nous, le nom des rues est inscrit dans la langue de Molière et comme par hasard on est à deux pas de la Mer du Bengale.

Je prends place pour le reste de la journée dans le Eat'n Net, rue Romain Roland, un très beau bar où il y a le WIFI, j'ai encore du travail.

Les patrons sont délicieux, ils sont indiens, parlent une multitude de langues. Ce sont les meilleurs commerçants que j'ai pu voir en Inde.

Ils ne passent presque que de la musique classique.

J'ai l'impression d' être un des droogies dans le milk-bar d'Orange Mécanique ( même si la décoration n'a rien à voir ) au moment où j' entends la 9ème symphonie de Beethoven et que je sirote en même temps une boisson lactée, l'ultra violence en moins bien sûr !

Un peu plus tard j' aurai même le droit de plonger dans l' univers de Twin Peaks à l'écoute de son générique désormais kitch.

Le soir je vais au bar Le Space ( rien à voir avec le club d' Ibiza ) pour boire des cocktails, je n'ai pas bu depuis Goa, j' y rencontre deux françaises, Maika et Claire. Elles viennent juste d'arriver en Inde, elles vont travailler pendant un mois dans une ferme d' Auroville, une ville expérimentale, idéaliste , communautaire. Je ne vais pas faire long feu...


Le matin suivant, je me lève tôt. J'ai deux objectifs, trouver le Sri Aurobinium ashram pour prendre des cours de yoga, et la Jayalakshmi Fine Art Academy pour apprendre à jouer des tablas.

Je vais mettre du temps pour trouver l'ashram, demandant mon chemin à plusieurs personnes qui m'orientent tous dans des directions différentes.

Une fois sur place, une dame me dit d'aller au bureau des renseignements « Vous allez tout droit, prenez la troisième rue à droite, continuez, c'est à gauche après le pont, un bâtiment gris, s'est marqué COTTAGE ».

A l'office, on m'explique qu'il n'y a pas de leçons de yoga, que chacun vient le faire de façon autonome, je ne suis pas assez expérimenté, j'abandonne.

Je file sur Mission Street pour trouver l'école de musique, dans le Lonely Planet ils indiquent que c'est au 221.

Je suis devant, il y a un hôtel et une battisse à l'abandon. Je demande mon chemin à un employé de l' hôtel « Vous reprenez Mission Street, c'est à l'avant dernière rue à gauche, à l'angle ».

J' y vais, il n'y a rien à l' angle. Je redemande mon chemin, on me guide vers un studio d'enregistrement qui n'est pas une école.

Je me renseigne à nouveau, on me dit que c'est au 221, j' y retourne, reste face à l'immeuble désaffecté, il y a une pancarte écrite en indien, je devine un chiffre, ils ont du changé d' adresse.

Il y a un jeune couple, assis sur un scooter à l'arrêt. Je leur demande s'ils peuvent me traduire par écrit ce qu'il y a de marqué. La fille note mot pour mot, sur mon cahier, ce qui est inscrit, je ne comprends pas plus mais elle me dit que si je montre ça à n'importe qui, on me guidera.

Je vais finalement comprendre que l' école est désormais au 39 Thiyagaraja Street.

Je réserve cinq heures de cours, je commence demain à 9h30, ça me coûte à peine 5 euros de l'heure.

Je décide d'aller à la plage. Je m' assois au bout d'une digue de rochers noirs, face au soleil, je fais connaissance avec Monsieur Meursault, L' étranger.


              


Le soir je retourne au Space, revois les deux françaises, rencontre Constantin un suisse et Markus un allemand.


Une nouvelle nuit de passée, j' ai rendez-vous à 9h30, je suis un peu excité, c'est mon premier cours de musique.

J' arrive, le master n'est pas là, le gars du bureau l' appelle pour lui rappeler qu'il a un cours à donner.

Il se pointe, me demande si je suis novice. Je lui explique que je fais de la musique mais que je ne sais pas jouer de percussion.


Tout d'abord, nous restons assis en tailleur, sans instrument, il prend mon cahier, note :

 

« THA GA DHE ME, THA GA DHE ME » « THA GI DA, THA GI DA »

( 1 2 3 4 ) ( 1 2 3 )


Il me fait taper le rythme sur ma cuisse, un temps de la paume, le suivant du dos de la main.

Au début je ne chante pas le rythme, mais il m' explique que c'est primordiale, si je ne suis pas capable de le chanter, je ne pourrais pas le jouer.

 

Il me note ainsi quelques exercices je vais attendre un peu avant de toucher l' instrument.

Une tabla est une percussion constituée de deux éléments, le Danga la partie gauche qui correspond à la basse et le Karnai, plus petite, à droite.


Il me montre quatre touchers que je vais travailler :


Le THA, joué sur le danga avec les cinq doigts de la main gauche, au milieu de la peau.

Le THEE, joué sur le karnai avec trois doigts de la main droite, au milieu de la peau.

Le THOM, joué sur le danga avec le majeur gauche, au milieu de la peau.

Le NAM, joué sur le karnai avec l'index, sur le bois, l'extrémité de la peau.

 

Il écrit une dizaine d' exercices.


< THA THA - THEE THEE - THOM THOM - NAM NAM >


< NAM NAM THOM - NAM NAM THOM >


< NA DHE - NA DHE DHEN - NA DHE >



Il est assez dissipé, on dirait un grand gamin qui ne sait pas rester en place, qui a du mal à rester concentré.

Il passe des coups de téléphone à des amis pour leur dire qu'il donne des cours à un musicien occidental, il me passe le téléphone, m' explique qu'ils veulent me parler, nous échangeons des banalités.

Il me passe un autre de ces amis qui vend des tablas, il m' en propose à 3500 roupies.

Il me montre ses cartes de visite, ses papiers à entête, des prospectus où son nom est inscrit. Il demande à la secrétaire un thé. Il me note de nouveaux exercices.

Les deux heures sont passées vite, je n'ai pas l'impression d'avoir appris grand chose, mais au moins j'ai tout un cours manuscrit avec plein de THOM, de NAM et de THEE, j'imagine que je saurai m' en souvenir le jour où je me retrouverai chez moi à composer.


« Je peux vous demander une faveur Master ? Oui ? En fait, pendant mon voyage, je promène avec moi une caméra, j'aimerai pouvoir filmer le prochain cours... C'est vrai, ça ne vous dérange pas... Merci beaucoup ! »


Deux jours plus tard, je pénètre dans la même pièce, cette fois-ci, il est déjà là, il est avec un garçon de six ans qui tape comme un sourd sur une batterie.


« On m' a appelé à cinq heure ce matin, pour que je donne un cours à ce gamin », me dit-il.

Je fais semblant de le croire.


J' installe mon matériel.

 

«-Alors ça tourne?

-Non pas encore Master.»


Il est déjà pendu au téléphone, j'imagine qu'il dit à ses amis qu'un type est venu de loin pour le filmer. Il a besoin de se mettre en valeur vis à vis des autres, il ne doit pas avoir une grande confiance en lui. C'est curieux, avec le talent qu'il a, il a juste à jouer pour qu'on s'intéresse à lui.

Je l'aime bien, il est touchant.


«-Alors ça tourne ?

-Oui, c'est bon. »


Il me demande de taper sur les tablas, pour que je fasse entendre à la personne qu'il a au bout du fil qu'il est bien en train de donner un cours.

Il me dit de reprendre les exercices, il s'absente quelques secondes et revient avec un petit clavier qui fonctionne à l'air, un peu comme un accordéon. Il commence à jouer. La façon dont il fait sonner ce  jouet  m'épate, il est vraiment doué. Il me corrige, m'explique comment mieux toucher les peaux.


«-Alors ça tourne ?

-Oui oui, encore. »


Il prend les tablas, se cadre au milieu de l'objectif et commence à jouer un rythme tribal. Instinctivement je me mets à chanter...

Avec tout son cirque, je ne suis plus attentif, je n'ai plus trop envie d' apprendre, d'ailleurs, je réalise que je ne suis pas venu ici pour vraiment apprendre à jouer mais pour vivre une expérience.

 



( Pondicherry ne m'enchante pas plus que ça, j' ai même du mal à supporter cette ville.

La frontière entre les deux quartiers est indécente. Les mendiants, qui ne sont ni du coté français, ni du coté tamil, me paraissent encore plus abimés ici.

J'ai l'impression qu'ils sont victimes des riches expatriés et des vieux « voyageurs organisés » qui viennent en Inde pour faire le tour de ...Pondicherry, pour acheter du mobilier d'art et se rassurer,

« Chéri, prend l'appareil, regarde comme il est pauvre cet enfant !».


La colonisation a le don d'engendrer le chaos.

Du chaos, il y en a pourtant dans toute les villes d' Inde, mais ailleurs, il parait être « organisé », les gens vivent avec, on arrive à sentir de l' humanité chez « les laissés pour compte », ici c'est l'inverse, les misérables font vraiment très très mal à voir, ils dorment dans les caniveaux, ils errent sur ce grand boulevard qui donne la gerbe …

… Et deux ou trois pâtés de maison plus loin, il y a ce parc si « français » avec de belles fleurs, des toboggans, des bancs publics et des gens qui se prennent en photos devant tout et n'importe quoi.

Je me sens mal à l'aise, les indiens, du moins les riches indiens, les plus pales, ont l' air d' apprécier ce beau quartier, cette sorte de Promenade Des Anglais qui longe la mer...

J'en ai marre des croissants.

Faut que je bouge, encore un cours et je bouge, plus que deux jours et je bouge.

Une semaine ici, c'est beaucoup trop, beaucoup beaucoup trop... )      

 

                    

 

                     


                    

 

                    

 

                    

 

                     



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3 juillet 2011 7 03 /07 /juillet /2011 08:55

 

 

 

 

 

Après avoir serré dans mes bras Kiyomi, ma désormais ex-partenaire de route, et que nous nous soyons donné rendez-vous à New York ou en France, je suis décidé à partir vers Madurai, dans le Tamil Nadu, pour passer quelques jours dans un ashram.

Il faut dire que mon expérience avec Maria à Palolem combinée à la rencontre d'Antoine à Mysore m'ont donné envie de découvrir le yoga.

Je n'ai d'autre moyen que de prendre à nouveau un « bus local sans fenêtres » et d'être encore une fois le seul étranger à bord. Je commence à y prendre goût !

J' arrive à Madurai cinq heures plus tard, sans trop savoir ce qu'il va m'attendre, le trajet m'a couté 80 roupies ( 1,30 euros ).

 

Je n'ai pas réservé, je n'ai même pas contacté l' ashram avant d'arriver, j'espère qu'il y a de la place car il est paumé à 35 kilomètres de Madurai, il fait nuit, il n' y a aucun hôtel aux alentours, aucun taxi, aucun rickshaw si il me faut faire machine arrière et retourner en ville.

Je n'ai vraiment pas envie de dormir dehors, mais dans un sens, je fais confiance à mon instinct et j'ai raison.

Le chauffeur me dépose devant l'entrée du Sivananda Yoga Ashram après avoir demandé son chemin à une dizaine de personnes.


« Poses tes affaires ici, c'est l'heure du repas, tu as faim? Va manger, en s'occupe des papiers après! » me dit la première personne que je croise.

J'arrive dans le « dining hall », une femme me dit de me poser, qu'elle va me servir.

Je m'assois en tailleur sur une natte, elle m' apporte une grande assiette en inox avec plusieurs compartiments sur laquelle il y a une sorte de semoule, de la sauce, des légumes et des chapatis ( des galettes qui font office de pain ), je mange avec mes doigts.

Il est inscrit de garder le silence en mangeant, il y a une prière à réciter avant.

Une fois mon repas terminé, je règle mes 400 roupies ( 6,5 euros ) par jour.

Cette somme dérisoire comprend le coût de l'hébergement et de toutes les activités. On me dit de filer à la séance de méditation qui vient à peine de commencer.


Cette séance se nomme Satsang.

Le maître de cérémonie nous fait face, il est assis sur une scène, derrière lui il y a le temple, où sont représentés les gurus fondateurs de l'école Sivananda et les images des prophètes et des dieux de chaque religion ( les indiens, en terme de spiritualité, ne prétendent pas convertir les gens à l' hindouisme, ils ont un profond respect pour chaque religion, estimant qu'elles suivent toutes un chemin similaire), il nous fait chanter « om » plusieurs fois.

Nous sommes assis confortablement, les jambes croisées, les épaules relâchées, le dos droit, nos mains posées sur les genoux, les paumes orientées vers le ciel, les pouces et index joints, les yeux fermés, il nous dit de nous concentrer sur le chakra que nous avons entre les deux yeux, de fixer un point et de s'y tenir, fixant ainsi le miroir de l' âme :


« Les images apparaissent comme sur un écran, mais elles n'atteignent pas l'écran, n'essayez pas de chasser ces images, observez les, sans qu'elles ne vous touchent, respirez par le nez, inspirez, un.., deux.., trois.., quatre.., expirez, un.., deux.., trois.., quatre.., faites travailler votre diaphragme, votre abdomen est comme un ballon qui se gonfle et se dégonfle....Pour ceux qui sont d'une nature intellectuelle, comptez vos respirations et fixez vous entre les deux yeux, pour ceux qui sont d'une nature émotive, concentrez vous sur votre chakra qui est au niveau du coeur....  ».


Nous restons immobiles pendant une demie heure.

Viens le moment de chanter, il entonne les couplets seul et nous les répétons tous en coeur, pour finir il y a une lecture et une prière à laquelle je fais semblant de participer.


Le programme est intensif et rythmé :


- Réveil 5h30 au son de cloche.

- 6H00, Satsang ou marche silencieuse ( nous partons marcher aux alentours et nous asseyons  dans un coin paisible pour chanter).

- 7H30, l'heure du thé ( le meilleur moment de la journée ).

- 8H00, Asana Class (  yoga ).

- 10H00, déjeuner.

- 11H00, Karma Yoga, un si grand mot pour dire "participer aux tâches ménagères ou faire du jardinage", apparemment le faire en ayant des pensées positives serait une très bonne chose pour le karma.

- 12H00, repos.

- 12H30, coaching class, pour ceux qui veulent travailler une position particulière.

- 13H30, l'heure du thé ( deuxième meilleur moment de la journée ).

- 14H00, lecture collective en rapport avec la philosophie du Sivananda yoga.

- 16H00, seconde séance de yoga.

- 18H00, diner.

- 20H00, Satsang.

- 22H00, extinction des feux.


            Je prend du plaisir à flâner dans cet ashram, même si le rythme et la discipline peuvent paraitre un peu « militaire », j'arrive quand même à trouver du temps pour ne rien faire.

J'aime me poser dans le hamac et écrire sous le « mango tree », je m'y cache, comme un collégien qui se planque des pions,

 

pour fumer mes trois cigarettes par jour.

 

 

 

J'ai l'impression d'être le seul à ne pas adhérer à une religion, Elli, l' australienne est croyante, mais elle est un  peu comme moi, nous ne portons pas beaucoup d'intérêt à toutes ces prières.

 


Je crois en notre Mère Nature, au soleil, à la lune, aux éléments, je pense qu'il y a quelque chose de magique dans la vie mais j'ai un peu de mal quand j'entends le mot « Seigneur », je m' imagine tout le mal que l' église a fait, les ravages que peuvent faire des extrémistes islamistes, je pense à la condition des femmes, la liste est longue...

Quand je discute de religion avec des gens, ici, je m'aperçois qu'en fait nous parlons de la même chose mais que nous employons des termes complètement différents.

Après tout, mon problème avec la religion, c'est peut être juste une histoire de mots.

Si je remplace le mot « seigneur » par « la vie », ça me parle!

C'est sûrement pour cela que je ne chante que des chants indiens pendant les séances de méditation, parce que je ne les comprends pas, dés que j'entends « oh Lord », je reste la bouche fermée.


CE N'EST QU'UNE HISTOIRE DE MOTS, QU'UNE PUTAIN D'HISTOIRE DE MOTS !!!

Si tout le monde comprenait cela, je m'imagine qu'on ne serait pas loin de la paix dans le monde...


         Je suis venu ici par curiosité, pour voir un de ces lieux de retraite spirituelle si caractéristique à l' Inde, au début, j'ai signé pour trois jours, puis j'ai rempilé pour trois autres, j'apprends à maîtriser ma respiration, je découvre des muscles dont je ne soupçonnais même pas l'existence.

J'ai l'impression qu'en une journée à l'ashram je découvre autant que si j'avais pris un mois de cours de yoga en France.

Je ne sais pas si je continuerai après être sorti d'ici, car ça demande une vrai discipline, une sacré hygiène de vie, en revanche ça vous donne l'impression d'être léger, de planer naturellement, sans  artifices.

Je n'ai jamais aimé courir seul, est ce que j'aimerai faire mon yoga seul ?

En tout cas maintenant je sais ce qu' est la vie dans un ashram, c'est très agréable de se retrouver dans un endroit où la qualité première  de chaque personne est... la gentillesse.

 

 

                  

 

                    

 

                                                         ( la salle pour le  satsang )

 

                 

 

 

                 

 

 

                 

 

                 ( Mon arbre et mon hamac magique)

 

 

                     

                 ( L' heure du.. THE !!! ) 

 

 

 

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3 juillet 2011 7 03 /07 /juillet /2011 08:51

 

 

 

 

 

( Des couleurs, en veux-tu ? En voilà !

La mer, la montagne, la jungle, tout en même temps tu veux toucher ? Comblé tu seras !

De la spiritualité dépourvue de haine et de dogmes, t'en nourrir tu souhaites ? Inspiré tu deviendras!

T'émouvoir devant la gentillesse profonde de gens simples ? Le sourire tu retrouveras !

Jeune Padawan, le Kerala te tend les bras sans rien te demander en échange, si ce n'est de te sentir vivant et de « voir », un guerrier de la connaissance tu pourras alors devenir, n'oublie pas de rester humble, et d' être, comme dirait un grand philosophe belge contemporain...  AWARE !!! )

 

 

Dimanche 9 Janvier 2010...

Après deux nuits passées à Mysore, je repars sur la route, direction Fort Cochin!

Le matin même, je me suis présenté au guichet de la gare routière pour réserver mon billet de bus, le type me dit :

« Tous les bus privés sont complets, viens vers 17h30, il y a un bus local qui part dans le Kerala. »

Je passe la journée à traîner, me pointe vers 16h30, patiente quelques minutes et me déclare au premier bus sur lequel je vois marqué « State of Kerala ».

« Je vais à Cochin » dis-je au chauffeur.

Il me répond « Montes ! ».

 

Le bus est presque complet, il ne reste des places qu'au fond, celles les moins confortables, j' essaye de passer discrètement dans l' allée mais mon sac est trop large et je cogne inévitablement quelques personnes. Je demande à un jeune gars si ce bus va bien à Cochin, il me répond :

 

«- Non! Il va à Thrissur! Le bus pour Cochin est juste après celui-ci!

- Merde! Le chauffeur m'a dit de monter quand je lui est dis Cochin ...( Le bus est en train de démarrer, je reste immobile, sans réagir pendant quelques secondes, le bus est parti)....

Heu... Est-ce que je vais pouvoir trouver un bus à Thrissur pour rallier Cochin ?

- Oui, tu devrais pouvoir!

- Je devrais ?

- Tu en trouveras un!

- Ok, merci!

- En même temps si tu voulais faire des économies, c'est gagné, car en matière de transport, tu ne peux pas faire plus local, ça ne va pas te coûter cher!

- Combien de temps faut-il pour faire Thrissur-Cochin ?

- Trois ou quatre heures!

- Merci beaucoup! »

 

         Effectivement le voyage va me coûter moins de 200 roupies ( 3 euros ) pour huit ou neuf heures de trajet mais les conditions de voyage sont en conséquence.

Je suis le seul étranger, à la dernière place, au fond, les indiens se retournent sans arrêt pour me regarder, ils doivent se demander ce que je fais dans ce bus, quel touriste est assez fou pour voyager ainsi ! Et bien, moi pardi ! D'ailleurs, je ne suis pas un touriste, je suis un voyageur !!!

Je n' arrive pas à m'endormir, mon siège ne se bascule pas, le chauffeur roule comme un taré sur cette route trouée, je fais régulièrement des chutes libres d'au moins vingt centimètres.

Arrivé au terminus, il est une heure du matin, je suis encore le seul étranger dans la gare routière, heureusement, il y a des gens qui viennent vers moi pour m'orienter.

Après quelques errances, je trouve mon bus pour Cochin, il est pire que le précédent, il n'a même pas de fenêtres, et à nouveau j' embête tous le monde avec mon « mobile-home » sur le dos.

J'arrive avec l'aide de quelques personnes à me faufiler jusqu'au fond du bus, je mets mon sac à la place réservée pour mes jambes et me pose accroupi sur le siège. Je reçois à nouveau plein de regards curieux, et en même j'ai le sentiment que les gens me respectent car je ne crains pas de voyager à leurs cotés. ROCK....AND..... ROOOOOOLL !!!

 

Le bus me dépose à trois heure du matin, je dois maintenant aller à Fort Cochin où je suis censé partager une chambre avec Kyomi pour réduire les frais, je monte dans un rickshaw.

Arrivé au Sea Shore Residency, je décide de prendre une chambre pour ne pas la réveiller.

Je m'installe, mes pieds sont noirs, je prend une douche pour me décrasser, j'entends frapper à ma porte, j'ouvre, c'est Kiyomi :

 

« - Vincent, je suis malade, tu as des médicaments ?

   - Bouges pas ! »

 

Je suis l'homme qui tombe à pic !

 

       Je ne vais pas m' éterniser longtemps à Fort Cochin, car il n'y a pas grand chose à faire ici et que j'ai assez profité de la plage à Goa.

Nous prenons juste le temps, le lendemain, de découvrir les fameux « back-waters », ce sont des croisières sur des barques plus ou moins rustiques ( selon votre budget ) sur les rivières tropicales du Kerala.

La ballade dure trois heures, nous sommes avec deux indiens qui ne parlent pas un mot d'anglais et qui s'occupent de la navigation et une petite fille d' à peine dix ans qui fait le guide, elle nous signale quand nous croisons un bananier, un cocotier ou un king-fisher ( un oiseau ).

Nous sommes dans la jungle, au milieu d'une multitude d'arbres fruitiers, regardant des oiseaux, des libellules, des enfants se baigner, des femmes laver leur linge dans la rivière, nous retenons notre souffle, fascinés de voir un serpent nager, nous allons à la rencontre des habitants qui nous montrent comment faire une corde à partir de fibres de noix de coco, qui nous font sentir des plantes médicinales.

 

 

 

                   

 

                      

 

                      

 

                      

 

                           

 

             

 

 

Nous décidons ensuite de partir en altitude pour respirer de l'air frais et faire du trekking, nous reprenons un bus local pour aller dans l'Idukki, la région la plus à l'est du Kerala, et nous posons les pieds sur le sol de Munnar cinq heures et 145 kilomètres plus tard.

Trente ou quarante kilomètres avant Munnar, le paysage s'élève, le bus grimpe au pas sur cette route montagneuse, la chaine est comparable en hauteur à celle du Massif Central, la vue est spectaculaire, nous roulons à proximité d'une cascade, des plantations de thé ornent les flancs des montagnes.

Munnar est une petite ville, pas vraiment charmante mais idéalement placée.

 

Pour une fois, j'ai la tête dans les nuages au sens propre, nous sommes au même niveau, je connais désormais leur odeur, je les sens au contact de ma peau.

 

Nous trouvons une chambre très propre au Arai Hotel pour 600 roupies la nuit ( 10 euros ).

Kiyomi a déjà planifié un trek pour le lendemain matin.

 

Réveil 5h30, rendez-vous à 6h00 avec Velu notre guide.

Ses parents travaillaient pour Tata, dans les plantations de thé, un riche propriétaire mondialement connu, ils ont gagné pendant toute leur vie 125 roupies chacun par jour ( 2 euros ), et au bout de 35 ans, en guise de retraite, ils ont eu le droit de garder la maison où ils étaient hébergés.

Velu vit chez eux, au début, il a commencé par travailler dans les plantations mais ça ne lui plaisait, trop ingrat comme travail, puis las, il décida de devenir chauffeur de rickshaw, puis finalement il a obtenu une licence pour devenir guide de montagne.

Quand il n'a personne à guider il retrouve son métier de chauffeur.

 

Nous commençons à grimper le Mont Chokkavmudi, son sommet est à un peu plus de 2500 mètres , il y a environ cinq kilomètres pour arriver tout en haut.

Il n' y a pas de chemin pédestre, pas de route, nous montons sur le flanc, dans des passages où l'escalade n'est pas indispensable.

Je réalise qu'affronter un élément relève de la plus grande prudence, qu'il faut le respecter car le moindre faux pas peut être mortel, nous n' avons aucune protection, rien sur lequel nous appuyer, juste notre instinct de survie.

Lentement mais sûrement, nous atteignons le sommet, le jour s'est levé, je reste bouche bée devant ce paysage fantastique, face à cet océan de nuages sur lequel immergent  des icebergs fleuris, des icebergs rocheux, verts, gigantesques.

C'est dans ces moments là que l'on se rend compte que la vie est belle, paisible, la nature ne ment pas, elle se magnifie jusqu'à son paroxysme, sans l'homme, elle resplendit !

 

Nous rentrons à l'hôtel vers midi, après avoir marché dans les plantations, après avoir croisé des ouvriers qui nous ont offert le thé.

Boire du thé, dans une plantation de thé, vous donne l'impression de déguster la meilleure potion du monde !

 

Le lendemain, nos chemins vont se séparer, Kiyomi doit retourner vers Cochin car elle a un avion à prendre pour le Rajasthan, et moi je ne veux pas revenir sur mes pas, je veux continuer à avancer, comme disait Albert Einstein, " La vie c'est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l' équilibre. ",  ma décision est prise, je veux voir ce qu'est la vie dans un ashram, je veux être initié au yoga et à la méditation, à défaut de trouver des musiciens à filmer, je vais filer dans le Tamil Nadu.

 

                 

 

                    

 

                    

 

                 

 

                 

 

                    

 

 

 

 

 

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3 juillet 2011 7 03 /07 /juillet /2011 08:48

 

 

 

 

 ( « Le bruit et l'odeur »... Le guignol préféré des français aurait du s'offrir un petit tour dans une ville indienne, hors d'une voiture diplomatique, en rickshaw, avant de prononcer ces mots, car ici, ils prennent tout leur sens, chez nous, ça sent le canard WC, même dans les cités !

Mysore est une ville indienne bruyante et puante, une fourmilière pleine de contrariétés, mais elle se détache des autres car c' est une artisane.

Elle a quelque chose de spéciale, elle est plutôt douée, elle a du goût, elle est commerçante!

Des huiles essentielles d' une pureté insolente, des encens roulés sous vos yeux, des produits de « bioté » , des bijoux, des diamants, des icônes aux traits fins, des épices raffinées, des pigments de couleurs naturels vifs, de la soie, voici ce que vous pourrez trouver chez elle, rajoutez-y un palais royale somptueux et vous comprendrez pourquoi sa renommée est désormais... internationale! )

 

 

         Je quitte Hampi le 4 Janvier à 20 heure en prenant le bus local ( 12 roupies, 0.20 euros ) pour rallier Hospet. Une demie heure plus tard je suis devant Ganesh Travel, mon autre bus est dans deux heures, il partira direction Bengalore la capitale du Karnataka.

Je suis en place assise, le siège s'incline suffisamment pour que je puisse trouver deux ou trois positions confortables pour les sept heures de route qui m'attendent.

Pour les pauses, le véhicule s'arrête sur des aires où il y a deux ou trois petites boutiques en bois dans lesquelles des gars vendent du thé, des biscuits et quelques chewing-gums sans goût, on est bien loin des  « supers stations marchers essences services » qui sévissent sur nos autoroutes. Les toilettes? Dans les arbustes ! Pour les femmes? Pareil !

A Bengalore, je transite au milieu des deux cents auto-cars qui bondent la gare routière et trois heures plus tard, je descend de mon bus de luxe, prêt à affronter les prestataires de service de Mysore :

 

« Rickshaw Sir! » « Hey t'as besoin d'un rickshaw ? » «  Viens avec moi mon ami, je t'emmène où tu veux! » « Non! Viens avec moi! » « Tu cherches une chambre ? » « Tu veux visiter le palais, Chamundi Hill, le tour de la ville pour deux cent roupies, prix d'amis! » « Oh mon ami, comment ça va, t'es d'où ?» « Viens jeter un coup d'oeil à mon magasin !» « Tu cherches une chambre ? » «  Non va pas par là c'est trop bruyant, suis moi je t'emmène voir une bonne chambre ».....

 

A un moment, on fini toujours par en choisir un, surtout quand on a pas réservé de chambre, je me décide à suivre un type un peu plus vieux, il doit sûrement être grand-père, il est petit, maigre, cheveux blancs, barbe de trois jours, il a l'air inoffensif, il me présente une chambre qui correspond à mon budget, touche sa commission et repars vers la gare.

Je suis près de la poste, du poste de police et de la Bank of India, Gandhi Square est à 800 mètres, le palais à deux kilomètres.

Je jette mes sacs sur le lit, et sors pour essayer de trouver un cybercafé, je marche une heure avant de me retrouver le nez devant un écran et de voir que Kiyomi, arrivée la veille, m'a laissé un message me disant où je pouvais trouver une chambre correcte, elle loge a coté du commissariat.

J' essaye de la trouver dans la foule, mais je ne vois que la spectaculaire réalité des rues de Mysore, des indiens de tous types, dans tous les états de forme, de fortunes diverses.

 

            Un jeune gars m'accoste et me fait tout son cirque pour pouvoir me vendre quelque chose:

 

« Salut mon ami, tu viens d'où, tu t'appelles comment »  « Haaa français, ça va ? Ca va bien ? »

« Première fois en Inde? » « Marié? » « Tu fais quoi comme travail ? »

 

Je le vois arriver de loin, je joue le jeux, je discute avec lui pour obtenir des informations intéressantes sur la ville, les endroits à voir, les choses à faire.

Il me fait rire, il me dit qu'il a un magasin de musique, qu'il peut me donner des cours de tablâ.

Il est doué, il m'a cerné en quelques minutes, il connaît le Lonely Planet par coeur.

 

« - A Mysore, c'est comme a Amsterdam, ici c'est légal, tu peux aller dans des coffee-shops, du moins des body-shops, il y a plein de gens qui font du yoga qui y vont...

-Je cherche une amie!

-Une japonaise?

-( Je suis sur le cul! ) Heu.... Elle est américaine, mais effectivement elle ressemble à une japonaise...

-Elle a les cheveux courts? Je viens de la voir, de discuter avec, elle déjeune après la place »

Un rickshaw arrive.

 

«- Montes! Suis moi, je t'emmène!

-Non, je vais marcher!

- Montes je te dis, c'est gratuit ! »

 

Nous faisons deux cent mètres, nous sommes devant un restaurant.

 

«- Elle est partie, je te laisse mon numéro, appelle moi à 19 heure, je t'emmènerai voir la réelle Inde.

- Je n'ai pas de téléphone.

- Appelles d'un téléphone fixe, c'est un roupie!

- Je ne te promets rien! »

 

 

          Plus tard un autre jeune gars me fais le même cinéma, il me propose d'aller voir comment sont fabriqués les bidies ( cigarettes indiennes ), l'encens et les huiles essentielles.

Un rickshaw fait son apparition, c'est le truc ici, des chauffeurs s'associent à des gars qui ont du bagou pour faire visiter la ville aux étrangers.

Je me laisse convaincre :

 

«- C'est combien?

- Ce que tu veux mon ami!

- Non, je sais très bien que ce n'est pas ce que je veux, c'est combien?

- Si tu me donnes un roupie, je suis content mon ami!

- Ne dis pas ça, c'est faux! Je ne veux aucun malentendu !..... Bon Ok comme vous voulez !

C'est parti! »

 

 

Il faut que je me méfie d'eux, je ne veux pas qu'ils me fassent un coup foireux.

Finalement tout s'est bien passé, je suis allé dans des fabriques, j'ai discuté avec un gars qui fait et vend de l'huile essentielle, on a rigolé devant un type qui siège toute la journée, défoncé, au rez de chaussé du magasin.

Ils me laissent à un carrefour deux heures plus tard, je leur donne 200 roupies.

 

« Seulement! », dit le chauffeur, je lui répond :

« Souviens-toi quand tu m'as dis qu'un roupie te suffisait! »

 

Le guide calme le jeu, me remercie, nous partons chacun de notre coté.


                

 

                

 

                                  

                                   ( Le type défoncé )

 

                 

 

 

 Je vais passer le reste de l'après midi à marcher.

 

          A la tombée de la nuit, encore un jeune gars que j'ai croisé dans la journée m'aborde, et me dit de venir visiter son coffee-shop.

Curieux, finalement j'accepte, je le suis sans vraiment repérer où je vais, le regard constamment en l'air, j'entends un muezzin appeler à la prière, sa voix est féminine, ce doit être un enfant en formation.

Nous arrivons dans une toute petite rue, il y a une vache attachée à un lampadaire, nous entrons dans la petite boutique.

Le patron arrive, il a la trentaine, il est propre, bien coiffé, il porte de fines lunettes aux montures noires rectangulaires, une chemise repassée, une montre qui montre que sa position sociale est  au dessus de la moyenne.

Il m' invite à m'assoir, m'explique que c'est le plus vieux « boddy-shop » de la ville, que ses huiles sont les plus pures, que son « matos » est le meilleur du monde et bien sûr le moins cher, que son encens a la plus merveilleuse des odeurs, que ses savons caressent la peau et lui donne une douceur que seuls ses clients connaissent.

 

« -Tu veux quoi alors, des produits pour ta santé ou des produits pour te soulager l'esprit?

-Je suis là juste par curiosité, je venais juste avec l'idée de déguster un apéritif à la sauce "Amsterdam", rien de plus.

-Ha bon.... ».

 

Il me fait passer dans une petite pièce, il y a un lit très sommaire qui fait office de sofa, sur un des murs est peint un sadou, des graffitis et des phrases dans toutes les langues témoignent du passage de nombreux voyageurs en ces lieux.

Je reste une petite heure, et aux grands regrets de mon nouvel ami, je repars sans rien acheter, mais avec une idée en tête..., je vais conserver sa carte.

Je rentre me coucher, je mets  deux heures avant de retrouver mon hôtel, errant, perdu dans les ruelles de Mysore. 

 

           Le lendemain matin, je me lève tôt pour aller visiter le palais royal, l'entrée coûte 20 roupies pour les indiens et 200 roupies pour les étrangers.

Je prends quelques photos, pénètre dans le palais. C'est joli mais je n'y trouve pas beaucoup d' intérêt, trop touristique!

Je sors du palace, repars en direction du centre ville, m' installe ensuite dans une tout petit restaurant végétarien.

En attendant que mon riz aux légumes me soit servi, je me pose devant le resto pour fumer une cigarette, et là, je vois passer Kiyomi, c'est toujours quand on ne cherche plus que les choses arrivent servies sur un plateau, je l'appelle, elle n'entend pas, je vais à sa rencontre.

Elle est avec Antoine, un québécois très sympathique, nous retournons ensemble au restaurant.

Antoine a un cours de yoga dans l' après-midi ( je ne le sais pas encore à ce moment là, mais il va avoir une grande importance dans mon choix de vouloir apprendre le yoga dans un ashram, il me donnera plus tard deux adresses), je pars avec Kiyomi me balader autour du lac Kukka-Rahalli, en périphérie de la ville, nous faisons le grand tour, nous posons sur un banc, refaisons le monde, le soleil se couche déjà....

 

          J' ai fait le tour de Mysore, le lendemain, en attendant de prendre mon bus, je décide d'aller au Shruti Musical Works ( conseillé par Lonely Planet ) pour prendre une ou deux heures de cours de tablâ, une percussion indienne, j'arrive, le magasin fait à peine dix mètres carré, et le patron n'est pas très en clin à me donner un cours, il me sors un prix exorbitant pour me faire comprendre qu'il n'a pas que ça à faire et qu'il préfère parler à son ami, je ne suis pas un gars contrariant, il est temps pour moi de partir ...

 

                    

 

                    


                    

 

                    


                 


                 


                   


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3 juillet 2011 7 03 /07 /juillet /2011 08:45

 

 

 

 

( Notre Mère la Terre est la plus grande des artistes.

Elle a le don de sculpter lentement, à l'aide du vent, de l'eau, de l'érosion, des panoramas spectaculaires. Ça lui a pris beaucoup de temps pour offrir une telle oeuvre aux habitants d'Hampi et aux voyageurs qui s'empressent de venir découvrir cette exposition naturelle.

Le temps s'arrête à Hampi, on peut rester des heures, assis sur un énorme rocher à regarder ce paysage lunaire, cet oasis où le vice est absent.

On a comme l'impression que tous ces gros blocs de granits ont été posés les uns sur les autres avec une précision chirurgicale, mais il n'en est rien, on se sent tout petit, humble, on est plongé dans des siècles d'histoire, quand cette ville prospère était un symbole spirituel, on imagine la reine venant se laver dans sa baignoire de 400 mètres carrés, on se représente la force que devaient avoir ces hommes qui ont taillé dans la roche les 600 marches qui mènent à ce temple perché en haut de la montagne, ils devaient avoir des bras gros comme mes cuisses ou une foi inébranlable.

Je repense quand, en grands philosophes de comptoir que nous étions, un ami me disait « nous sommes des micros poussières à l'échelle de l'univers !».

C'est ce que m'évoque Hampi, nous sommes tout petits... )

 

 

 

                Je repars d'Anjuna le 31 décembre 2010 à 6 heure du matin, en taxi, direction la gare de Margao où je doit prendre le train à 7h45, celui qui se rend à Hampi.

Arrivé à Margao une heure plus tard, je me sens un peu perdu dans la gare. Je vais prendre le train en Inde pour la première fois.

Je regarde l'ensemble des panneaux, je n'y comprend rien. Il y a déjà beaucoup de monde. Je prêtes la plus grande attention à mes affaires, me méfie de ces gars aux regards étranges. Heureusement, je ne suis plus blanc, ça m'aide, certains me prennent pour un népalais d'autres pour un de ces indiens aux yeux verts.

 Des gens dorment par terre, d'autres font la manche. Des notables, des travailleurs, quelques touristes ...

Je prend un sandwich végétarien et un jus de fruit en guise de petit déjeuner et me décide à trouver le bureau d'information pour savoir où se trouve le quai où je dois attendre.

Le train arrive, je m'installe dans un box où se mêlent places assises et couchettes. Je suis entre deux indiens, face à deux danoises, une jeune femme et sa grand-mère.

Je suis fatigué, j'ai peu dormi, je n'arrive pas à trouver une bonne position pour m'assoupir, je regarde le paysage défiler par la fenêtre, bien mieux qu'une télévision !

J'enfile mon casque, branche mon Ipod en mode aléatoire.

Des vendeurs se succèdent dans l'allée, proposant du thé, des boissons fraîches, des galettes de légumes, des samosas.

Le voyage dure 7 heures.

 

La veille de partir, j'ai reçu un message de Mylène, une québécoise que j'ai rencontré à Palolem, me disant qu'elle séjournait à la Gopi Guest House, au rez de chaussé, dernière porte à gauche.

C'est une fille très drôle, intéressante, je suis content de pouvoir la revoir.

A Hospet, sitôt sorti du train, je prend un rickshaw qui m'emmène une demie heure plus tard devant la guest-house.

Mylène est sur la terrasse, elle me dit qu'une soirée organisée par des locaux se prépare pour fêter la nouvelle année. Nous décollons vers 17 heure, une nouvelle fois en rickshaw direction la bananeraie et nous nous retrouvons un peu plus tard en pleine pampa, grimpant sur des piles de rochers pour regarder le soleil se coucher.

Nous sommes plus d'une quinzaine de voyageurs, deux japonais, Kiyomi une américaine, Xilla ( multi instrumentiste) et Asiana eux aussi américains, un couple de malentendants suédois, Jenny et Andy, elle finlandaise , lui anglais, un couple belge, le gars jouait dans un groupe, il m'explique que son batteur les a quittés pour signer avec Ghinzu, deux allemands venus séparément, un voyageur indien et bien sûr Mylène et moi.

 

Nous prenons place dans une cabane sur pilotis, tous assis en tailleur, nous allons clore ensemble cette première décennie du 21ème siècle. Exceptionnellement, nous avons le droit de boire de la bière , car à Hampi, normalement, il n'y a pas d'alcool.

Plus bas, au pied de la cabane, les indiens ont fait un feu.

Comme repas, du poulet et du riz servis dans des feuilles de bananiers que nous mangeons à la mode indienne, avec notre main droite ( la gauche étant réservé pour se ressuyer le derrière...).

Les indiens ont amené une percussion, et après que chacun ait chanté une chanson dans sa langue maternelle, nous nous retrouvons à danser comme des amérindiens en transe autour du feu.

 

                 

 

              

 

 

Le lendemain matin, les yeux encore collés, au petit déjeuner, je décide de partir visiter les temples à vélo avec Kiyomi. Elle est new-yorkaise, d'origine japonaise. Ses arrières grands parents sont venus en Californie au début du 20 eme siècle, elle se sent 100% américaine, elle est fan de Blonde Redhead, elle a tout pour plaire.

Nous louons nos bicyclettes 40 roupies et partons à l'aventure au milieu de ce paysage extraordinaire et de ces massifs rocheux.

Nous allons visiter l'ensemble des monuments dans la journée, le Lotus Mahal, l' Elephant Stable,

le Vital Temple, la Stone Car...

Le fait de pédaler sur ces routes sinueuses nous procure une grande sensation de liberté. Nous doublons des troupeaux de chèvres, évitons des vaches qui se trouvent en plein milieu de la route. Nous nous rangeons bien sur le coté gauche quand un bus, un camion ou un rickshaw nous klaxonne pour nous prévenir qu'il nous double.

Des enfants nous barrent la route, un peu comme dans les westerns, pour essayer de nous soutirer quelques roupies, ils tentent de s'accrocher à nos portes bagages.

Sur les sites, une multitude d'indiens viennent nous serrer la main, nous dire bonjour, bonne année, nous demander comment nous nous appelons, sans rien attendre en échange, juste par curiosité, par gentillesse.

A un moment nous nous retrouvons cernés par une quinzaine d'écoliers.

Nous faisons une vingtaine de kilomètres dans la journée, rentrons avant que la nuit tombe, usés mais heureux.

 

                    

 

                    

 

                    

 

                 

 

 

             Le jour suivant nous partons avec Kiyomi à l'assaut de l' Hanuman Temple, le temple des singes et ses 600 marches. Il se trouve de l'autre coté de la rivière Thungabadra, cette fois nous marchons.

 Arrivés à la rivière, nous montons dans une barque ronde faite de feuilles de palmiers tressées et recouverte d'un revêtement bitumineux. Vingt minutes plus tard, nous retrouvons la terre ferme prêts à crapahuter les quatre kilomètres qui nous séparent du temple.

Nous grimpons les marches sous un soleil de plomb, des gens devant nous se font voler les fruits qu'ils viennent d'acheter par un gang de singes.

Une fois en haut, nous ôtons nos chaussures, faisons le tour du propriétaire et prenons place sur un immense bloc de granit. Nous restons là deux heures, à échanger, nous délectant de la vue.

Pour rentrer, nous prenons un autre chemin, traversons des rizières d'un vert irréel dans ce paysage désertique, découvrant le coin où les hippies et ceux qui pratiquent l'escalade échouent.

Il y a plein de marchands en tout genre, de grandes pancartes préventives contre l'usage des stupéfiants.

Seconde journée sportive, sans boire la moindre goutte d'alcool, ça ressource!

 

 

                  

 

 

                     

 

                  

                  ( La tâche blanche, en haut, c'est le temple)

 

                    

 

 

Il ne manquait plus qu'une baignade pour que tout soit parfait, c'est ce que nous faisons le jour suivant.

Nous partons avec Andy et Jenny vers un lieu délimité par de nombreux rochers, où l'eau est fraiche, toujours en mouvement, loin des crocodiles.

Nous passons l'après-midi à nous baigner, en rentrant nous  passons par le temple central, dans Hampi Bazar, où nous sommes bénis par Lakshmi, une éléphante.

C'est dément, je me présente face à elle, lui tend un billet de 10 roupies qu'elle prend délicatement et qu'elle donne à son maître, puis elle me pose sa trompe sur la tête.

Si on m'avait dis qu'un jour je serai béni par une éléphante....

 

                     

 

                     

 

                  

                  

 

                  

                     

 

 

 

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3 juillet 2011 7 03 /07 /juillet /2011 08:37

 

 

 

 

 

( A l 'extrême sud de Goa, proche du Karnakata, se trouve un endroit magique, une plage splendide, Palolem Beach. Quand on arrive, c'est comme si l'on pénétrait dans une carte postale de rêve.

Des palmiers d'un vert vif, une multitude de huttes, reprenant toute la gamme des couleurs pastelles, violettes, jaunes, roses, bleues, se dressent comme elles peuvent sur le sable blanc, un paysage montagneux émeraude entoure cette plage arrondie offrant un panorama impressionnant et des couchers de soleil à rendre tendre le plus sadique des bourreaux, elle est belle, elle est très très belle...

Les indiens vivant chez elle sont d'une gentillesse exquise, j' adore la manière qu'ils ont de balancer la tête latéralement avec souplesse pour acquiescer, ou tout simplement exprimer un remerciement, un échange agréable. Nous, quand nous bougeons la tête d' un coté vers l 'autre c'est avec sévérité, pour dire non, d'ailleurs je n'ai jamais autant dis non qu'en Inde.

Si vous voulez vous reposer loin du tumulte et de la fête du nord de Goa, si vous voulez vous relaxer, passer un bon moment en amoureux et oublier le stress occidental, Palolem est l' endroit idéal! )

 

 

 

Je quitte Anjuna le 16 décembre.  J'ai besoin de retrouver un peu de solitude. Le prix des chambres quadruple avec l' arrivée des fêtes de fin d'année, comme Goa fut une colonie portugaise, le catholicisme y est encore très encré et les fidèles arrivent en masse pour fêter Noël, je n'ai donc plus les moyens de rester.

Je partage un taxi avec Alex, qui part à l'aéroport, jusqu'à Panjim, la capitale.

Je pensais y rester une nuit pour prendre le temps de trouver un ukulélé, ma guitare commençant à me manquer terriblement, mais une fois arrivé à la station de bus, je compris rapidement que je ne resterai pas dormir ici, je n'aime pas trop les villes en Inde, certaines sont trop sales à mon goût.   Je cherche le magasin de musique de Pedro Fernandes que j'ai repéré sur le net.

Une heure plus tard, je fais la queue pour prendre un ticket de bus pour Margao, mon nouveau jouet à la main, un ukulélé bleu Takamine.

Le bus arrive. Une sorte de steward hurle, siffle, crie « Margao » et le nom de tous les villages où le bus va passer. Je monte, m'installe à l'avant avec mes deux gros sacs qui prennent beaucoup de place dans ce car très rustique, je suis le seul étranger.

A Margao, la même scène, changement de véhicule, un autre type hurle, siffle, crie « Palolem » et tous les noms de villages où le bus va passer. Je me régale à regarder et écouter ce type qui passe ses journées entières à gueuler.

Dans les villages, le bus ne s' arrête quasiment pas, les passagers doivent le prendre en marche et presque sauter pour en sortir.

Le voyage jusqu' à Palolem me coûte la maudite somme de 70 roupies (1 euro).

 

A peine descendu du bus, des gars me sautent dessus pour me proposer une chambre:

 

« - Hey my friend! Tu cherches une chambre? Tu veux quoi, cher, pas cher?

-Pas cher !

-J' en ai pour 500 roupies !

-Je t'ai dis pas cher !

-Ok my friend, pas de problème, pour toi je te la fais à 400 roupies !

-300 !

-My friend, donne moi un peu plus, 350 !

-300 !

-Ok my friend, suis moi ! »

 

Il porte un maillot de foot avec un écusson « yin et yang » , je lui demande:

« - C'est quoi ton maillot? » lui montrant l'écusson.

« - Çà my friend, c'est que je fume trop, c'est  pour cacher les trous de boulettes ! Tu veux quelque chose ?

-Non merci. »

 

Je le suis, nous marchons le long de la plage, il tient à tout prix à porter mon sac, je pénètre dans le San Francisco Camp. Dans la première hutte qu'il me présente, il n' y a pas de ventilateur.

 

« - T'inquiètes pas my friend, je te le monte de suite.

-Non, je ne veux pas de cette chambre.

-Ok, je t'en montre une autre, mais c'est plus cher !

-Non, tu m'as dit 300, c'est 300.

-Ok, je te la fais à 300, mais tu dis pas le prix, car eux là, ils payent 500, et les russes 700.

-Marché conclu ! »

 

Je prend place dans ma cabane violette, les toilettes et la douche ne sont pas terribles mais je suis à 100 mètres de la Mer d' Oman. C'est la première fois depuis que je suis parti, que je ne dors pas dans un dortoir. Je vais rester dix jours ici.

 

                  

               ( San Francisco Camp )                                  ( Ma cabane )

 

Les premiers jours, je profite du fait de me retrouver à nouveau seul. Je lis, j'ai acheté l'Alchimiste traduit en anglais,  c'est une bonne façon pour moi de tenter  d'amadouer la langue de Shakespeare, j'écris, j'écoute de la musique, me baigne, bronze. Le soir, je sors boire un verre et me pose ensuite sur le sable pour jouer du ukulélé et fredonner mes airs préférés.

Je ne cherche pas à rencontrer des gens mais curieusement, quand on essaye de s'échapper un peu, quand on utilise des outils tels qu'un instrument de musique ou une caméra sur un trépied, ça les attire.

 

 Emmanuel, un polonais, arrive à coté de moi et a crie d'une façon enthousiaste « UKULELE!!! ». Il s'en va, revient cinq minutes plus tard en me demandant s'il peut s'assoir avec moi.

Deux chiens noirs nous rejoinent. Nous sommes sur leur territoire, ils estiment sûrement être en droit de nous réclamer des caresses. Ils s' allongent à coté de nous, se lèvent de temps en temps pour chasser d'autres chiens et les inviter à passer leur chemin.

Nous discutons de nos voyages, il a un rire bizarre, fort et aigu, je lui fais la remarque, il me dit

« I'm a traveller, I'm not ordinair », c'est ce que je retiendrai de lui, ça et le fait qu'une bonne vodka doit avoir le goût de l'eau. 

 

Le lendemain je récidive. Même endroit, Même position, un mélange de vodka et de jus de pomme pour l'inspiration à porté de main.

Cette fois-ci, de jeunes indiens viennent s'installer à mes cotés. Ils sont trois, ne parlent pas anglais. Je leur fourni des cigarettes, ils boivent dans ma bouteille et tiennent absolument à tester mon instrument bien qu'ils ne savent pas en jouer. Ils grattent les quatre cordes à vide et chantent. L'un des trois me le  redonne, je lui dis « Thank you », ils répètent tous les trois « Thank you » et rigolent. Je leur demande « comment dit-on thank you en indien », ils me répondent « comment dit-on thank you en indien ». Je suis bercé entre deux sentiments, un qui me dit que ce moment est génial, et un autre qui me dit de me méfier d'eux. Je crains qu'ils partent en courant avec mes affaires. Ils boivent encore un peu, retournent d'où ils viennent.

 

 (...)

 

 Je me prépare à participer à une « Silent Party » (ces soirées sont très appréciées dans le coin car les autorités sont sévères en matière de nuisances sonores, la musique est censée s'arrêter à 22 heure, le principe consiste à faire la fête avec un casque hifi sur la tête, je sais, c'est bizarre comme concept), je suis sur le chemin pour aller au club, sur le flanc rocailleux de la plage, lorsque je croise un vendeur de cigarette assis tranquillement devant son stand :

 

« Hello my friend » me dit-il comme tous les indiens.

« - Je n'ai besoin de rien, j'ai tout ce qu'il me faut.

-La party n'est pas encore commencée, pas avant une heure, assis-toi si tu veux en attendant.

-D'accord, merci. »

 

Il s'appelle Yeshwant, il est né à Goa, il a 24 ans, il n' a ni femme ni enfants et n' a jamais connu les joies de l'amour.

Nous nous racontons nos vies, réalisant le décalage qu'il y a entre nos quotidiens. En revanche, nos façons de penser se rejoignent sur beaucoup de points.

Il gagne 300 roupies par jour (5 euros), il aimerait un jour avoir son propre magasin. Il travaille dur. Je lui explique comment attirer des clients occidentaux, lui conseille d'oublier les phrases toutes faites employées par 95 % des commerçants de Goa, de ne pas brusquer les éventuels clients et de les accueillir comme il le fait avec moi.

Il est frustré de voir tous ces touristes russes dépenser sans compter leur argent dans l' alcool. Il les trouve froids et irrespectueux.

Peu à peu, trois de ses amis viennent s'installer à nos cotés, puis Shakar fait son apparition.

Ses cheveux sont longs, son bouc est finement taillé. Il vient d' Hampi, il a 25 ans , est marié et a trois enfants. Il vient six mois par an pour faire la saison à Palolem.

Il me dit qu'à cette époque de l'année il ne doit pas y avoir de bruit le soir pour ne pas perturber la quiétude des riches touristes. Nous philosophons.

 

« Avec l' état d'esprit que tu as, ne vas pas dans cette soirée à 500 roupies, ne fais pas comme les autres touristes, tu sais ce que cette somme représente pour nous », me dit-il.

 

Je lui réponds:

 

« Je ne veux pas prendre de casque, je veux juste y aller quelques minutes pour filmer car ce concept me parait étrange. Je n 'arrive pas à comprendre comment on peut s'amuser et communiquer avec un casque sur les oreilles, c'est un truc de fou, je ne veux surtout pas payer les 500 roupies, je veux juste observer, avec cette somme je peux dormir deux nuits! »

 

Il rigole, je les quitte après leur avoir offert une boisson à chacun, c'est un minimum si on veut créer des liens avec des indiens et tenter de les comprendre, j'arrive à la soirée.

Un gars qui fait la sécurité, un grand blond, me réclame le droit d' entrer, je lui explique que je ne veux pas de casque:

 

«- C'est un club ici ! Même sans casque, tu payes ! 

-Ta soirée est une escroquerie mec, ciao ! »

Je retourne voir mes nouveaux amis.

Je n'ai pas testé pour vous la  Silent Party !

 

 

                       

                 ( Shakar )                                           ( Yeshwant, à droite) 

 

Deux jours plus tard, j'arrive sur la plage avec mon matèriel vidéo en vue de filmer le coucher de soleil dans son intégralité.

Au moment ou j'installe mon trépied, j' aperçois une fille devant moi, elle est assise sur le sable, regarde en direction du soleil.

Je continue mon petit manège, peaufine mes réglages. Le temps que je relève la tête, elle passe à coté de moi. J'attend un peu, me retourne pour la regarder. Elle se retourne au même moment, nous faisons instantanément le geste inverse.

Elle m'intrigue. Elle est jolie, elle a un tatouage « Dalien » sur l'épaule gauche, la peau matte, des cheveux mi-longs ondulés. Je me concentre sur ma caméra car je n'ai plus que 51 minutes de charge de batterie, il est 17h19, et le soleil se couche vers 18h30, il faut que je calcule bien mon coup pour ne pas rater la fin du spectacle.

 

 

Le temps d'avoir ce raisonnement et de patienter un peu pour commencer la prise de vue, la demoiselle s'est assise derrière moi. Je ne peux m'empêcher de me retourner, il faut que j'aille lui parler mais je ne peux pas laisser mon matériel en plan.

Je me retourne à nouveau, elle n'est plus là. Elle est de retour dix minutes plus tard. Elle  me demande du feu.

Elle s'appelle Maria, elle est portugaise, elle est passionnée de yoga. Nous discutons, elle cherche une de ses amies, une fois l'avoir retrouvée elle me fait deux bises (curieusement les voyageurs ne se font pas beaucoup la bise), me dit à demain :

 

« - Peut être à ce soir !

-Tu es dans le coin ce soir ? Si tu me vois, appelle moi !

-Avec plaisir ! »

 

Je ne l'a reverrai que le lendemain, la croisant dans la rue principale:

 

« Tu fais quoi là ? » lui dis-je.

«-J'ai envie d'aller me poser à l'ombre, si ça te dis.

-J'ai juste un petit truc à faire, je te rejoins. »

 

Nous passons dans la zone « off » de Palolem, celle où les locaux vivent, celle qu'on ne voit jamais dans les cartes postales, « The Dark Side Of The Beach » où « La face cachée de la plage » selon votre convenance, je n'étais pas encore venu de ce coté.

La veille, Maria me parlait de dualité, qu'elle était présente partout, spécialement ici, je suis en train de comprendre ce qu'elle me disait à la vue de ces maisons en bois en triste état.

Nous nous posons à l'ombre d'un arbre. Elle me parle de yoga, de respiration par le nez, me demande si j'en ai déjà fait.

Je lui dis que j'ai essayé de méditer quelques fois, seul, sans enseignement, après avoir lu des livres, que je sais juste que pendant nos moments les plus heureux nous respirons toujours par le nez.

 

« -Je peux te montrer si tu veux , me dit-elle,

-J'aimerai beaucoup! »

 

Et me voici en train de prendre mon premier cour de yoga, dans l'arrière décor, au milieu des cochons sauvages, sous des arbres.

C'est surréaliste, je suis sous le charme, j' apprend à sentir l'énergie cosmique, je tiens en équilibre sur une jambe, l'autre jambe repliée , les mains jointes, en l'air, le dos droit, le regard fixe, les abdominaux tendus, je tremble un petit peu par manque d'expérience, mais je ne m'en sors pas trop mal selon les dires de ma nouvelle prof. 

Je vais rester quelques heures en sa compagnie, elle doit bientôt partir dans le nord de Goa.

 

Le soir même, autour du feu devant le San Francisco Camp, je fais la connaissance de Arnaud et Caroline, un couple de parisiens, il est professeur de lettre, elle enseigne la biologie.

Je vais passer la fin de mon séjour en leur compagnie, passant le réveillon de Noël avec eux, partageant le foie gras que ma soeur m'a offert avant de partir et une bonne bouteille de vin blanc chilien.

Ils sont très intéressants, cultivés, Arnaud joue de la guitare et chante, ça rapproche.

 

Un soir, après avoir bu le digestif sur la terrasse de leur hutte, après avoir parlé de liberté, de religion, d'histoire, de voyages, nous sommes retournés autour du feu, euphoriques.

Mon regard était perdu dans les flammes, dans l'instant présent.

Caroline essayait de m'interpeller depuis une bonne minute sans que je n' ai la moindre réaction, elle m'a fait réagir en disant:

 

« Ça y'est, on a perdu Steven ! »

 

Elle sait très bien que je me nomme Vincent, pourquoi m'a-t-elle appelé Steven, Steven qui est un ami, un personnage,  qui me manque beaucoup. Je ne l'ai pas vu depuis longtemps.

Elle aurait pu, pour s'amuser, m'appeler par n'importe quel prénom, André, Jean-Louis, Robert, mais non, elle a choisi Steven.

Je leur raconte son histoire, ils sont abasourdis.

Il y a de drôles de coïncidences dans la vie, ou pas....  

 

 

   

 

 

 

 

 

 

 

                      " Doit on se courber encore et toujours pour une ligne droite?                               

                        Prière pour trouver les grands espaces sur les parois d'une boite

                        Serait-ce un estuaire ou le bout du chemin au loin qu'on entrevoit

                        Spéciale dédicace à la flaque où on nage, ou on se noie.

                        Autour des amandiers fleurissent des mondes en sourdine

                        No pasaran sous les fourches caudines.

 

                       

 

                   A l'envers                                                          A l'endroit

 

                       

 

                   A l'envers                                                            A l'endroit

 

                           

 

                    A l' endroit                                                          A l' envers

 

                       

 

                    A l'envers                                                           A l'endroit "   

                                                     ( Noir Désir / A l'envers à l'endroit )

 

                        

 

 

                     

 

 

                     

 

 

                        

 

 

                     

 

 

                     

 

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3 juillet 2011 7 03 /07 /juillet /2011 08:34

 

 

 

 

 

 ( Si le paradis ressemble à cette région, je signe de suite. A peine arrivé, on comprend immédiatement pourquoi les hippies des 70's sont venus se perdre à Anjuna et pourquoi certains n'ont jamais pu quitter cette plage magnifique.

Qu'il est bon de s'y prélasser, de ne rien faire, la peau caressée par le soleil, affalé sur un transat, un jus de fruit pressé à porté de main ou sirotant le lait d'une noix de coco ouverte sous vos yeux, balançant la tête d'avant en arrière au rythme des beats, regardant, le sourire aux lèvres, les fesses parfaites d'une jeune femme tatouée aux dread locks blondes, attendant le coucher du soleil, se renseignant dans quel club se déroulera la « party » du soir.

Même si l'époque des célèbres raves de Goa est révolue, Anjuna respire la « trance music », en bonne intelligence les nombreux clubs qui bordent la plage se partage le bifteck, un soir chez l'un, le lendemain chez l'autre et ainsi de suite. A 4 heure du matin au plus tard, extinction des feux, plus de musique, plus de bruit, seuls les hurlements des  chiens persistent...)

 

 

 

Je pars de Bombay le mardi 7 décembre a  22 heure.

Raj, le patron d'Anjali Inn, m'a réservé un bus en couchette pour rallier Anjuna ( 850 roupies soit environ 15 euros pour faire 500 kilomètres ). A ma grande surprise, en rentrant dans le bus, je me rend compte qu'une couchette se partage à deux. Je passe 14 heures, dans un état fiévreux ( j'ai mangé quelque chose au temple qui n'est pas passé, sûrement le lait au gingembre ), accolé à un indien pesant presque deux fois mon poids qui ronfle et tire la couverture à lui.

Avant qu'il ne m'adresse la parole, je le haïssais ! Maintenant, je le trouve plutôt sympathique. Il m'indique où descendre, à Mapusa.


 Une foule de chauffeurs de taxi et de rickshaws me prend d'assaut, je choisi le moins collant et prépaye la course 200 roupies.

Je repense, en mode « petit scarabée », en  mode flash-back de film de kung-fu, quand Raj m'a tendu une carte et dit :


« Va à l' Evershine Guest House, tu seras bien accueilli par Sébastiana, c'est 300 roupies la nuit! »

Je sors ma carte, me renseigne et me retrouve rapidement face à elle. Sa voix est douce, elle semble calme, sereine. Sebastiana me présente l'ensemble des voyageurs, se souvenant du prénom et de l'origine de chacun. Elle me montre mon lit.

 

Je passe l'après-midi et la nuit à dormir sans ingurgiter la moindre nourriture, me gavant de paracétamol et de cachets contre la diarrhée. Le lendemain matin, je me réveille en pleine forme, prêt pour une  journée découverte, pour un premier bain de soleil.

 

C'est à l'heure de l'apéro que je fais connaissance avec l'ensemble des voyageurs de l'auberge.

 Kevin, le français, qui voyage depuis deux ans, un gars vraiment sympathique, Chris, Ilina, deux londoniens venus chacun de leur coté, Elena, le charme brésilien incarné, toujours en train de parler, très tactile, Patricia Uma Thurman, une hollandaise qui ressemble  à l' actrice, Andres, l' argentin, un mec zen, tatoué, fan de foot, Jordan, un américain d'origine argentine, avec un accent incompréhensible, qui fait son yoga tous les matins et Alex un roumain qui vit au Canada.

 Nous allons rester ensemble jusqu'à ce que chacun parte vers une autre destination. Nous avons tous le point commun d'aimer faire la fête.

 

Nous sortons au Curlies où une soirée trance nous attend. A voir danser ces gens, j'ai l'impression que tous les  tranceux  du monde se sont donnés rendez-vous. Nous dansons tous de la même façon, montés sur ressorts, comme une tribu faisant la marche du guerrier.  A  voir danser  les indiens, je comprends pourquoi cette musique vient d'ici.

Après la fermeture, je rentre à pied avec Patricia. Une chienne nous escorte tout le long du trajet, éloignant les chiens de mauvaise augure. Elle s'est donnée pour mission de nous protéger. Arrivés à l' hôtel, elle s'assoit, nous regarde et fait demi-tour pour rentrer chez elle. Nous la baptisons Shining.

Nous la retrouverons le lendemain sur la plage, au pied de notre transat...

 

 

 

Mis à part une journée où nous avons emmanché nos scooters pour défier la route ( Easy Rider ! Rouler à gauche, sans casque, au milieu de ces « fous », ça c'est la liberté !), notre quotidien reste le même:

 

  • Levage vers 9h00, toilette.

  • Direction plage pour petit déjeuner.

  • Bullage à la plage toute la journée, déjeuner à la plage.

  • Dansage sur transat.

  • Matage des filles, des vaches allongées sur le sable qui viennent voler nos restes de fruits. Discutage, faisage de connaissance, disage de « non » en permanence aux vendeuses de colliers, de tentures, aux masseurs, aux nettoyeurs d'oreilles. Bronzage, baignage et ingurgitage de boissons...

  • Jouage au foot tous les soirs à 18h. Foutage de branlées aux indiens avec notre équipe internationale.

  • Buvage de l'apéro sur la terrasse de l'auberge. Cuba libre! Une bouteille de rhum coûtant 160 roupies soit 2,5 euros.

  • Douchage, changeage de vêtements.

  • Sortage pour manger et faisage de fête.

  • Rentrage bourré.

 

Vous comprendrez que la vie est très très dure ici. En revanche, pour la créativité et l'inspiration, c'est pas ce qui se fait de mieux. J'écris moins, je ne lis pas, faut que j'aille acheter un ukulélé si je ne veux pas ramollir.

Ce n'est pas ici que je vais trouver des anecdotes croustillantes à raconter, mais je me sens bien, je me laisse aller au rythme local, j'emmagasine de l'énergie.

Je suis ici depuis plus d'une semaine, je vais aller dans le sud de Goa, histoire de bouger un peu et de provoquer les choses. Je reviendrai juste après Noël, le 27 décembre pour le Sunburn Festival, avec la crème mondiale des DJ's. Un festival trance à Goa, c'est cadeau !

Je vais faire chauffer la caméra ! A bientôt!

 

 

               

 

                  

               

                  

 

               

J'ai beaucoup réfléchi en regardant les vaches d'Anjuna, me demandant s'il valait mieux être une vache qui mange de l'herbe fraîche dans un beau pâturage à Bazas, attendant sans le savoir l'abattoir ou être une vache indienne qui ne connaîtra jamais le bon goût de la chlorophylle, qui mange les restes des humains, dort sur la route, mais qui voit l' océan tous les jours et profite de la plage, et qui est promise à une mort naturelle ou presque...

Je n'ai toujours pas de réponse...   

 

                  

 

                     

                  

                     

 

                     

 

                     

 

 

 

 

 



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3 juillet 2011 7 03 /07 /juillet /2011 08:28

 

 

 

 

 ( Un tantinet schizophrène, Bombay est tiraillée entre  sa personnalité spirituelle et celle moderne.

Elle est sale, pauvre et riche à la fois, elle est excessive et insupportable, mais ça lui donne un charme fou.

Il faut voir sous son maquillage car sa beauté est intérieure, quand à ce qu'il se passe dans sa tête, c' est  fascinant !

" T'es pas canon-canon mais t'es vraiment pas mal ! " ) 

 

 

               Sorti de l'avion, le contrôle de l' immigration se fait rapidement. La file d'attente est importante. Une bonne vingtaine de policiers sont assis dans leur box, posent une question à chaque arrivant.

Je prends la direction du hall de sorti. J'ai assuré mes arrières en réservant ma chambre à l'avance, un chauffeur m'attend avec une pancarte sur laquelle est écrit mon nom au marqueur bleu.

Avant de partir, j'ai recueilli pas mal de témoignages, " il faut vachement s' méfier, en arrivant aux aéroports des grandes villes, des gars qui essayent de t'embobiner, des chauffeurs de taxi qui font faire trois fois le tour de la ville avant de te dire que l' hôtel, réservé trois mois plus tôt, est complet afin de te conduire dans un endroit où ils auront leur commission" .

Il parrait que c'est le problème le plus agréable qui puisse nous arriver à l' arrivée. Mieux vaut ne pas en avoir !   

Le gars qui est venu me chercher est tout jeune. Petit, mince, une fine moustache montre qu'il n'est plus un enfant. Un autre, un peu plus grand mais guère plus vieux, arrive avec la voiture du patron...

... Raj, avec sa tête de gentil, m'accueille en me mettant la main sur l'épaule. Il me fait visiter la chambre à trois lits superposés :

 

                 " - Souffle un peu, assied toi. Cool mec... tu veux un thé ? " 

 

Je suis à l'Anjali Inn dans l'auberge de Bombay la mieux  notée sur Hostelword.com.

Je comprends rapidement pourquoi. Que des jeunes voyageurs. L'endroit est stratégique, les uns viennent ici après des semaines ou des mois passés en Inde, prêts à partir, les autres débarquent. J'aime me dire que l'ambiance est digne des 70's. 

 

Le lendemain, je fais ma première sortie. Je marche un moment avant de trouver un ATM où je puisse retirer des roupies, je cherche un supermarché, un endroit où manger.

 Je me faufile au milieu des indiens, zigzague pour  éviter de marcher sur quelqu'un  allongé par terre ou sur un autre réparant une voiture qui semble irréparable, ou encore sur une femme accroupie faisant son tri sélectif

Pour traverser une route, c'est la guerre, la corrida !

Quand vous vous lancez, il faut être sûr, ne pas trop réfléchir, savoir courir et se déhancher en même temps pour éviter l' assaut des bêtes qui klaxonnent et qui n'ont pas l'intention de s'arrêter.

Des scènes de vie violentes, burlesques voir même coquasses, viennent flirter avec vos émotions, nouent votre estomac, vous pinçent le coeur. Cà fait du bien, çà vous remet en place illico !

Je conseille un stage de quelques jours à toutes les personnes qui se plaignent tous le temps. Quand vous voyez deux vaches allongées qui dorment sur un trottoir ou un ouvrier travailler un énorme tas de glaise pour en faire une maison,  ça change une vie !

 

 

                  

                  

               ( A coté de Anjali Inn )

 

 

          

              Le lendemain, je pars le matin vers Colaba, le quartier touristique. J'ai envie de déménager mes affaires pour dormir dans le centre ville mais Raj me le déconseille :


              " Vas d'abord voir sans tes affaires ! Repère les hôtels, visite les chambres et si tu trouves quelque chose qui te convient, vas-y demain matin. C'est sûr y'en a des pas chères, mais ça pue un peu et c'est pas l'éclate. "


Il a entièrement raison, je vais rester à Anjali Inn même si c'est à vingt-cinq kilomètres du centre.

 

Je prends un taxi, un petit sac à dos cadenassé sur les épaules, prêt à prendre des images.

Il me faut plus d'une heure de route pour arriver. Je passe au milieu d'énormes bidonvilles. Des gens ont élu pour domicile les bas cotés de la 2x4 voies qui est en réalité une 2x6 voies tellement la circulation est une zizanie. Des constructions de bâches bleues et de plaques ondulées s'empilent les unes à coté des autres. Le chauffeur me dépose en face de la Gate of India.

 

 Je deviens une cible légitime pour les gens plus que pauvres qui mettraient plus de deux ans pour pouvoir acheter les mêmes chaussures que moi.

Une femme, un enfant dans les bras, vient me demander non pas des roupies mais juste du riz. Je lui dis " non", " tu n'aimes pas les pauvres aide moi " insiste-t'elle, je rajoute, sans m'en rendre compte, un "je ne peux pas t'aider " d'une incroyable hypocrisie. Je pourrai l'aider, mais à ce moment précis, je ne le veux pas. Sûrement trop absorbé par la ville, trop sur mes gardes, trop dans ma bulle.  

Deux autres femmes me réclament du riz. Un vieillard veut savoir d'où je viens, me parle de son cancer pour me demander l'aumône. Un autre gars me suis, me tiens la conversation pendant  plus de quarante minutes, me fait répéter cinq fois mon prénom. Il me propose de devenir mon guide, de me réserver mes billets de train, d'hôtel. Beaucoup de gens tendent la main, vendent des cartes postales.

Finalement, c'est à un jeune cireur de chaussure que je donne un peu d'argent.

 

Je suis au milieu du Hanging Garden, je regarde les parties de cricket. Un gamin vient s'asseoir à coté de moi. Il voit de suite qu'il ne cirera pas mes baskets.

Il vient de Jaïpur, il vit seul, il a treize ans. On lui avait promis du travail qu'il n'a jamais eu. Il a un sac en plastique troué, une vieille brosse et du cirage comme seuls outils de travail. Il lui faut une boite, une vrai boite à cirer sur laquelle ses clients pourraient poser leurs pieds confortablement,

 

" - Elle coûte  1500 roupies ! me dit-il,

    tu pourrais pas m'en acheter une ? S'il te plait, s'il te plait ?

- Non, c'est beaucoup d'argent.

- Mais pour toi, non !

- Tu sais en France je ne suis pas un riche, 25 euros, ça fait une somme !

- Donne moi ce que tu veux alors !

- Ok, t'es marrant, tiens ! "

 

Il reste à coté de moi, me pose plein de questions, me raconte sa vie, j'ai l'impression d'être avec le petit  Jamal.

Deux adolescentes russes m' ayant vu avec un Lonely Planet dans les mains viennent me demander  leur chemin.  " Tu vas voir l'église de la reine Victoria, elle à deux pas  ? "

  J'analyse leurs appareils dentaire et leur dis " J'ai pas trop envie de visiter une église, merci ".


" Mais t'es fou! Suis les, elles t'on invité ! " me dit mon nouveau copain.

" - Trop jeunes mon amie !

  - Elles ne demandent que ça !

  - Vas leur faire faire la visite toi !

  -  J' y vais  !"

Il part en courant rejoindre les lycéennes. 

 

 

                 

              ( Gate of India )

 

                 

                                                         ( Interdit de jouer de la trompette! )

                 

                                                            ( Le corbeau est roi à Bombay! )

                 

 

                 

 

              

(Effectivement, seuls les humains sont capables d'apprécier la beauté de la nature)

 

                 

 

              

 

 

 

              Dimanche. Il me faut la journée pour me remettre de cette longue marche citadine. Je ne fait rien à part sortir manger avec Ewan et Lisa, deux américains. Je discute pendant des heures avec Nick, un londonien haut en couleur. Une épaisse barbe lui cache la moitié du visage, ses yeux sont pétillants. Il a toujours à proximité de lui un très beau cahier sur lequel il écrit et dessine tous ce qu'il voit, tous ce qu'il ressent.

Nous sommes sur la même longueur d'onde.

Raj nous propose de venir lundi avec lui au temple où il a promis fidélité à Shiva. C'est l'anti-temple touristique, "THUNGA ARISHWER ", il se situe au nord de Bombay, dans les montagnes, près de Vasai.

 

Nous nous réveillons vers 5 heure du matin pour partir à 6 heure. Nous voyons le jour se lever à mi route, au moment où nous nous arrêtons pour boire un tchaé au bord de la route. Nick et moi nous émerveillons devant de simples vaches, fascinés par l'habitude qu'elles ont de marcher au milieu des camions, elles n'ont pas peur. Elles sont sacrés !

 

Après deux heures de route nous arrivons en bas de la montagne. Nous montons dans un rickshaw qui nous promènera toute la journée sur des sentiers pentus et caillouteux. Les manèges à sensation des fêtes foraines peuvent se rasseoir, je sens mon estomac bouger, je suis remplie d'adrénaline. Nous sautons du tuk tuk de temps en temps pour laisser le chauffeur gravir des cols minés de pierres car avec ces 240 kilos de chair fraîche à l'arrière et un chauffeur dépassant le quintal, le tricycle a parfois tendance à caler.

Nous arrivons au temple. Raj nous laisse pour pouvoir régler ses affaires spirituelles. Un vieil homme aux cheveux longs nous attrape gentiment, nous pose sur le front un hom , une tâche rouge et une autre jaune , il  nous demande de le suivre.

 

Nous sommes les seuls blancs becs, les seuls à ne pas être initiés. Raj nous a rapidement formé dans la voiture," Il faut que vous disiez Hari Hom  avec les paumes des mains jointes ". Nous suivons le vieil homme, il nous fait traverser le temple, nous touchons des fleurs, embrassons nos doigts. Nous nous asseyons en tailleur, "Hari Hom", nous croisons quelqu'un, "Hari Hom", nous entrons dans une autre pièce, "Hari Hom", nous sortons, "Hari Hom", nous payons "Hari Hom" ...  

 

Il doit y avoir une cinquantaine d'adultes,  nous ne communiquons qu' en disant "Hari Hom".

"Y' a besoin de rien d'autre, s'exclame Nick, ces deux mots se suffisent à eux-mêmes. Certains le chante, t'as juste besoin de dire ça pour que les gens t'invitent à rester chez eux, c'est fou, c'est pas compliqué ! "

 

Raj nous conduit ensuite dans un ashram, un endroit consacré à la méditation, vers des points où la vue panoramique est fantastique. Il nous  présente des hommes d'une soixantaine d'années aux  dread locks grises qui fument le chilum, "Hari Hom!" "Boom Shiva",  nous laisse nous reposer deux ou trois heures au bord d'une piscine naturelle.  

"- C'est quoi Raj ces petites bêtes qui flottent?

 - Ce sont des insectes d'eau fraîche, vas-y sans réfléchir , elles sont saines ! "

Pour finir ils nous mène face à un jeune homme qui commence tout juste sa vie de sadou.

 

 

Cette journée  fut  merveilleuse. Quand je vois la qualité de vie qu'ont ces hommes qui vivent perchés sur la montagne. Ils ne consacrent leur temps qu' à chercher de quoi se nourrir, qu' à regarder la nature. Ce n'était pas un rêve c'était bien réel !

Le temps s'est arrêté...


 

 

                

 

                

 

             

( Le seul moment "musical" que j'ai vécu pendant cette période, une transe méditative, imaginez celà pendant une vingtaine de minutes avec des chiens qui hurlent, des cris, j'ai filmé le plus discrètement possible, avec mon appareil photo, pour éviter d'offenser ces gens )  

 

                

 

                

 

             

 

 

 Une chose qui me laisse perplexe. Comment des gens aussi élevés spirituellement peuvent-ils laisser par terre autant d'ordures ?

 

Il n'est pas rare de trouver, même dans des lieux naturels magnifiques, des fossés infestés de détritus. Ca fait mal.

C'est le propre de l' homme que de pourrir tous ce qui l'entoure, aussi sage soit-il... 

J' ai ramené des montagnes un souvenir que mon corps n'oubliera pas d'aussi tôt, une bonne vieille tourista !

 

ENJOY INDIA !

  

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3 juillet 2011 7 03 /07 /juillet /2011 08:26

 

 

 

 

 Lundi 29 Novembre 2010 :

 

                        - 19h05 : Départ de l' hôtel en minibus direction l'aéroport.

                        - 20h38 : Arrivée à l'aéroport après avoir affronté les bouchons stanboulites.

                        - 20h41 : Contrôle des bagages à l'entrée de l'aéroport.

                        - 21h05 : Connexion au WIFI public gratuit de l'aéroport et achat d'une boisson énergétique à 6 Liras.

                        - 21h43 : Devant l'aéroport. Je fume une cigarette. Deux petites filles jouent sur une marelle invisible lançant un paquet de mouchoir en guise de caillou sur le dallage en granit anthracite.

                        - 21h47 : Re-cigarette, j'emmagasine un maximum de nicotine avant l'enregistrement des bagages.

                        - 22h05 : Re-contrôle des bagages.

                        - 22h18 : Je me présente pour enregistrer mes bagages avec mon numéro de réservation.

                        - 22h26 : Après quelques recherches le gars qui s'occupe de moi ne me trouve pas sur la liste des passagers.

                        - 22h42 : Le même type m'explique que j'ai réservé mon avion pour le 30/12 et non pour le 30/11, je vérifie mon mail de confirmation, c'est le cas, le prochain vol est le 2/12 à la même heure soit 48 heures plus tard, mon projet "24 heures chrono" tombe à l'eau.

 

J'ai l'impression d'être Nicky Larson qui vient de se faire fracasser la tête par Laura avec une massue de deux tonnes. Je prends une demie heure pour réfléchir, reviens vers le type et lui confirme qu'on échange les billets.

 


 

              Quand j'ai commencé à écrire cet article je me disais qu'il fallait 24 heures pour aller de l'Orient Hostel d'Istanbul à Mumbai, en comptant l'heure du dernier minibus qui pouvait m'emmener à l'aéroport, l' heure de départ de l'avion, l'escale à Sharjah  ( quand on veut économiser, les escales sont un prix à payer ), le décalage horaire,  je trouvais intéressant de l'écrire  dans le ton de la série, en temps réel, avec des heures précises, j'aurai presque aimé qu'on puisse le  voir être  tapé en direct.

 

Ca, c'était avant 22h42, car à cette heure précise le projet nécessitait de changer de titre et de s'appeler "72 heures Chrono".

Jack Bauer a le temps de sauver trois fois le monde pendant ce laps de temps, moi, je rallie  Istanbul à Mumbai. Classe le mec, je suis l' anti Jack Bauer!

 

Comment je fais pour ne pas péter les plombs ?

 

Je prends sur moi, cette situation n'est due qu'à mon sens de l'étourderie légendaire. Je me mets en tête un système de décompte de l' heure pour voir le moment fatidique approcher.

Un album de musique dure en moyenne 1 heure, donc il me faudra avoir écouté 72 albums avant d'arriver à Mumbai, moins les heures de sommeil et les heures de trajet en avion, j'enlève environ 21 albums, moins les repas, j'en soustrais 6, moins les moments où je filme, écris ou joue avec mon téléphone sur le trône, je peux en ôter 7.

Ce qui nous fait un total de 38 albums.

 

 J' écoute l'intégrale de David Bowie, celui des Pink Floyd, du Radiohead, du Sonic Youth, du Noir Désir, un album de Diabologum, un autre de José Gonzalez, de Blond Redhead, des Cure, d'Archive, des Kills, de Novlang, de Silent Crash, de Call Gate, de  Mogwai, de Portishead, de Kings of Leon, de Saez, des Queens of The Stone Age, de Gainsbourg et même un best of de Léo Ferret, avant de poser un pied sur le sol indien.

 

 " Allez plus que 37... plus que 22...plus que 10... plus que...."

 

Finalement j'ai bien vécu  cette expérience  :"Il y a pire dans la vie que d'écouter de la musique pendant trois jours.

 

Je suis donc à Mumbai, je peux m' adonner au sport national mumbayien, le "traversage" de route au milieu d'une quinzaine de voitures, de rickshaws, de motos et de  vélos qui ne s' arrêtent pas. Je contemple les vaches qui dorment sur le  trottoir.


 

 

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