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2 décembre 2011 5 02 /12 /décembre /2011 14:18

 

 

 

 

C'est reparti, à peine deux nuits passées à Foz de Iguaçu que nous plions déjà bagage. Awatef est toute fraiche, elle vient juste de commencer son voyage, elle veut donc en voir un maximum alors que j'aurai plutôt tendance à prendre mon temps et à glander un peu. Elle met le rythme, je joue l' expérience .

Pour des raisons financières j'aimerai rallier au plus vite la Bolivie, moins je dépenserai plus je repousserai la fin de mon voyage. Nous nous décidons d'aller à Asunción, la capitale paraguayenne. Pour cela, il nous faut d'abord nous rendre à Ciudad Del Este, de l'autre coté de la frontière brésilienne.

Nous prenons un bus local pour quelques centimes d'euro, nous arrêtons à la douane brésilienne pour signaler notre sortie du territoire. Foz de Iguaçu et Ciudad del Este ne sont séparées que par un pont. Nous avons entendu dire que la traversée de cet ouvrage est dangereuse, que l'on peut tomber sur des personnes mal intentionnées. J'ai tendance à me méfier des  on dit , je demande à la douanière si c'est le cas, elle nous dit que nous pouvons le faire sans soucis.

Nous prenons ce soit disant risque inconsidéré, notre cœur bat un peu plus vite que d'habitude mais effectivement, elle avait raison. Nous obtenons notre visa paraguayen ( gratuit, 90 jours ) et pénétrons dans Ciudad del Este.

Nous nous renseignons pour savoir quel bus prendre pour aller à la gare routière mais finalement après une dure négociation menée par Awa nous nous y rendons en taxi.

 

A peine dans le terminal, nous nous faisons avoir comme des bleus. En cherchant une agence, des types nous interpellent : « Asunción, Asunción, départ immédiat, Asunción, départ immédiat »; orientés par un des rabatteurs, nous nous pressons d'acheter nos billets. Le guichetier nous dit finalement de prendre notre temps car nous ne partirons que dans une heure et demie...

Nous n'avons pas fait jouer la concurrence pour obtenir le plus bas prix, mais vu l'état de notre futur bus, nous sommes convaincus de voyager low cost .

 

Les sept heures de trajet sont animées, à chaque arrêts, des personnes montent dans le bus pour vendre des boissons ou des empanadas, nous avons le droit à de la musique de première qualité, de la bonne vieille dance music à la sauce sud américaine... Coté fenêtre, le paysage est un peu plus chaotique que ceux que nous avons vus ces derniers temps. A la campagne, les gens vivent un peu à l'arrache, à cent mille lieues de notre petit confort occidental, à la fraiche, les hommes des villages se rassemblent autour d'un filet de voley pour jouer au tennis-ballon, nous nous faisons la réflexion :

 

«- Ça m'fait un peu penser à l' Inde .

-Ouai, t'as raison, c'est tout sauf ordonné.

-C'est clair, je suis contente de retrouver une telle ambiance ! »

 

Nous arrivons dans la capitale, sortons de la gare, négocions un taxi, pénétrons dans l' Asunción Hostel. Un jeune homme, environ vingt cinq ans, la barbe de quelques jours, le sourire jusqu'aux oreilles nous ouvre la porte. Passé derrière le comptoir de la réception, il bouge au rythme de Pony Pony Run Run, « j'adore cette musique ! » nous dit-il.

Nous entrons dans notre dortoir à 6 euros la nuit, prenons nos marques, visitons la grande salle de séjour ornée d'un canapé et d'un écran plat, d'un ordinateur commun, de quelques tables, passons sur la terrasse ombragée.

Nous allons nous restaurer au Pub Britania, à deux blocs de notre hostel. Un paraguayen et un argentin vont venir, chacun de leur coté, s'assoir avec nous. Le premier, Antonio, est attiré par mes Dunhill, il veut que je lui échange contre ses cigarettes locales, chose que j'accepte, il est marrant, très curieux; le second, dont je ne connais le nom, est lui captivé par Awa, il n'aime ni l'Argentine ni Cuba où il vivait ces dernières années, et d'après ses dires, sa mère est une sorcière. Ces deux gars ont envie de communiquer, ils ont pioché les bonnes personnes.

 

Nous pensions avoir ce grand dortoir pour nous seuls, c'était sans compter l'arrivée d'un trio d'auto-stoppeurs polonais, de drôles de personnages qui voyagent autour du monde, nous les accueillons avec plaisir.

 

Le lendemain, notre dernier jour au Paraguay, nous passons notre après-midi à planifier la suite :

 

« J'aimerai quand même aller en Argentine » me dit Awa.

«-J' peux pas passer à coté .

-J' peux comprendre, le truc, c'est que çà va nous faire faire un gros détour pour gagner la Bolivie.

-Si c'est trop compliqué on zappe, mais...

-Ce n'est pas si compliqué, faut qu'on regarde une carte. »

 

Pendant ce temps, un geek argentin qui squatte l'ordinateur collectif 15 heures sur 24 nous montre des photos du nord de l' Argentine, de Santiago del Estero, de Tucumàn, de Salta …

 

«-C'est vrai, çà claque ! Çà a l'air magnifique, t'as p't'être raison, çà doit valoir le coup .

-Ouai, c'est trop joli !

-Donc, pour bien faire, il faut qu'on prenne un bus pour Corrientes et de là, qu'on en reprenne un pour Santiago del Estero. Par contre, j'ai entendu dire qu'il n'y a rien à faire à Corrientes...

-Dans ce cas là, on fait le trajet d'une traite.

-Pourquoi pas, çà va nous prendre vingt quatre heures, par contre, faudra qu'on se pose un peu quand on arrivera dans le nord de l'Argentine, parce que depuis que je suis arrivé en Amérique du Sud, j'ai enchainé une soixantaine d'heures de bus.

-Ok, on peut se poser une semaine dans le coin qui nous plaira le plus.

-Vendu ! Attend, je regarde les horaires de bus....y' en a un qui part demain à 10h30. »

 

Un soleil de plomb s'abat sur Asuncion, nous ne sortons que pour faire quelques provisions. Nous sommes dimanche presque tout est fermé. Sur le chemin, nous passons à coté d'une place qu'une centaine de familles plus que pauvres a élu pour domicile. Elles vivent dans des tentes construites avec des matériaux de récupération tels que des bâches plastiques, du carton. Nous sommes stupéfaits de voir une telle scène au cœur d'une capitale. C'est pour cette raison que je ne prendrai ni photos ni vidéos, je n'ai pas envie d'exhiber nos signes extérieurs de richesses par respect pour ces gens.

 

Le lendemain matin, au réveil, nous nous apercevons que nos trois polonais ont découché. Nous passons dans la salle à manger pour prendre notre petit déjeuner. Rien est prêt, de la musique et des cris raisonnent, ils viennent de la terrasse, nous sortons, et là, nous voyons le geek argentin, nos trois agents de l'est et les deux paraguayens qui gèrent l' hostel qui picolent et chantent encore, il est huit heure et demi.

 

« Hey hola, vous voulez boire un coup !? » nous dit un des paraguayens en langage bourré,

«-Non non ! Non merci ! Y'a possibilité de déjeuner ?

-Ba oui, dis moi ce que tu veux, vous pouvez manger tout ce que vous voulez, dites moi, tout ce que vous voulez, mangez vous pouvez, tout ce que vous voulez, dites moi. »

 

Il se lève de sa chaise, part dans la cuisine en titubant :

 

«-Tu veux du pain ? 

-Oui..

-Tu veux du beurre ?

-Oui...

-Tu veux de la confiture ?

-Oui...

-Du café ?

-Oui...

-Du jambon ?

-Oui.. »

 

Il sort tout ce qu'il y a dans le frigo, jetant les provisions sur la table de la cuisine.

 

«-Si t'as besoin de queq'chose, tu me dis, hein tu me dis hein ? Si t'as besoin de quequ'chose...

-J'aurai besoin que tu nous appelles un taxi tout à l'heure.

-Pas de problème, si t'as besoin de quequ'chose tu me dis, hein, tu me dis ?

-Ok »

 

Nous déjeunons au rythme de Daft Punk, sortons de temps en temps sur la terrasse pour nous nourrir de cet atmosphère de gens bourrés, c'est hilarant de voir un tel moment de vie quand on est pas soit même saoul, spécialement un matin, au petit déjeuner. C'est l' bordel, çà trinque dans tous les sens, tous le monde se charrie.

 

«-Tu peux appeler un taxi s'il te plait?

-Tout de suite ? Le taxi, arrive en cinq minutes, si t'as besoin tu me dis, je t'ai dis hein, si t'as besoin, tu me dis hein ?

-Je repasse te voir dans vingt minutes. »

 

Vingt minutes plus tard, je retourne le voir, il s'est endormi sur sa chaise pendant que les autres continuent de boire, je le réveille doucement :

 

«- S'il te plait, hey, s'il te plait ( je le tapote avec le bout du doigt ).

-Hein ( il sursaute ) ?!!!

-Tu peux m'appeler un taxi s'il te plait ?

-Tu veux pas rester une nuit de plus ?!!

-J'ai besoin de toi là …

-Si t'as besoin de moi, ok (il se lève d'un seul coup manquant de tomber ) ! je t'ai dit , si t'as besoin tu me dis, si t'as besoin ! »

 

Il marche comme il peut jusqu'à la réception, peine à ouvrir les yeux pour trouver et composer le numéro.

Le taxi arrive, il nous sert dans ses bras :

 

«-Merci beaucoup d'être venus !

-Merci à toi pour l'accueil, vous êtes géniaux, on a passé un super moment avec vous !

-Parlez en autour de vous !

-Promis !

-Ciao !

-Ciao ! »

 

Si vous allez à Asuncion et que vous séjournez dans des auberges de jeunesse, filez dés votre arrivée à l'Asuncion Hostel, vous allez rire beaucoup !!!

 

 

 

 

 

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