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3 juillet 2011 7 03 /07 /juillet /2011 08:28

 

 

 

 

 ( Un tantinet schizophrène, Bombay est tiraillée entre  sa personnalité spirituelle et celle moderne.

Elle est sale, pauvre et riche à la fois, elle est excessive et insupportable, mais ça lui donne un charme fou.

Il faut voir sous son maquillage car sa beauté est intérieure, quand à ce qu'il se passe dans sa tête, c' est  fascinant !

" T'es pas canon-canon mais t'es vraiment pas mal ! " ) 

 

 

               Sorti de l'avion, le contrôle de l' immigration se fait rapidement. La file d'attente est importante. Une bonne vingtaine de policiers sont assis dans leur box, posent une question à chaque arrivant.

Je prends la direction du hall de sorti. J'ai assuré mes arrières en réservant ma chambre à l'avance, un chauffeur m'attend avec une pancarte sur laquelle est écrit mon nom au marqueur bleu.

Avant de partir, j'ai recueilli pas mal de témoignages, " il faut vachement s' méfier, en arrivant aux aéroports des grandes villes, des gars qui essayent de t'embobiner, des chauffeurs de taxi qui font faire trois fois le tour de la ville avant de te dire que l' hôtel, réservé trois mois plus tôt, est complet afin de te conduire dans un endroit où ils auront leur commission" .

Il parrait que c'est le problème le plus agréable qui puisse nous arriver à l' arrivée. Mieux vaut ne pas en avoir !   

Le gars qui est venu me chercher est tout jeune. Petit, mince, une fine moustache montre qu'il n'est plus un enfant. Un autre, un peu plus grand mais guère plus vieux, arrive avec la voiture du patron...

... Raj, avec sa tête de gentil, m'accueille en me mettant la main sur l'épaule. Il me fait visiter la chambre à trois lits superposés :

 

                 " - Souffle un peu, assied toi. Cool mec... tu veux un thé ? " 

 

Je suis à l'Anjali Inn dans l'auberge de Bombay la mieux  notée sur Hostelword.com.

Je comprends rapidement pourquoi. Que des jeunes voyageurs. L'endroit est stratégique, les uns viennent ici après des semaines ou des mois passés en Inde, prêts à partir, les autres débarquent. J'aime me dire que l'ambiance est digne des 70's. 

 

Le lendemain, je fais ma première sortie. Je marche un moment avant de trouver un ATM où je puisse retirer des roupies, je cherche un supermarché, un endroit où manger.

 Je me faufile au milieu des indiens, zigzague pour  éviter de marcher sur quelqu'un  allongé par terre ou sur un autre réparant une voiture qui semble irréparable, ou encore sur une femme accroupie faisant son tri sélectif

Pour traverser une route, c'est la guerre, la corrida !

Quand vous vous lancez, il faut être sûr, ne pas trop réfléchir, savoir courir et se déhancher en même temps pour éviter l' assaut des bêtes qui klaxonnent et qui n'ont pas l'intention de s'arrêter.

Des scènes de vie violentes, burlesques voir même coquasses, viennent flirter avec vos émotions, nouent votre estomac, vous pinçent le coeur. Cà fait du bien, çà vous remet en place illico !

Je conseille un stage de quelques jours à toutes les personnes qui se plaignent tous le temps. Quand vous voyez deux vaches allongées qui dorment sur un trottoir ou un ouvrier travailler un énorme tas de glaise pour en faire une maison,  ça change une vie !

 

 

                  

                  

               ( A coté de Anjali Inn )

 

 

          

              Le lendemain, je pars le matin vers Colaba, le quartier touristique. J'ai envie de déménager mes affaires pour dormir dans le centre ville mais Raj me le déconseille :


              " Vas d'abord voir sans tes affaires ! Repère les hôtels, visite les chambres et si tu trouves quelque chose qui te convient, vas-y demain matin. C'est sûr y'en a des pas chères, mais ça pue un peu et c'est pas l'éclate. "


Il a entièrement raison, je vais rester à Anjali Inn même si c'est à vingt-cinq kilomètres du centre.

 

Je prends un taxi, un petit sac à dos cadenassé sur les épaules, prêt à prendre des images.

Il me faut plus d'une heure de route pour arriver. Je passe au milieu d'énormes bidonvilles. Des gens ont élu pour domicile les bas cotés de la 2x4 voies qui est en réalité une 2x6 voies tellement la circulation est une zizanie. Des constructions de bâches bleues et de plaques ondulées s'empilent les unes à coté des autres. Le chauffeur me dépose en face de la Gate of India.

 

 Je deviens une cible légitime pour les gens plus que pauvres qui mettraient plus de deux ans pour pouvoir acheter les mêmes chaussures que moi.

Une femme, un enfant dans les bras, vient me demander non pas des roupies mais juste du riz. Je lui dis " non", " tu n'aimes pas les pauvres aide moi " insiste-t'elle, je rajoute, sans m'en rendre compte, un "je ne peux pas t'aider " d'une incroyable hypocrisie. Je pourrai l'aider, mais à ce moment précis, je ne le veux pas. Sûrement trop absorbé par la ville, trop sur mes gardes, trop dans ma bulle.  

Deux autres femmes me réclament du riz. Un vieillard veut savoir d'où je viens, me parle de son cancer pour me demander l'aumône. Un autre gars me suis, me tiens la conversation pendant  plus de quarante minutes, me fait répéter cinq fois mon prénom. Il me propose de devenir mon guide, de me réserver mes billets de train, d'hôtel. Beaucoup de gens tendent la main, vendent des cartes postales.

Finalement, c'est à un jeune cireur de chaussure que je donne un peu d'argent.

 

Je suis au milieu du Hanging Garden, je regarde les parties de cricket. Un gamin vient s'asseoir à coté de moi. Il voit de suite qu'il ne cirera pas mes baskets.

Il vient de Jaïpur, il vit seul, il a treize ans. On lui avait promis du travail qu'il n'a jamais eu. Il a un sac en plastique troué, une vieille brosse et du cirage comme seuls outils de travail. Il lui faut une boite, une vrai boite à cirer sur laquelle ses clients pourraient poser leurs pieds confortablement,

 

" - Elle coûte  1500 roupies ! me dit-il,

    tu pourrais pas m'en acheter une ? S'il te plait, s'il te plait ?

- Non, c'est beaucoup d'argent.

- Mais pour toi, non !

- Tu sais en France je ne suis pas un riche, 25 euros, ça fait une somme !

- Donne moi ce que tu veux alors !

- Ok, t'es marrant, tiens ! "

 

Il reste à coté de moi, me pose plein de questions, me raconte sa vie, j'ai l'impression d'être avec le petit  Jamal.

Deux adolescentes russes m' ayant vu avec un Lonely Planet dans les mains viennent me demander  leur chemin.  " Tu vas voir l'église de la reine Victoria, elle à deux pas  ? "

  J'analyse leurs appareils dentaire et leur dis " J'ai pas trop envie de visiter une église, merci ".


" Mais t'es fou! Suis les, elles t'on invité ! " me dit mon nouveau copain.

" - Trop jeunes mon amie !

  - Elles ne demandent que ça !

  - Vas leur faire faire la visite toi !

  -  J' y vais  !"

Il part en courant rejoindre les lycéennes. 

 

 

                 

              ( Gate of India )

 

                 

                                                         ( Interdit de jouer de la trompette! )

                 

                                                            ( Le corbeau est roi à Bombay! )

                 

 

                 

 

              

(Effectivement, seuls les humains sont capables d'apprécier la beauté de la nature)

 

                 

 

              

 

 

 

              Dimanche. Il me faut la journée pour me remettre de cette longue marche citadine. Je ne fait rien à part sortir manger avec Ewan et Lisa, deux américains. Je discute pendant des heures avec Nick, un londonien haut en couleur. Une épaisse barbe lui cache la moitié du visage, ses yeux sont pétillants. Il a toujours à proximité de lui un très beau cahier sur lequel il écrit et dessine tous ce qu'il voit, tous ce qu'il ressent.

Nous sommes sur la même longueur d'onde.

Raj nous propose de venir lundi avec lui au temple où il a promis fidélité à Shiva. C'est l'anti-temple touristique, "THUNGA ARISHWER ", il se situe au nord de Bombay, dans les montagnes, près de Vasai.

 

Nous nous réveillons vers 5 heure du matin pour partir à 6 heure. Nous voyons le jour se lever à mi route, au moment où nous nous arrêtons pour boire un tchaé au bord de la route. Nick et moi nous émerveillons devant de simples vaches, fascinés par l'habitude qu'elles ont de marcher au milieu des camions, elles n'ont pas peur. Elles sont sacrés !

 

Après deux heures de route nous arrivons en bas de la montagne. Nous montons dans un rickshaw qui nous promènera toute la journée sur des sentiers pentus et caillouteux. Les manèges à sensation des fêtes foraines peuvent se rasseoir, je sens mon estomac bouger, je suis remplie d'adrénaline. Nous sautons du tuk tuk de temps en temps pour laisser le chauffeur gravir des cols minés de pierres car avec ces 240 kilos de chair fraîche à l'arrière et un chauffeur dépassant le quintal, le tricycle a parfois tendance à caler.

Nous arrivons au temple. Raj nous laisse pour pouvoir régler ses affaires spirituelles. Un vieil homme aux cheveux longs nous attrape gentiment, nous pose sur le front un hom , une tâche rouge et une autre jaune , il  nous demande de le suivre.

 

Nous sommes les seuls blancs becs, les seuls à ne pas être initiés. Raj nous a rapidement formé dans la voiture," Il faut que vous disiez Hari Hom  avec les paumes des mains jointes ". Nous suivons le vieil homme, il nous fait traverser le temple, nous touchons des fleurs, embrassons nos doigts. Nous nous asseyons en tailleur, "Hari Hom", nous croisons quelqu'un, "Hari Hom", nous entrons dans une autre pièce, "Hari Hom", nous sortons, "Hari Hom", nous payons "Hari Hom" ...  

 

Il doit y avoir une cinquantaine d'adultes,  nous ne communiquons qu' en disant "Hari Hom".

"Y' a besoin de rien d'autre, s'exclame Nick, ces deux mots se suffisent à eux-mêmes. Certains le chante, t'as juste besoin de dire ça pour que les gens t'invitent à rester chez eux, c'est fou, c'est pas compliqué ! "

 

Raj nous conduit ensuite dans un ashram, un endroit consacré à la méditation, vers des points où la vue panoramique est fantastique. Il nous  présente des hommes d'une soixantaine d'années aux  dread locks grises qui fument le chilum, "Hari Hom!" "Boom Shiva",  nous laisse nous reposer deux ou trois heures au bord d'une piscine naturelle.  

"- C'est quoi Raj ces petites bêtes qui flottent?

 - Ce sont des insectes d'eau fraîche, vas-y sans réfléchir , elles sont saines ! "

Pour finir ils nous mène face à un jeune homme qui commence tout juste sa vie de sadou.

 

 

Cette journée  fut  merveilleuse. Quand je vois la qualité de vie qu'ont ces hommes qui vivent perchés sur la montagne. Ils ne consacrent leur temps qu' à chercher de quoi se nourrir, qu' à regarder la nature. Ce n'était pas un rêve c'était bien réel !

Le temps s'est arrêté...


 

 

                

 

                

 

             

( Le seul moment "musical" que j'ai vécu pendant cette période, une transe méditative, imaginez celà pendant une vingtaine de minutes avec des chiens qui hurlent, des cris, j'ai filmé le plus discrètement possible, avec mon appareil photo, pour éviter d'offenser ces gens )  

 

                

 

                

 

             

 

 

 Une chose qui me laisse perplexe. Comment des gens aussi élevés spirituellement peuvent-ils laisser par terre autant d'ordures ?

 

Il n'est pas rare de trouver, même dans des lieux naturels magnifiques, des fossés infestés de détritus. Ca fait mal.

C'est le propre de l' homme que de pourrir tous ce qui l'entoure, aussi sage soit-il... 

J' ai ramené des montagnes un souvenir que mon corps n'oubliera pas d'aussi tôt, une bonne vieille tourista !

 

ENJOY INDIA !

  

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