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23 décembre 2011 5 23 /12 /décembre /2011 23:38

 

 

 

 

 

 

L'arrivée à Uyuni est un choc. Je viens de passer plus d'une semaine dans des paysages incroyables, et là, je tombe de haut. Les alentours de la ville se sont mués en décharge publique. Des champs de sacs plastiques encercle la cité.

 

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Comme dernière distraction pour conclure le tour du Salar d'Uyuni, nous nous rendons dans un cimetière de trains à vapeur. Il témoigne de l'âge des ruées vers l'or, quand les américains venaient piller les ressources naturelles de leurs voisins du sud. Un chaos de féraille rouillée s'étend sous nos yeux. Un terrain de jeu idéal pour des graffers en mal d'inspiration.

 

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Uyuni n'est pas très charmante. La place touristique, implantée au milieu de la ville, snobe des habitants qui semblent avoir du mal à joindre les deux bouts. Les voyageurs sont riches. Uyuni, pauvre.

Avec Kieon, Yun, Fanny et Awa, nous investissons l'Hostel Piedra Blanca qui se situe évidement sur la fameuse place. Notre lit en dortoir nous coûte 55 bolivianos ( environ 6 euros ). L'endroit est propre, confortable. Les patrons sont jeunes, agréables.

En sortant de l' auberge pour aller faire un tour, je tombe sur Simon l'australien, mon collègue de comptoir de Buenos Aires qui se mort encore les doigts d'y avoir raté Sonic Youth. Il a la cinquantaine, sa barbe n'a rien a envié à celle d'un taliban. Je m'attable avec lui et un basque-espagnole, commande une bière. Discussion typique de voyageur : combien de temps ? Quels pays ? Quels plans ?

Juan me parle de Sucre :

 

« Sûrement la plus belle ville de Bolivie, les maisons sont blanches, çà ressemble à l' Andalousie... Tu comptes passer les fêtes à La Paz ? Pourquoi pas, j'ai pas mal de potes qui vivent là-bas. Eux ils vont tous à Cuzco, au Pérou, apparemment, c'est l'Endroit pour bien finir l'année. »

 

Simon est sur le départ, son bus pour La Paz démarre dans une heure. Nous nous saluons.

 

Nous ne resterons qu'une nuit à Uyuni. Aoitef a déjà acheté nos billets pour Potossi, 30 bolivianos ( 3,3 euros ). Le soir, nous nous risquons à sortir dans un quartier populaire pour manger pas cher.

Kieon n'est pas très confiant, il craint que nous tendions le bâton pour nous faire battre.

 

Nous trouvons un petit boui-boui. Menu à 15 bolivianos. Salade, au choix : viande de lama, de poulet ou chorizos, frites. Un bolivien qui passe ses jours de repos en ville, abandonné par ses collègues de boisson, nous offre des bières, s'assoit avec nous. Il est saoul, ne tient pas en place...

 

Le lendemain matin, nous prenons place dans notre bus local. La majorité des passagers sont boliviens. Les femmes sont en tenues traditionnelles, les hommes, en vieux costumes.

Le paysage qui défile est montagneux. Je réalise que cela fait déjà plus de deux semaines que nous vivons la tête dans les nuages, et ce n'est pas fini car Potossi s'élève à 4070 mètres au dessus du niveau de la mer.

3 heures et demie plus tard, nous arrivons dans la ville minière.

 

Un taxi nous dépose à notre hôtel. Nous prenons une chambre à quatre lits.

Potosi est bien plus vivante que sa voisine Uyuni. Les jeunes sont plus fashion, la population est bien plus importante. Les rues sont pleines.

Nous marchons dans le vieux Potossi à l'accent coloniale, rien n'est droit, il faut toujours descendre ou monter un col. Nous passons au marché central.

 

Kieon, Fanny et Awa veulent aller visiter La mine. C'est l'attraction touristique de la ville. Nous faisons le tour des agences pour comparer les prix. Ils achètent leur ticket 70 bolivianos.

Je refuse d'y aller. Je n'ai pas envie de participer à un business qui met en vitrine des mineurs dont l'espérance de vie est de 45 ans. Je suis un petit peu trop sensible pour çà. Rien que la vue d'une mine me déprime. Je me souviens de celle à ciel ouvert de Waihi, en Nouvelle Zélande.

Et puis payer pour voir Germinal en vrai...

Le soir nous allons manger dans un restaurant chinois. Nous nous couchons tôt.

 

Je passe la matinée suivante seul. J'en profite pour rattraper le retard que j'ai pris dans mes articles. Quand je voyage accompagné, je peine à trouver le temps pour m'isoler.

J'ai vu hier des magasins d'instruments de musique. Depuis que j'ai oublié mon ukulélé dans le Ghan a Adélaide, je n'est pas gratté beaucoup de cordes.

Je rentre dans une boutique avec l'idée d'acheter un charango, un instrument traditionnel bolivien, une toute petite guitare munie de quatre doubles cordes.

Je demande à en essayer un. L'accordage est complètement différent de ce que je connais, la façon de jouer, de plaquer les accords, les notes aussi. Si j' achète un charango, pour pouvoir l'exploiter correctement, il va me falloir une période d'apprentissage. Pas le temps. J'ai juste besoin de me défouler, de chanter un peu. Mon choix s'oriente finalement sur une guitare classique pour enfant. Petite, légère, facile à transporter :

 

«-c'est combien ?

-300 !

-300 !!? Non ! 200 !

-Non pas 200, pas 200. 290 !

-Vous plaisantez ? Non, mon dernier prix est 25..

-Vendu ! 250 ! 

-Avec la housse ?

-Non, pas de housse. Trop petite. »

 

Je repars avec ma petite guitare peinte à la bombe, grise et noire.

 

Kieon, Fanny et Awa rentrent de leur tour en début d'après-midi. A table dans un restaurant végétarien, ils me font leur compte rendu. Kieon ne se sentait pas très bien, sûrement un peu claustrophobe l'ami. Les opinions de Fanny et d' Awa divergent. Fanny est un petit peu abattue par ce qu'elle a vu, elle a eu mal pour les mineurs. Awa, elle, est plutôt contente d'avoir vécu cette expérience, « C'est à voir au moins une fois dans une vie. Ces hommes... c'est leur gagne pain, ils se sacrifient pour faire vivre leurs familles... Évidement, faut pas les voir comme des bêtes de cirque, il faut s'intéresser à eux. Ils sont contents quand ils te voient arriver avec des feuilles de coca, des gants neufs ou encore de la dynamite pour qu'ils puissent travailler, en plus çà leur fait un break... ». Un point de vue intéressant.

 

13H30 un taxi nous attend devant l'hôtel. Nous allons à Sucre en voiture. Cela ne nous coûte que 40 bolivianos chacun, un ticket de bus en valant 30.

 

Je m'assois devant, enfile mon casque-hifi pendant toute la durée du voyage. Je regarde le paysage montagneux en écoutant en boucle la chanson Debbie de Saez puis l'album The devil, you and me des Notwist et Westerland, celui de Gravenhurst. De temps en temps je me retourne, fait une pause musicale de quelques secondes. Le chauffeur, lui, ne passe que des chansons d'amour. Awa et Fanny rigolent, chantent en coeur Time After Time. Je ne tiens pas longtemps, replonge dans ma bulle.

 

Le chauffeur nous dépose calle Loa, devant le Gringo's Hostel. Le batiment est grand, de type coloniale. Mike, le jeune propriétaire autrichien, nous accueille. Il a une façon de parler anglais bien à lui. Il est très drôle, c'est un vrai personnage. Pour 35 bolivianos chacun, nous investissons la chambre à quatre lits, la « purple ».

L'hostel est presque complet, une bonne cinquantaine de backpackers se croisent dans les escaliers, dans la cuisine ou sur la terrasse. Les uns viennent du sud, comme nous, les autres, arrivent de La Paz.

 

A la tombée de la nuit, nous sortons faire connaissance avec Sucre. Nous passons par la place principale, je suis surpris de voir autant de monde dehors à cette heure ci. Nous entrons dans la calle Junio où se trouvent quelques restaurant. Nous craquons à l'appel de l'Happy Hour, un serveur-rabatteur nous attrape au vol, « un verre acheté, un verre offert !».

Le restaurant est plutôt classe. A la vue de l'établissement j'ai du mal à croire que nous n'allons dépenser qu'environ 6 euros chacun pour boire l'apéritif ( deux verres ) et manger copieusement. Après être passé par le Brésil et le Chili, les deux pays les plus chers d'Amérique du Sud, je suis content de pouvoir soulager un peu mon porte monnaie.

Au moment de payer l'addition, le serveur nous conseille de nous rendre à un karaoké. Nous sommes séduits par l'idée. Je vais mettre ma peau de musicien puriste qui déteste la musique variété de coté pour ce soir. Après tout, un karaoké en Bolivie, çà peut être drôle.

 

En sortant, deux enfants des rues viennent demander la charité à Awa. Bonne pioche, elle a le cœur sur la main : « Non, je ne vais pas vous donner d'argent. Vous avez faim? Vous voulez manger quoi ?.... Une pizza ? Ok ! ».

 

Nous suivons les deux enfants, ils nous emmènent dans une pizzéria mais le service est terminé. Finalement nous entrons dans un autre restaurant. Awa les fait assoir, leur commande un soda, du poulet et des frites. Ils sont fiers d'eux, se tapent dans la main. Leur sourire fait plaisir à voir.

Nous les laissons, partons à la recherche du karaoké....

 

Le portier nous laisse passer sans réfléchir, pas de « t'as des baskets tu rentres pô ». Nous sommes les premiers. Nous commandons un pichet de cuba libre, feuilletons le listing des chansons.

J'ouvre le bal en chantant Bohémian Rhapsody. J'imagine que je chante avec mes potes Bibi et Bes, comme quand nous avions tout juste dix huit ans et que l'on se croyait dans Wayne's World, interprétant ce tube à bord d'une 2CV bleue. La réverbe du micro est à fond.

 

Les locaux arrivent petit à petit, en bande. Beaucoup d'hommes, peu de femmes. Ils monopolisent le micro, chantant des chansons d'amours castillanes. De grands enfants romantiques.

Nous récupérons de temps en temps le micro, Kieon tente un Honesty de Billy Joel, Fanny et Awa, un Billie Jean, mais dans l'ensemble nous sommes un peu délaissés au profit des habitués.  Awa, lasse d'attendre, va réclamer le micro au patron. Il nous le donne mais nous le reprend des mains sitôt notre performance exécutée, sans même nous regarder. Il n'a pas dû apprécié notre interprétation des Bee Gees, il faut dire que c'est juste inchantable par des non-castrats. Ça y'est, j'ai ma dose. Je commence à devenir cynique, à me moquer des gens qui chantent avec tout leur cœur, le poing serré. Chassez le naturel, il revient au galop. Je n'attends plus qu'une chose, fuir cet endroit. Nous rentrons à la maison en rigolant.

 

Nous profitons de la journée du lendemain pour nous balader. Nous allons d'abord acheter nos billets de bus pour La Paz pour ensuite faire le marché, flâner dans les rues commerçantes. 

 

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La ville est en campagne électorale. A la différence de chez nous, ici, c'est le peuple qui défile pour faire de la publicité à leur candidat favori qui lui, n'a pas besoin d'aller à Rungis pour serrer des mains et graisser la patte des gens qui se lèvent tôt.

La vingtaine de verts fait pâle figure comparée aux centaines de bleus qui immobiliseront la ville le lendemain. Le candidat de la modernité ne devrait pas avoir trop de mal à passer.

 

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Nous passons la dernière après-midi sur la terrasse du Gringo's. La vue est magnifique, je la fixe, la photocopiant pour la ranger dans un tiroir de mon cerveau. Je regarde les autres jouer au Uno, me familiarise avec mon nouveau jouet gris-noir. Dans un peu plus d'une heure, nous monterons dans notre bus de nuit, en direction de la ville la plus haute du monde...

 

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