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21 décembre 2011 3 21 /12 /décembre /2011 17:37

 

 

 

Un colectivo se gare devant l'Ayllu. Nous montons après avoir dit au-revoir à Don Juan, passons récupérer nos neufs futurs co-voyageurs dans leurs hôtels respectifs. Deux sud coréens, deux françaises, Elisa et Fanny, une suisse, quatre allemands.

Dans trois jours nous serons à Uyuni.

Après avoir passé les contrôles de la douane chilienne, nous gagnons la frontière bolivienne.

Le poste se trouve au milieu de nul part. Seul ce drapeau rouge-jaune-vert indique que la petite construction blanche est un bâtiment officiel. Le Magic Bus d'Alexander Supertramp semble avoir été télétransporté jusqu'ici.

 

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Il fait froid, j'ai fait l'erreur de me mettre en bermuda, je vais prendre sur moi et endosser cette chair de poule jusqu'à nouvel ordre.

Après un petit-déjeuner à la bonne franquette, notre groupe se sépare en deux. Nous montons dans un 4X4 avec Kieon et Yun, les deux sud-coréens et Bianca l' allemande.

 

La première étape nous mène jusqu'à la Laguna Blanca, un lac salé. Nous restons une demie-heure pour prendre des photos. Des flamants roses se nourrissent de micro organismes.

 

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Direction ensuite la Laguna Verde. Même motif, même punition. Une demie heure, photos, sourires, « waouw c'est beau », chair de poule.

Le lac a la couleur d'un lagon polynésien. Le sol est truffé de petites constructions de pierres noires empilées les unes sur les autres. Sûrement des offrandes à Pachamama.

 

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Entre deux arrêts, nos véhiculent filent à travers le désert. Fakundo, notre chauffeur cinquantenaire, roule bien plus prudemment que son acolyte. Il est impassible, reste dans sa bulle, nous indiquant de temps en temps quelques noms à mettre sur ce paysage, mâchant ses feuilles de coca.

Nous avons sans arrêt une curiosité visuelle à nous mettre sous la dent. Les montagnes sont habillées de multiples couleurs, les gris se heurtent aux jaunes, les marrons draguent les roses.

 

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Nos deux coréens commencent à avoir la migraine. Nul n'est égal face à l'altitude, mon cerveau n'est pas trop déboussolé, je ne ressens pas le mal des hauteurs. A vrai dire, je suis tellement concentré sur le décor, tellement enthousiaste de rouler dans le désert que je ne me pose même pas la question.

Nous continuons ainsi jusqu'au moment de déjeuner, nous arrêtant au passage près d'un autre lac. Un petit bassin a été aménagé pour que les gens puissent s'assoir dans de l'eau chaude. Je préfère la ballade au jacuzzi, vais à la rencontre de cette autre merveille de la nature aux couleurs blanches, vertes, turquoises.

 

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Un dernier stop face a des geysers, une petite inhalation de souffre et nous arrivons dans un petit hôtel perdu. Au loin, un lac rouge.

 

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Nous aidons nos guides à décharger les affaires, jetons nos sacs sur les lits de notre dortoir. La troupe s' attable avant même que les assiettes et les couverts ne soient mis.

Comme dirait Jacques Villeret dans les Frères Pétard : « La dalle Momo !!! ». Au menu : soupe, viande de lama, purée mousseline, crudités.

A peine la dernière bouchée avalée, nous tombons tous comme des mouches. C'est l'heure de la sieste. Les malades souffrent de maux de tête. Ils sont jaunes, ne vont pas tarder à vomir. Les guides leur préparent du thé à la coca. La meilleure des prescriptions.

En milieu d'après-midi. Nous remontons à bord des 4X4 pour aller voir cette curiosité rouge. De loin, j'ai l' impression que l'on pourrait y aller à pied mais il nous faut rouler un bon quart d'heure pour nous approcher d'elle. Dans le désert, l'appréciation des distances est complètement faussée.

 

Le vent est puissant, il fait froid malgré ce ciel dépourvu de nuages. Arrivé au sommet de la dune, la Laguna Colorada me saute à la gueule. Je verserai bien une petite larme tellement c'est beau. C'est comme ci une aurore boréale c'était réincarnée en lac. Un tableau naturelle où les couleurs ont été posées avec minutie, avec finesse. Sur l'eau, une palette de roses, de rouges, de turquoises. Sur terre, le vert et le jaune des mousses et des plantes contrastent avec les blancs, les nacres du sel. Et au milieu de tout çà, des milliers de flamants roses.

Je serai bien resté des heures et des heures à contempler cette merveille mais les conditions climatiques sont invivables pour un humain moyen. Trop froid, trop venteux, trop rude. Une façon pour Madre Tierra de conserver son trésor intact.

 

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Nous rentrons au camp pour y passer la nuit. Parties de Uno, une soupe et au lit.

 

Réveil, 5H30...

 

Nous repartons. Le programme de la matinée est sensiblement le même. Nous visitons deux ou trois autres lacs de sels, nous arrêtant pour déjeuner près d'une zone volcanique.

 

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L'après-midi, nous atteignons le désert de sel. La route blanche fait des kilomètres de large. Fakundo pourrait rouler les yeux fermés qu'il ne nous arriverait rien. Dans le 4X4, pas un mot.

Nous faisons un halte près d'une voie ferrée, et par chance, nous voyons passer le train quotidien qui relie la Bolivie au Chili. Il est lent. Certains font semblant d'être attachés aux rails.

Nous prenons la direction de notre maison d'un soir. A l'horizon, du sel et du sel. Des mirages. Les montagnes donnent l'impression de flotter, comme ci elles ne touchaient plus le sol. De loin nous confondons la végétation avec des lamas.

 

«- T'as vu ces cultures, c'est fou, des salades qui poussent dans le désert !

-J' pense pas que ce soit des salades. Fakundo ? C'est quoi çà ?

-Du quinoa.

-Haaa... »

 

Nous investissons notre hôtel de sel perché en haut d'une colline, surplombant un petit village. Les parpaings qui se dressent en murs sont des blocs de sel, le sol est recouvert de million de billes … de sel.

Je m'assois en tailleur sur une bute. La vallée est immense le désert se noie dans l'horizon. A ma gauche, des os de je n'sais quoi sèchent sur un fil tendu entre deux cactus. Encore plus à gauche un troupeau de lama slalome entre les … cactus. En bas une femme, en tenue traditionnelle, robe ample, châle autour du coup, chapeau melon, porte sur son dos des objets non identifiés enroulés dans une nappe rose et verte.

 

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Nous buvons quelques bières avec les allemands, vidons une ou deux bouteilles de vin en mangeant de la soupe à la viande et aux légumes, et … au lit.

 

Réveil 4H30...

 

« Allez allez, du nerf, il faut que nous soyons arrivés pour le lever du soleil ! Allez allez ! »

 

Nous avons tous la tête dans le sac, mais bon, nous nous levons pour la bonne cause, on ne va pas se plaindre non plus !

Une heure plus tard, nous sommes sur le fameux désert de sel craquelé. Le soleil se lève. Dans ce salar, les percpectives sont complètement différentes. Il est de mise de prendre des photos incongrues, de scénariser des poses improbables. Certains se retrouvent debout sur une pomme, sur un téléphone ou encore une cannette de soda rouge, d'autres se dressent sur la paume d'une main.

 

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Après notre séance nous filons vers l'ile d' Incahuasi et ses milliers de cactus géants. C'est impressionnant, elle sort de nul part pour se dresser fièrement dans ce désert sans fin. Incahuasi était une aire de repos sur la route des Incas. Je marche jusqu'au sommet. Le vert des cactus, le blanc du désert, le bleu du ciel, le brun, le gris de la montagne, nous offrent un contraste de couleur hallucinant.

Nous déjeunons en bas, sur une table de sel. Non, je rêve pas, tout çà est bien réel, je me pique avec l'aiguille d'un cactus pour en être sûr !

 

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Le voyage touche à sa fin. Encore quelques heures de route et nous serons à Uyuni. Une dernière séance photo atypique, un dernier repas dans une village de sel où j'observe des hommes construire une maison de sel, montant des blocs de sel, les scellant avec un mortier de sel ( eau + sel ).

Ces trois jours étaient tout simplement exceptionnels. Si aujourd'hui on me demandait ce que j'ai préféré pendant ces 13 mois de voyages je dirai sans hésiter, cette dernière semaine, San Pedro d'Atacama, les lagunas, le Salar d'Uyuni...  Voyage dans un monde coloré ...

 

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15 décembre 2011 4 15 /12 /décembre /2011 22:58

 

 

 

 

Je peine à ouvrir les yeux. Les voix des ces trois français du troisième âge ont le même effet sur moi qu'une chanson de Johnny Hallyday. Elles me font mal au crâne. Deux femmes et un homme qui parlent pour ne rien dire, qui commentent chacun de leurs faits et gestes. Heureusement, Monsieur a le sens de l'humour.

Je me réveille de temps en temps pour garder des images de ce trajet extraordinaire, mais la fatigue l'emporte. Je retombe dans mes rêves. Faire la fête et ne dormir qu'une demie heure est un moyen très efficace pour ne pas voir passer un voyage de douze heures mais peut se révéler être une terrible erreur si l'on veut absorber un paysage singulier. J'ai déjà traversé les Andes de Santiago du Chili à Mendoza, je n'ai donc aucuns scrupules à hiberner.

Ma journée a commencé a Salta, elle se finira dans le désert d' Atacama, au Chili.

 

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16H30, San Pedro d'Atacama, 2400 mètres d'altitude...

 

Je foule enfin la poussière. Nous enfourchons nos backpacks.

 

«-Le centre ville s'il vous plait ?

-Prochaine à droite et c'est tout droit !

-Merci . »

 

Je ne pensais pas arriver aussi tôt à San Pedro. Je devais y aller dés mon arrivée en Amérique du Sud, après mon passage à Santiago du Chili. Marcela, ma pote chilienne, m'a fait comprendre que deux ou trois jours ne suffisaient pas pour s'imprégner du désert le plus haut du monde. J'ai préféré courir jusqu'au Brésil pour aller chercher une charmante demoiselle.

 

«-Tu me préviendras à l'avance quand tu viendras dans le nord, je pourrai me libérer pour te faire visiter ma terre natale » m'a dit Marcela.

«- Je pense que j'y passerai après le Machu Picchu.

-Préviens moi à l'avance.

-Avec plaisir. »

 

Je ne l'ai pas fait. D'une part, la décision de venir ici c'est faite au dernier moment, nous n'étions pas loin, Awa voulait absolument voir le Chili. D' autre part, je ne me suis jamais senti très à l'aise entre deux filles que j'aime bien ...

 

Je m'attendais à trouver une grande ville avec des bâtiments et tout et tout. Nous sommes dans un véritable oasis. La plupart des maisons sont blanches ou brunes, enduites de terre, isolées à la paille.

San Pedro est un joli village, un endroit très touristique. Les agences de voyage, les bureaux de change, les restaurants, les boutiques se suivent. La concurence règne. Des milliers de backpackers, de voyageurs organisés se promènent dans les rues.

 

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Nous trouvons l' Hostel Juriques, au fond de la calle Toconao. C'est l' un des moins cher que nous ayons vu sur internet. Nous poireautons plus d'une heure à la réception avant que Juan, le propriétaire, nous accueille et nous montre notre chambre. Il ressemble a un de ces amérindiens que l'on voit dans les westerns avec ses longs cheveux noirs et lisses.

 

Nous nous renseignons sur les tours organisés. Il va falloir que nous fassions des choix car les prix ne sont pas donnés. Valle de la Luna, Laguna Cejar , les ruines de Quitor, les geysers, l'observatoire astronomique ?

 

A la vue des photos, notre premier choix sera Valle de la Luna !

 

Le lendemain, à 16 heure, après avoir réglé 10000 pesos ( prix normal 12000 pesos soit environ 17 euros ), nous montons dans un minibus avec une vingtaine d'autres personnes plus ou moins de notre âge. Nous avons tous un chapeau sur la tête, une bouteille d'eau à la main et un appareil photo en bandoulière.

 

Un rêve de gosse se réalise, je suis dans le désert. Nous allons d'abord à Valle de la Muerte qui était à l'origine un lac émergé. Elle s'est formée en même temps que la Cordillère des Andes puis l'érosion a fait son travail d'artiste pour donner la forme à ce paysage.

Le vent est puissant, le sable nous fouette les mollets. Je reste muet face à la beauté de ces sculptures minérales, à la vue des neiges éternels et du Volcan Licanbur qui se dressent fièrement à l'horizon. Des surfeurs dévalent les dunes.

 

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Une seconde étape nous mène dans un canyon salé. Nous entrons ensuite dans Valle de la Luna. Nous quittons la terre pour nous retrouver dans cet amphithéâtre lunaire fait de dunes, de roches naturelles sculptées marrons, rougeâtres, roses, jaunes.

Nous n'en sortirons qu'après le coucher du soleil.

Les robots qui on été envoyés sur la lune pour la filmer ont été testés ici.

 

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Nous rentrons chez nous la tête ailleurs, les yeux encore brillants. A deux pas de notre hostel :

 

« Vincent, viens on fait demi tour, on va se renseigner pour faire le tour astronomique » me dit Awa.

 

Le désert d'Atacama est le meilleur endroit au monde pour observer les étoiles.

Nous revenons sur nos pas, entrons dans l' Ayllu, un restaurant-bar-hotel-agence de voyage qui propose le tour.

Un petit homme aux cheveux blancs allume un feu dans un grand bac métallique.

 

«-Bonjour Monsieur, nous sommes intéressés pour faire le tour des étoiles.

-Vous pouvez attendre cinq minutes, il faut que j'aille voir avec la personne concernée.

-Pas de problème, on peut boire un coup en attendant ? C'est combien la caïpirinha ?

-Oui bien sûr, c'est 3000 pesos .

-Si vous êtes occupé, je peux les faire» demande Aoitef avec culot.

 

Et la voici derrière le bar en train de nous préparer nos cocktails avec amour, nous mettant la double dose. Nous sommes morts de rire, la situation est cocasse.

 

«-Vous êtes d'où ?

-Nous sommes français.

-Vous êtes français ?! Attendez, j'arrive ! …..»

 

Il revient avec trois gros livres reliés du 19ème siècle. Il détient tous les Petit Journal de 1897, 1898 et 1899. Nous avons un trésor de la culture française sous nos yeux. Nous feuilletons délicatement les ouvrages de peur d'abimer les pages.

Il s'appelle Juan Carlos, son fils est le propriétaire.

 

«-Vous logez où ?

-Au Juriques.

-Si çà vous dit, nous avons des chambres ici, normalement nous les faisons à 8000 pesos par personne, mais pour vous ce sera 6000 pesos. »

 

Nous nous regardons, acceptons.

 

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Le lendemain à 10 heures, nous investissons l' Ayllu. Don Juan s'occupe de nous comme si nous étions ses propres enfants. Nous faisons connaissance avec l'ensemble du personnel, les serveurs, son fils et sa femme brésilienne.

Nous rencontrons deux hommes adorables, Manuel et Ariel. Ils travaillent à leur compte dans le bâtiment, ont sans cesse des chantiers à réaliser dans le village. Ils viennent tout le temps manger à l'Ayllu. Ils sont drôles, passent leur temps à raconter des conneries.

A midi, un bus de lycéen en classe verte s'arrête pour manger des pizzas. Awa enfile la toque de cuisinière, met la main à la pâte.

Nous avons trouvé notre maison pour le reste du séjour.

Don Juan nous dit de ne passer que par lui pour commander à manger et à boire, il est le seul qui puisse nous faire de bons prix.

 

Nous partons pour un deuxième tour. Nous allons à la Laguna Cejar à une vingtaine de kilomètres de San Pedro. Le lac est composé à 30 % de sel, ce qui lui donne une couleur limpide.

On peut s'y baigner mais il faut faire attention à ne pas se bruler les yeux. Faire la planche est d'une facilité enfantine, on pourrait même lire un bouquin tellement on flotte. Au loin, des flamants roses. Le volcan nous surveille toujours.

 

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Nous nous rendons ensuite à un lac d'eau douce pour nous rincer car nous sommes blancs de sel.

 

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Pour le coucher du soleil nous allons vers un autre lac, la lumière nous offre un spectacle hallucinant, les couleurs sont pures. Le désert se noie dans l'horizon. Nous buvons du pisco sour ( alcool de raisin mélangé avec du sucre et du jus de citron ) pendant qu'une équipe de télévision française fait un reportage.

 

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Je réalise qu'entre hier et aujourd'hui, je n'ai jamais rien vu d'aussi beau.

 

Le lendemain, nous restons à la maison toute la journée, à ne rien faire, soignés comme des rois par notre cher et bon Don Juan.

 

Notre tour des étoiles, nous le faisons gratuitement avec Ariel et Manuel. Nous partons à pied tous les quatre avec du pisco et des bières dans le sac à dos. Ils nous emmènent jusque chez eux, à trois kilomètres du village. Ils vivent dans une cabane construite avec des planches de contreplaqué, de bois compressé.

Le première chose que fait Ariel en arrivant est de donner à manger à ses truies. Nous en baptisons une Lucette. Elle vivent dans des cages de bois, il nous explique qu'avec la chaleur et le soleil, il n'a d'autres choix que de les enfermer. Nous les caressons, elles en tombent de plaisir.

Nous faisons un feu sur la plaine voisine. Manuel fait l'idiot, il nous imite quand nous parlons français, employant un charabia incompréhensible mais tellement drôle. Ariel est un descendant des Mapuches, il nous raconte l' histoire de son Chili.

 

« Les Mapuches étaient de grands guerriers, des braves ! Ils ne se sont jamais rendus, ni face aux incas, ni face aux espagnols. Tu leur coupais un bras, ils te tendaient l'autre et ensuite la tête. Certains se faisaient greffer des lances à la place des bras pour continuer à combattre !»

 

Nous levons la tête, wouaw... je n'ai jamais vu autant d'étoiles. Elles semblent bien plus proches, on pourrait presque les toucher. La voie lactée est juste énorme, elle dessine les courbes de la Terre.

Nous rentrons chez nous vers trois heure du matin, marchant de travers car nous ne pouvons nous empêcher de lever les yeux au ciel, la bouche grande ouverte.

 

Comme nous ne voulons plus payer de tours, nous nous décidons à louer des vélos pour aller vers Catarpe. Nous embarquons Issa, un étudiant bouddhiste japonais qui fait un tour du monde avant de rentrer au temple. La chaleur est étouffante, le soleil, brulant. Nous enfourchons nos bolides, roulons dans ce paysage incroyable. Nous croiserons trois français, des purs travellers à capuche. Ils font un tour de l'Amérique du Sud dans leur camtare immatriculé 59, ont même emmené les chiens avec eux, deux gros pitbulls.

Nous nous arrêtons régulièrement à l'ombre d' un arbre, au bord d'une rivière, nous aimerions nous baigner mais l'eau nous arrive aux genoux.

Nous allons explorer une maison abandonnée. Nous sommes comme des gamins qui auraient trouvé une cabane dans une forêt. Nous faisons le tour du propriétaire, nous ne trouvons qu'un vieux matelas, quelques cannettes vides. Des bouquets de fleurs séchées ont été attachés aux barreaux des fenêtres, sûrement un moyen de chasser les mauvais esprits. Sur le trajet du retour, je rêve de la bière fraiche que je vais engloutir en arrivant.

 

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Nous sommes proches de la fin. Nous allons quitter cet endroit la larme à l'œil. Nous avons rencontré des gens adorables, exceptionnels.

Don Juan, au moment de le payer, nous divise notre note par deux. Nous ne payons que 30000 pesos ( à deux !!) pour les quatre nuits, la nourriture et les boissons que nous avons consommées. Il a le cœur sur la main. Au moment de dire au revoir à tous le monde, Manuel me répète pour la quarantième fois,  « Economise 30000 euros! Tu viens vivre à San Pedro, je te trouve un terrain, te construits ta maison. Ensuite on crée une agence et on fait tourner les riches. Vas-y reviens, revenez !!! ».

L'Universitad de Chili vient de se qualifier pour la finale de la coupe d' Amérique du Sud de football. Sous les « Chi Chi Chi, Lé Lé Lé » des supporters locaux, je vais me coucher.

Demain, nous nous levons tôt. Je crois que nous allons vivre encore des moments exceptionnels ! Nous allons jusqu'en Bolivie en 4X4, nous nous apprêtons à passer trois jours dans le Salar d'Uyuni. Du très très lourd à venir !!!!

 

 

 

 

 

 

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13 décembre 2011 2 13 /12 /décembre /2011 15:03

 

 

 

 

Nous partageons le bus qui nous mène de Santiago Del Estero à Salta avec une paire de locaux. Allongés sur les banquettes, ces sept heures de trajet ne sont pas les plus pénibles que j'ai connues. Arrivés à destination, nous prenons un colectivo.

J'avais oublié qu'en Argentine il fallait de la monnaie pour payer le bus. Une dame, nous voyant en peine, parlant un français accentué, nous propose de passer sa carte devant le lecteur en échange des quatre pesos exigés.

 

« Esteco, c'est ici que vous devez descendre » nous dit-elle.

 

Nous partons dans la mauvaise direction, la rue Esteco longe un canal, elle n'est pas droite comme celles que l'on trouve chez nous. Elle se termine pour laisser la place à une autre, pour reprendre finalement un peu plus loin. Nous ne comprenons pas la logique de cette calle et mettons un bon moment avant de nous retrouver sur le bon chemin. Nos sacs sont plus lourds, la sueur nous trempe le dos.

Enfin, nous y sommes ! La pancarte du San Jorge Hostel apparaît sous nos yeux.

Nous ouvrons le portillon métallique. Enrique nous accueille, nous présente un dortoir à quatre lits superposés. Le temps de redescendre à l'accueil pour présenter nos passeports :

 

« - Si çà vous dit, j' peux vous faire une chambre triple pour le même prix, 40 pesos par personnes, vous y serez bien mieux.

-Vendu ! »

 

Nous sommes idéalement placés, juste en face du Pasaje de Los Poetas, où nous verrons une fanfare d'adolescents jouer de la samba, une bande de gamins doués, parfaitement en rythme, des p'tits batteurs en herbe. Nous aurons aussi le droit à un concert hommage à Ariel Petrocelli, un poète disparu de Salta, au vernissage d'une statue à son effigie.

 

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La place est animée, nous n'avons à faire que deux pas pour voir les amoureux qui se bécotent sur les bancs publics, les marmots taper dans le ballon ou sur la tête de turc du quartier, les pré-pubères chevaucher leurs BMX, capuche sur la tête, utiliser le mobilier urbain pour faire des figures.

Ici, l'ambiance est populaire. Aucun danger.

 

Nous avons trouvé l'endroit où nous reposer, où faire une grève de bus d'une semaine.

 

Jérémy et Sarah sont arrivés juste après nous. Ils commencent un voyage de plusieurs mois. Ils s'apprêtent à louer une voiture pour partir visiter la région de Tucuman pendant trois jours. Ils sont de Bordeaux. Je suis content de pouvoir parler de ma bonne vieille ville, de nos quartiers, de nos bars-concerts préférés. Avec Jérémy nous avons le point commun d'être passionnés par l'écriture, la musique et surtout par Noir Désir. Nous passons des heures à discuter des compositions de Bertrand, du fait qu'il ne lui faille que très peu de mots pour imager son monde.

Nous étions au même concert quand il est remonté sur scène pour la première fois, au Festival des Terres Neuves ( voir article Bordeaux, Comme un symbole...) :

 

«On y était aussi ! On faisait parti du staff ! »

« Mes parents sont amis avec Bertrand et Romain ( chanteur d' Eiffel ) » rajoute Sarah.

«- C'était comme un symbole, c'était mon dernier jour de travail, j'étais sur le point de quitter Bordeaux où j' avais atterri six ans plus tôt avec les chansons de Noir Désir en tête.

-Ouai, c'était vraiment particulier, lui et Romain sont les meilleurs potes du monde. On sentait qu'il était très heureux de se réapproprier la scène, de retrouver son élément. Et cette reprise d'Iggy Pop !!!

-Et cette standing ovation !!! »  

 

Nous partons à la découverte de cette ville à l'architecture coloniale, entourée de montagnes. Nous doublons une manifestation, montons dans le téléphérique pour voir la vue aérienne de la cité. En haut, des centaines de touristes. Forcément, des bars. Curieusement, une salle de musculation à ciel ouvert.

 

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Un autre français arrive au San Jorge. Hervé travaille à Amsterdam, dans le centre d'appel d'une compagnie aérienne, il profite chaque année de billets d'avion au plus bas prix pour découvrir le monde. Nous allons ensemble à La Caldera, un village traditionnel situé au nord de Salta, à une heure et quart en bus local. La Caldera fut une étape sur la route des Incas.

Nous nous retrouvons dans La Taberna Del Ogro, le pub local. Nous sommes les seuls clients. Le patron, le ventre rond, le crâne dégarni, les joues remplies de feuilles de coca, se tient derrière son comptoir et regarde des reportages sur National Geographic. Son fils joue aux Simpson sur une vieille console de jeux vidéos. L'endroit est rustique. Des chaises blanches en PVC tutoient de vieux billards surdimensionnés. Nous buvons quelques bière dans ce lieu exotique. Nous trouverons un autre endroit pour manger, partirons ensuite nous balader dans des champs où des vaches et des taureaux nous observerons avec curiosité.

 

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Le soir nous nous faisons un barbecue à l'Hostel . Nous mangeons de la viande saignante, ( les argentins l'aiment trop cuite ) , du fromage de brebis et buvons du bon rouge.

 

L' équipe de baseball de Santiago Del Estero vient d'envahir le San Jorge. Ils sont une quinzaine. Même s'ils m'évoquent une bonne vieille équipe de vétérans sans abdominaux qui profite d'un week-end loin de leurs femmes pour faire la fête entre copains, ils viennent disputer une manche du championnat national.

A la tombée de la nuit, ils s'attablent tous ensemble, en mode gueuleton.

Pour nous, c'est l'heure de l'apéro. Un des pumas a laissé une guitare de coté. Avec son accord, je lui emprunte et défoule mes trois dernier mois d'abstinence. Au moment où je la repose, ils m'applaudissent puis m'invitent à leur table.

 

«-T'as mangé ?

-heu...

-Tiens, mange !

-Tu veux boire un coup ?

-...

-Tiens bois !

-Tu t'appelles comment ?

-Vicente ?

-Non sérieux, moi aussi !!! »

 

C'est parti pour une soirée de toute beauté. Ils sont déchainés. Il ne se passe pas deux secondes sans que quelqu'un n'éclate de rire. Lisandro, l'homme à la guitare et aux cheveux longs, jouent des sambas argentines qui ressemblent plus à des chansons d'amours qu'à de la musique brésilienne . Ils chantent tous bien, les uns font les basses, les autres les cœurs où les solistes. La musique semble être inscrite dans leur patrimoine génétique.

Les bouteilles de vin ne survivent pas longtemps. J'ai l'impression d'être une attraction qui les change de leur quotidien. Ils sont très curieux. J'ai plein de nouveaux potes !

 

«-Hey Vicente, viens jouer avec nous demain !

-J' ai jamais joué au baseball .

-C'est pas grave »

 

José ramasse un bout de bois, me le tend. Il roule en boule un feuille de papier journal, me la lance. Je la frappe sans conviction .

 

«-Tu vois que tu sais jouer !

-Mouai.

-T'es dans quelle chambre ?

-la 3.

-Demain matin, je te réveille à huit heure.

-Je vais à San Lorenzo demain.

-C'est très joli. Sais-tu que deux françaises ont été assassinées à San Lorenzo ? Il paraît qu'elles étaient journalistes et qu'elles seraient allées fouiner où il ne fallait pas.

-Ha bon ??? Nous n'avons pas eu la même version en France... »

 

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Lendemain matin. Ma tête résonne encore. Les mélanges ne sont pas bons. Il me semble que personne n'a frappé à notre porte.

Awa et moi partons passer la journée dans un parc naturel protégé. Nous ne savons pas ce que nous allons voir. Enrique nous a conseillé d'y aller quand nous lui avons demandé ce que nous pouvions faire dans le coin sans passer par une agence de voyage et sans aller trop loin.

C'est tout simplement une forêt qui ressemble à celles que nous avons chez nous, en plus dense. Elles est implantée sur les flancs de plusieurs colline. Nous nous y sentons seuls au monde, marchons le long du parcours de randonné, ne croisons que des vaches et des chevaux.

L'air est frais, sain. Après deux bonnes heures, nous nous asseyons en tailleur, en hauteur, pour nous délecter de la vue. Nous rentrons à la maison.

 

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Les gars reviennent de leur match :

 

«-Hey Vicente, t'es pas venu ce matin, on t'attendait ! On est en finale !

-C'est çà ouai ! Vous ne deviez pas me réveiller !? Bien joué !

-On l'a fait, mais tu étais encore trop saoul pour entendre », me répondent-ils en mentant et en rigolant.

 

Un dernier tour au musée, pour voir une des trois momies d'enfants sacrifiés, enterrés vivant, offerts aux montagnes par les Incas. Une dernière soirée, la veille de partir, dans le quartier fêtard de Salta et nous sommes fin prêts à reprendre la route.

Enfin, fin prêts n'est pas le terme exact, nous nous réveillons en sursaut après n'avoir dormi qu'une demie heure. Au moment de régler la note de l'hostel, je me rend compte que je n'ai pas gardé assez de pesos, je panique quelques secondes, voyant notre bus partir sans nous.

 

« Awa, t'as encore des euros ? »

 

Nous payons en euros et en pesos, sautons dans un taxi, arrivons à l'heure pile devant notre bus.

Nous allons à San Pedro, au Chili, dans le désert d 'Atacama. Mon petit doigt me dit que je ne vais pas voir ce voyage passer...

 

 

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9 décembre 2011 5 09 /12 /décembre /2011 16:00

 

 

 

 

5 heure 30... Des yeux collés, des bouches qui baillent. De nombreux lèves-tôt sont avachis sur les bancs flambant neufs de la gare routière de Santiago del Estero, prêts à partir.

Nous venons d'arriver, de manger encore vingt-quatre bonnes heures de bus. Il nous a fallu sept heures pour aller d' Asunción à Corrientes, où nous ne sommes restés que le temps d'acheter un billet pour Santiago.

Les colectivos ne fonctionnent pas encore, nous hésitons entre attendre que le jour se lève et que la ville s'active ou partir à la recherche de l'Hostel Emaus. L'envie de retrouver la position horizontale au plus vite l'emporte, nous retirons de l'argent, trouvons un taxi qui nous dépose Avenida Moreno pour 9 pesos (moins de deux euros ).

Notre chambre n'est pas des plus propres, c'est la moins chère que nous ayons trouvé ( 135 pesos ). Un couple de cafards s'enfuit au moment où nous allumons la lumière.

Nous dormons quelques heures afin de recharger les batteries car nous sentons bien que nous n'allons pas faire long feu ici. Nous sommes venus dans le coin à la recherche de simplicité et de beaux paysages.

Nous sortons en milieu de matinée pour nous rendre au centre d'information touristique, sur la place principale. Coté dépaysement, nous sommes servis, ravis de marcher dans des rues poussiéreuses, désordonnées, où les petits commerçants ne sont pas encore menacés par les magnats de la grande distribution, où des chevaux tracteurs de carrioles se mêlent à la circulation, où une bonne partie des chauffeurs de taxis roulent en Fiat Panda.

 

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La femme qui nous informe est charmante :

 

« Alors, vous pouvez aller au musée archéologique qui est juste à coté, sur la place. Vous pouvez visiter des anciens couvents, des églises, la cathédrale. Coté nature ? Bein, vous pouvez aller au bord de la rivière, c'est mignon, c'est tranquille, un zoo et un jardin botanique se trouvent juste à coté. Si vous voulez faire du shopping, il y a un petit marché couvert, vous avez aussi cette longue rue piétonne... Pour manger ? Manger bien et pas trop cher ? Pas trop cher, pas trop cher... ha si ! A coté du parc, vous avez un restaurant de très bonne qualité, çà vous coutera quand même 90 pesos à deux ( environ quinze euros ). Pour du folklore, de la musique ? Vous pouvez aller vers Boca del Tigre les gens sont en costumes traditionnels, vous pourrez voir des artisans, des artistes... »

 

Nous allons aux halles, j'aime observer les commerçants, voir ce qu'ils vendent, sentir les odeurs de nourriture, regarder les étalages des bouchers et des maraichers. Les cantines marchent à plein régime. Les locaux viennent faire leur pause de midi et manger des lomitos et des empanadas. Nous faisons notre tour, lorgnons la viande hachée rouge écarlate. Le mirage d'un steak tartare nous aveugle... Nous continuons, je suis surpris de voir des animaleries. Les stands d'oiseaux et de rongeurs en cage se succèdent. Nous avons un pincement au cœur en voyant un toucan ronger ses barreaux.

Après être passés dans la rue piétonne européenne, nous allons nous poser près de la rivière. Le paysage est reposant mais les alentours ne sont pas très propres, du plastique sommeille sur les berges. Nous regardons de jeunes garçons pêcher, s'amuser,  se pousser à l'eau.

 

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Nous passons devant le zoo. Pour changer, les moutons ne sont pas très futés. Ils bêlent sans savoir pourquoi, se suivent jusqu'à être coincés dans un angle de leur parc. Nous passons devant l'entrée :

 

«Viens, on entre. » me dit Awa

 

Les zoos me dépriment, je n'arrive pas à apprécier le fait de voir des animaux prisonniers.

L'entrée est payante. Personne ne se trouve dans la guérite , nous filons comme si de rien n'était.

Nous sommes les seuls visiteurs. Un silence de mort nous entoure. Le zoo semble abandonné. Nous ne pensions y voir que des chèvres et des dindons mais à notre grand désarroi nous passons devant un gorille, des lionnes, un puma, des jaguars qui vivent dans des conditions lamentables, dans des cellules bétonnés de quelques mètres-carrés. Même pas un bout d'herbe sur lequel s'allonger. Ils doivent se contenter d'un contact permanent avec un sol hostile qui s'effrite. Ils peinent à trouver de l'ombre pour échapper à ce soleil brutal, leurs gamelles d'eau marron sont asséchées.

Nous passons devant eux avec l'idée candide de leur donner un petit peu d'amour, mais ils ne bougent pas d'un poil, leurs muscles semblent atrophiés. Leurs cerveaux, lessivés. Certains ont tenté de creuser le sol pour essayer de s'échapper, en vain.

Comment peut on gérer un zoo sans aimer les animaux ? Quand on parle de surpopulation carcérale on trouve cela inhumain, mais qu'en est-il des ces animaux que l'on traite avec des méthodes de nazis ? Tout çà pour satisfaire la paire de touriste quotidienne qui entre sans payer car personne ne s'occupe de la caisse ? Et puis ce mec là, le seul qui a l'air de travailler ici, il n'a rien d'autre à foutre que de nettoyer sa mobylette ?

 

« Putain... même la blanche colombe est en cage... »

 

Nous nous résignons, sortons de cet endroit, révoltés. Nous nous rêvons en terroristes. « Et si nous venions en pleine nuit pour scier les barreaux. Les aigles s'envoleraient, les fauves pourraient manger un ou deux humains pour se venger, les singes découvriraient ce qu'est un arbre ! ». Le courage nous manque, « de toute façon, si l'on faisait çà, ils ne survivraient pas longtemps, ils seraient directement abattus ou dans l'incapacité de se nourrir, ils ne connaissent que leur prison Ils sont déjà morts . ».

 

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Nous marchons en peine, nous voudrions voir quelque chose de plus gai. Nous nous renseignons un peu plus sur le quartier folklorique, mais un serveur nous dit que du lundi au jeudi la ville est inerte.

Finalement la visite du musée sera le meilleur moment de ce séjour.

Marta Minujin, la grande artiste argentine, expose l'ensemble de sa carrière. L'amie d'Andy Warholl, la rescapée des années érotiques considère que « tout est de l'art ». Elle aime faire jouer le public en les faisant manger son obélisque de pain géant, réplique de celle de Buenos Aires, ou sa statue de la liberté en fruits.

 

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                     A une époque, en Argentine, le maïs avait le nom de l'or ...

 

Nous ne resterons pas plus d'une nuit, demain nous reprenons la route. Salta, j'arrive !!!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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2 décembre 2011 5 02 /12 /décembre /2011 14:18

 

 

 

 

C'est reparti, à peine deux nuits passées à Foz de Iguaçu que nous plions déjà bagage. Awatef est toute fraiche, elle vient juste de commencer son voyage, elle veut donc en voir un maximum alors que j'aurai plutôt tendance à prendre mon temps et à glander un peu. Elle met le rythme, je joue l' expérience .

Pour des raisons financières j'aimerai rallier au plus vite la Bolivie, moins je dépenserai plus je repousserai la fin de mon voyage. Nous nous décidons d'aller à Asunción, la capitale paraguayenne. Pour cela, il nous faut d'abord nous rendre à Ciudad Del Este, de l'autre coté de la frontière brésilienne.

Nous prenons un bus local pour quelques centimes d'euro, nous arrêtons à la douane brésilienne pour signaler notre sortie du territoire. Foz de Iguaçu et Ciudad del Este ne sont séparées que par un pont. Nous avons entendu dire que la traversée de cet ouvrage est dangereuse, que l'on peut tomber sur des personnes mal intentionnées. J'ai tendance à me méfier des  on dit , je demande à la douanière si c'est le cas, elle nous dit que nous pouvons le faire sans soucis.

Nous prenons ce soit disant risque inconsidéré, notre cœur bat un peu plus vite que d'habitude mais effectivement, elle avait raison. Nous obtenons notre visa paraguayen ( gratuit, 90 jours ) et pénétrons dans Ciudad del Este.

Nous nous renseignons pour savoir quel bus prendre pour aller à la gare routière mais finalement après une dure négociation menée par Awa nous nous y rendons en taxi.

 

A peine dans le terminal, nous nous faisons avoir comme des bleus. En cherchant une agence, des types nous interpellent : « Asunción, Asunción, départ immédiat, Asunción, départ immédiat »; orientés par un des rabatteurs, nous nous pressons d'acheter nos billets. Le guichetier nous dit finalement de prendre notre temps car nous ne partirons que dans une heure et demie...

Nous n'avons pas fait jouer la concurrence pour obtenir le plus bas prix, mais vu l'état de notre futur bus, nous sommes convaincus de voyager low cost .

 

Les sept heures de trajet sont animées, à chaque arrêts, des personnes montent dans le bus pour vendre des boissons ou des empanadas, nous avons le droit à de la musique de première qualité, de la bonne vieille dance music à la sauce sud américaine... Coté fenêtre, le paysage est un peu plus chaotique que ceux que nous avons vus ces derniers temps. A la campagne, les gens vivent un peu à l'arrache, à cent mille lieues de notre petit confort occidental, à la fraiche, les hommes des villages se rassemblent autour d'un filet de voley pour jouer au tennis-ballon, nous nous faisons la réflexion :

 

«- Ça m'fait un peu penser à l' Inde .

-Ouai, t'as raison, c'est tout sauf ordonné.

-C'est clair, je suis contente de retrouver une telle ambiance ! »

 

Nous arrivons dans la capitale, sortons de la gare, négocions un taxi, pénétrons dans l' Asunción Hostel. Un jeune homme, environ vingt cinq ans, la barbe de quelques jours, le sourire jusqu'aux oreilles nous ouvre la porte. Passé derrière le comptoir de la réception, il bouge au rythme de Pony Pony Run Run, « j'adore cette musique ! » nous dit-il.

Nous entrons dans notre dortoir à 6 euros la nuit, prenons nos marques, visitons la grande salle de séjour ornée d'un canapé et d'un écran plat, d'un ordinateur commun, de quelques tables, passons sur la terrasse ombragée.

Nous allons nous restaurer au Pub Britania, à deux blocs de notre hostel. Un paraguayen et un argentin vont venir, chacun de leur coté, s'assoir avec nous. Le premier, Antonio, est attiré par mes Dunhill, il veut que je lui échange contre ses cigarettes locales, chose que j'accepte, il est marrant, très curieux; le second, dont je ne connais le nom, est lui captivé par Awa, il n'aime ni l'Argentine ni Cuba où il vivait ces dernières années, et d'après ses dires, sa mère est une sorcière. Ces deux gars ont envie de communiquer, ils ont pioché les bonnes personnes.

 

Nous pensions avoir ce grand dortoir pour nous seuls, c'était sans compter l'arrivée d'un trio d'auto-stoppeurs polonais, de drôles de personnages qui voyagent autour du monde, nous les accueillons avec plaisir.

 

Le lendemain, notre dernier jour au Paraguay, nous passons notre après-midi à planifier la suite :

 

« J'aimerai quand même aller en Argentine » me dit Awa.

«-J' peux pas passer à coté .

-J' peux comprendre, le truc, c'est que çà va nous faire faire un gros détour pour gagner la Bolivie.

-Si c'est trop compliqué on zappe, mais...

-Ce n'est pas si compliqué, faut qu'on regarde une carte. »

 

Pendant ce temps, un geek argentin qui squatte l'ordinateur collectif 15 heures sur 24 nous montre des photos du nord de l' Argentine, de Santiago del Estero, de Tucumàn, de Salta …

 

«-C'est vrai, çà claque ! Çà a l'air magnifique, t'as p't'être raison, çà doit valoir le coup .

-Ouai, c'est trop joli !

-Donc, pour bien faire, il faut qu'on prenne un bus pour Corrientes et de là, qu'on en reprenne un pour Santiago del Estero. Par contre, j'ai entendu dire qu'il n'y a rien à faire à Corrientes...

-Dans ce cas là, on fait le trajet d'une traite.

-Pourquoi pas, çà va nous prendre vingt quatre heures, par contre, faudra qu'on se pose un peu quand on arrivera dans le nord de l'Argentine, parce que depuis que je suis arrivé en Amérique du Sud, j'ai enchainé une soixantaine d'heures de bus.

-Ok, on peut se poser une semaine dans le coin qui nous plaira le plus.

-Vendu ! Attend, je regarde les horaires de bus....y' en a un qui part demain à 10h30. »

 

Un soleil de plomb s'abat sur Asuncion, nous ne sortons que pour faire quelques provisions. Nous sommes dimanche presque tout est fermé. Sur le chemin, nous passons à coté d'une place qu'une centaine de familles plus que pauvres a élu pour domicile. Elles vivent dans des tentes construites avec des matériaux de récupération tels que des bâches plastiques, du carton. Nous sommes stupéfaits de voir une telle scène au cœur d'une capitale. C'est pour cette raison que je ne prendrai ni photos ni vidéos, je n'ai pas envie d'exhiber nos signes extérieurs de richesses par respect pour ces gens.

 

Le lendemain matin, au réveil, nous nous apercevons que nos trois polonais ont découché. Nous passons dans la salle à manger pour prendre notre petit déjeuner. Rien est prêt, de la musique et des cris raisonnent, ils viennent de la terrasse, nous sortons, et là, nous voyons le geek argentin, nos trois agents de l'est et les deux paraguayens qui gèrent l' hostel qui picolent et chantent encore, il est huit heure et demi.

 

« Hey hola, vous voulez boire un coup !? » nous dit un des paraguayens en langage bourré,

«-Non non ! Non merci ! Y'a possibilité de déjeuner ?

-Ba oui, dis moi ce que tu veux, vous pouvez manger tout ce que vous voulez, dites moi, tout ce que vous voulez, mangez vous pouvez, tout ce que vous voulez, dites moi. »

 

Il se lève de sa chaise, part dans la cuisine en titubant :

 

«-Tu veux du pain ? 

-Oui..

-Tu veux du beurre ?

-Oui...

-Tu veux de la confiture ?

-Oui...

-Du café ?

-Oui...

-Du jambon ?

-Oui.. »

 

Il sort tout ce qu'il y a dans le frigo, jetant les provisions sur la table de la cuisine.

 

«-Si t'as besoin de queq'chose, tu me dis, hein tu me dis hein ? Si t'as besoin de quequ'chose...

-J'aurai besoin que tu nous appelles un taxi tout à l'heure.

-Pas de problème, si t'as besoin de quequ'chose tu me dis, hein, tu me dis ?

-Ok »

 

Nous déjeunons au rythme de Daft Punk, sortons de temps en temps sur la terrasse pour nous nourrir de cet atmosphère de gens bourrés, c'est hilarant de voir un tel moment de vie quand on est pas soit même saoul, spécialement un matin, au petit déjeuner. C'est l' bordel, çà trinque dans tous les sens, tous le monde se charrie.

 

«-Tu peux appeler un taxi s'il te plait?

-Tout de suite ? Le taxi, arrive en cinq minutes, si t'as besoin tu me dis, je t'ai dis hein, si t'as besoin, tu me dis hein ?

-Je repasse te voir dans vingt minutes. »

 

Vingt minutes plus tard, je retourne le voir, il s'est endormi sur sa chaise pendant que les autres continuent de boire, je le réveille doucement :

 

«- S'il te plait, hey, s'il te plait ( je le tapote avec le bout du doigt ).

-Hein ( il sursaute ) ?!!!

-Tu peux m'appeler un taxi s'il te plait ?

-Tu veux pas rester une nuit de plus ?!!

-J'ai besoin de toi là …

-Si t'as besoin de moi, ok (il se lève d'un seul coup manquant de tomber ) ! je t'ai dit , si t'as besoin tu me dis, si t'as besoin ! »

 

Il marche comme il peut jusqu'à la réception, peine à ouvrir les yeux pour trouver et composer le numéro.

Le taxi arrive, il nous sert dans ses bras :

 

«-Merci beaucoup d'être venus !

-Merci à toi pour l'accueil, vous êtes géniaux, on a passé un super moment avec vous !

-Parlez en autour de vous !

-Promis !

-Ciao !

-Ciao ! »

 

Si vous allez à Asuncion et que vous séjournez dans des auberges de jeunesse, filez dés votre arrivée à l'Asuncion Hostel, vous allez rire beaucoup !!!

 

 

 

 

 

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29 novembre 2011 2 29 /11 /novembre /2011 16:04

 

 

 

 

« On the road again, again », nous sommes de retour sur Florianopolis pour quelques heures, le temps d'attendre un nouveau bus. L'aventure brésilienne est sur le point de s'achever car même si Foz de Iguaçu est du coté brésilien, nous serons à deux pas du Paraguay et de l' Argentine.

J'ai le sentiment de ne pas avoir vu grand chose, le coût de la vie ayant quelque peu freiné mes ardeurs, je me consacrerai au Brésil quand je serai... riche.

J'ai hâte de retrouver un pays où l'on mange mieux, car ici, à part des pastéis et des empanadas ( sortes de beignets fourrés à la viande, au jambon ou au fromage ) qui sont très très gras, il n'y a pas grand chose d'autre à se mettre sous la dent.

 

Nous montons dans notre bus de nuit. Quelques heures plus tard, à notre grande surprise, nous retrouvons sur une aire de repos Guillaume, Thomas et Mathieu, les trois français que nous avions rencontrés au Sunset Hostel de Florianopolis :

 

«- Ce délire! Qu'est ce que vous foutez ici ?

-Ba comme vous, on va à Iguazu !

-Alors comment c'était, vous étiez où déjà ?

-On est allé à Imbituba, au sud de Florianopolis, c'était cool, y' avait aucuns touristes, on a même vu des baleines !

-Trop bien !

-Et vous ?

-Nous on est resté sur Florianopolis, y'avait le carnaval de Salvador De Bahia. Un truc de ouf ! La grosse teuf pendant trois jours, quelques quartiers de la ville étaient clôturés, y'avait trop de monde, trop de jolies filles, de la pure folie. Samba quoi !!!

-Excellent, j'crois que notre bus est prêt à repartir, on essaye de se retrouver à Foz, ciao ciao ! »

 

Le lendemain matin, en arrivant Supernova Hostel, en remplissant le formulaire d'admission j'entends :

 

«- Hey, çà suffit maintenant, vous en avez pas mare de nous suivre !

-C'est pas vrai encore vous ! On voulais être discrets, mais on s'est fait grillés apparemment !

-Bande de vicieux !

-Ouai c'est çà, on kiffe les jumeaux ! »

 

La bande de Praia de Molle est reconstituée. Nous filons boire un café.

Il est déjà presque midi, c'est sûrement trop tard pour aller voir les cascades, nous partons passer l'après midi à Ciudad Del Este, cette ville frontalière paraguayenne, séparée du brésil par un simple pont, cette Andorre sud américaine détaxée où de nombreux brésiliens viennent faire le plein d' ordinateurs et d'appareils électroniques en tous genres.

Nous prenons le bus. Sachant que nous n'y allons que pour quelques heures, nous ne nous arrêtons pas à la douane pour faire contrôler ou tamponner nos passeports.

Nous pénétrons dans cet immense bordel remplis de magasins, d' affiches et de 4x3, j'ai l'impression d'être à Bangkok. Çà grouille de monde, les rues sont pleines de stands où l'on vend du cuir, de faux vêtements de marque, des téléphones portables; de grands ensembles regroupent par thème les magasins d'informatique, d'électronique et les bijouteries.

Les vendeurs sont au taquet, la calculatrice à la main, ils nous font de grands signes, c'est la guerre, chacun défend ardemment son bifteck, prêt à écraser ses concurrents à grands coups de remises et de promotions.

Ils me font mal au crâne, il y a tellement de marchandise que je ne sais même pas quoi regarder, nous n'allons pas faire long feu, je repars sans rien avoir acheté, Awa a négocié un faux ipod nano à 10 euros, les gars ont fait le plein de caleçons.

 

Nous retournons au Supernova, investissons la salle de jeu où se trouvent un billard, un bar et un barbecue, partons acheter de quoi faire des grillades, de la cachaça, du citron, du fruit de la passion, de la glace et du sucre. Ce soir, c'est la fête ! Nous sommes à la maison, nous avons cette grande pièce pour nous tout seul, nous écoutons du Mano Solo, puis du Jamiroquai à fond, personne ne nous dit rien, nous jouons, trinquons, refaisons le monde, dégustons un bon repas. Que demande le peuple ?

 

Le lendemain matin, même pas la gueule de bois !

Nous nous apprêtons à vivre une journée des plus mémorables. Vers 9h00 nous allons à l'arrêt de bus local, nous partons voir les chutes d' Iguazu, du coté argentin.

Nous attendons une quarantaine de minutes avant de voir notre bus bleu et blanc pointer le bout de son nez. En montant, à ma grande surprise, je retrouve mon bon vieux ch'ti, JB, que j'avais rencontré à Santiago du Chili, il m'explique qu'il a loupé le premier bus, c'est juste fou, il fallait qu'on se recroise.

Le bus nous dépose à la douane brésilienne pour que nous signalions notre sortie du territoire. Une fois notre passeport tamponné, nous grimpons dans un autre bus qui cette fois s'arrête au poste frontalier argentin : Tamponage de passeport, passage de nos sacs aux rayons X.

Nous arrivons à la gare routière de Puerto Iguazu, reprenons un bus local qui se rend au parc national.

 

Nous y sommes, enfin. L'entrée du parc coûte 100 ( 16 euros ) pesos pour les visiteurs étrangers , nous récupérons un plan et partons en quête des cascades.

L'atmosphère est paisible, nous marchons au milieu de la forêt, suivons le chemin fléché, je me sens bien, je sais qu'un endroit truffé de papillons ne peut être que magique.

Nous croisons des caotis, des petits mammifères, ils ressemblent à la fois des singes, car ils sont très curieux, agiles et voleurs, à des rats, car ils pullulent et trainent en bande, et à des cochons car ils semblent prêts à manger n'importe quoi. Ils se sont sacrément bien adaptés à l'homme, ce qui causera sans doute leur perte, du moins, du coté d' Iguazu. Nous observons aussi des toucans et des Iguanes.

 

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Nous nous approchons, j'entends au loin le fracas de l'eau, plus que quelques mètres et … ouaw, c'est gigantesque, plus de deux cents cascades se succèdent, je n'ai jamais rien vu de tel. Nous allons sur tous les points de vue. Malheureusement et surtout inévitablement, ma petite fête intérieure est légèrement gâchée par tous ces touristes qui se bousculent pour prendre la meilleure photo.

Je ne vaut pas mieux (quoique ) puisque que comme eux je dégaine sans cesse ma caméra. J'essaye de m'isoler dans ma bulle, de les ignorer, mais ce n'est pas simple quand vous êtes installé tranquillement quelque part et qu'un type en chaussettes-claquettes vous fait comprendre en soufflant qu'il veut vous piquer votre place pour prendre un cliché.

 

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Nous nous dirigeons à bord d'un petit train vers Garganta Del Diablo. C'est le bouquet final, cette juste hallucinant de voir une telle masse d'eau s'éclater 90 mètres plus bas, nous sommes arrosés par des nuages de gouttes, c'est comme-ci l'on se baignait sans se baigner, et puis tous ces papillons, et puis ces hirondelles qui jouent dans les cascades, et puis ces dizaines d'arcs en ciel, et puis ce sentiment de paix intérieur ,et puis celui d'être tout petit, de n'être qu'une micro poussière à l'échelle de l'univers, et puis, et puis,et puis....

 

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L'un des plus bels endroits que j'ai vu, si ce n'est le...           

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29 novembre 2011 2 29 /11 /novembre /2011 12:39

 

 

 

 

Mon alarme sonne, je dormirai bien encore un peu mais il n'est plus l'heure de trainer au lit.

Avant de partir faire la fête hier soir, je savais très bien qu'il fallait que je me lève. Je réveille Awa en chuchotant un « Bonjour mademoiselle... le check out est dans une heure ».

 

Nous ressentons le besoin d'aller voir ailleurs, Florianopolis est une ile agréable mais un peu trop touristique à notre goût, si nous restons dans le coin, nous allons dépenser plus d'argent que prévu.

 

Au départ, nous voulions aller à Garopaba car nous savions que des baleines franches viennent mettre bas dans les environs, mais en surfant sur la toile nous nous sommes rendus compte que tous les hébergements étaient soit déjà réservés, soit trop chers pour nos petites bourses ( minimum 100 euros la nuit ). Même pas une petite auberge de jeunesse à nous mettre sous la dent.

En insistant un peu dans nos recherches, nous avons découvert Imbituba, une petite ville située à une trentaine de kilomètres au sud, avons réservé une chambre double au Padang Surf Hostel, pour 50 reales ( 20 euros ).

 

Nous arrivons à la gare routière, des bus partent toutes les deux heures. Nous payons notre ticket 19,99 réales.

 

Trois heure plus tard nous débarquons au Terminal de Omnibus de Imbituba. Nous allons à la rencontre d'un homme pour prendre des informations, notre niveau de portugais étant quasi nul, je baragouine un espagnol « de derrière les fagots », remplaçant les « a » par des « o », essayant d'imiter ( sans succés ) l'accent des potes d'origine portugaise qui m' apprenaient des insultes dans les vestiaires de mon club de foot :

 

«-Bonjour monsieur... rue du Docteur José Antonio Ramos Leite, au Surf Hostel, quel bus ?

-Non, bus pas bon, bus long. Moi taxi, moi ( il pointe son doigt sur son torse ) taxi ( il mime le volant d'une voiture ) !

-Combien taxi ?

-20 réales.

-Kilomètres, combien ?

-10... 10 kilomètres.

-Allons-y !»

 

Notre chauffeur, en grand professionnel, essaye de jouer au guide touristique quand nous passons devant un grand port industriel, il le montre du doigt en précisant, au cas où nous ne l'aurions pas compris, « le port ». Le Padang Surf Hostel est situé en dehors du centre ville, dans un petit village, au bord de l'océan, il n'a pas l'air de bien connaître les lieux, il s'arrête dans un premier temps devant une épicerie pour demander le Surf Hostel ( c'est ce que j'avais écrit dans mon moleskine, oubliant de noter Padang ), il revient à la voiture en faisant la moue :

 

«- hum, non pas Surf Hostel.

-Praia da Ribanceira, où ?

-Ok, ok, Praia da Ribanceria ! »

 

Il demande à nouveau à quelques passants, toujours pas de réponses, Gil ( il nous donnera une carte de visite ) commence a nous dire que l' auberge n'existe pas, qu'il peut nous emmener autre part, nous lui suggérons de nous conduire à l'adresse que nous lui avons indiquée, mais aucun numéro d'habitation n'apparait sur les façades ou sur les boites aux lettres.

Il commence à nous faire douter, et si nous avions réservé une chambre dans un hôtel fantôme ? Nous lui demandons de nous déposer, nous allons nous débrouiller nous même.

Nous marchons, entrons dans un premier temps sans le savoir dans une propriété privée, nous rebroussons chemin. Nous nous rappelons être passés devant une école de surf quand « Gilou » conduisait, nous nous y rendons, et là, enfin, nous trouvons notre bonheur.

 

Marcelo, le propriétaire de 29 ans, nous accueille avec un large sourire, « je vous attendais plus tôt » nous dit-il. Le terrain est juste en face de l'océan, à une vingtaine de mètre de la plage, l'hôtel est en plein travaux, nous passons devant une battisse qui a été complètement détruite pour être rénovée. On ne va pas se mentir, c'est un grand bordel. Dans le fond, à coté du camping, nous trouvons notre chambre, Marcelo nous ouvre la porte et nous invite à aller manger avec lui chez des amis. Nous acceptons avec plaisir.

 

( … )

 

Nous pénétrons dans un quartier résidentiel clôturé, sécurisé, nous garons la voiture devant une petite villa.

Deux jeunes couples sont en train de mettre la table et de préparer le churasqueira ( barbecue brésilien ). Au menu ce soir, au choix, poisson, poulet ou viande de boeuf, accompagnés de pommes de terres et de légumes cuits sur la braise, de riz, de Brahma ( bière locale ) et de vin rouge.

Nous peinons à communiquer avec les amis de Marcelo, heureusement, il parle parfaitement l'anglais. Il fait le traducteur.

Quelques années plus tôt, il a fait un tour du monde, est parti surfer les meilleurs spots de la planète, il nous raconte son amour pour la France, pour Paris, qu'il a travaillé pendant quelques mois à Lacanau, dans une école de surf.

Nous rentrons à la maison, satisfaits d'avoir passé la soirée avec de « purs produits locaux ».  

 

Nous resterons quatre nuits chez Marcelo. Nous sommes les seuls étrangers du village. Des bandes de jeunes brésiliens investissent le camping pour ce week end de quatre jours, s'apprêtent à vider des litres et des litres de cachaça.

Nous sommes en mode spectateur, peu d'entre eux parlent l' anglais ou l' espagnol, nous nous contentons de simples « bom dia » et de leur sourire en les voyant s'amuser et se défouler.

En face, sur la plage, les surfeurs sont en paix, pas de baigneurs pour leur griller la priorité, ils sont seuls au monde, avec les baleines.

 

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C'est notre grande chance, sans le savoir, nous sommes venus sur une plage où elles sont en nombre, où les mères peuvent apprendre la vie à leurs marmots en toute tranquillité, loin de ces touristes organisés mangeurs de crèmes glacées, loin des champs de transat et de parasol.

Nous passons de longues minutes à regarder l'horizon, nous devinons des nageoires, des souffles d'eau. Prêts à dégainer nos appareils photo, nous voyons même un saut que bien entendu nous n'avons pas le réflexe d'immortaliser. Le moment est magique, nous voudrions les voir de plus près, les toucher, nous nous contentons de les observer de loin, faute de vouloir payer un tour de bateau ( partant de Garopaba ) à 50 euros pour deux heures de sortie en mer, sans la moindre garantie de les admirer.

 

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Nous passons le reste de notre temps à nous balader, allant dans le centre ville d' Imbituba pour nous apercevoir qu' à part faire des courses, il n'y a rien d'autre à faire, marchant quelques heures, traversant des dunes et des collines verdoyantes pour atteindre Praia do Rosa, la plage tendance du coin où les surfeurs et les fêtards viennent s'échouer, où encore, demandant à un chauffeur de taxi de nous conduire à Garopaba pour découvrir ce ravissant petit village de pêcheur devenu une réserve pour touristes aisés en ciret jaune qui chassent les baleines à grands coups de flashs et de zooms.

 

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                     ( Praia do Rosa )

 

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                  ( Garopaba )


 

Nous repartons sur la route, nous sommes sur un gros coup, dans environ vingt quatre heures nous serons proche d' Iguazu...

 

 

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24 novembre 2011 4 24 /11 /novembre /2011 14:39

 

 

 

 

 Aujourd'hui, le 10 Novembre 2011, c'est mon anniversaire, j'ai un an. Et dire que - 3 mois Av M.-NV ( Ma Nouvelle Vie ) je portais un badge et une cravate...

 

Je suis depuis deux jours au Brésil, « SAMBA !!! », j'ai survécu aux 26 heures de bus qui m'ont trainé de Buenos Aires à Santa Catarina.

Floripa se situe à environ 500 mètres du continent. En accostant sur la côte ouest citadine, je me demandais comment les brésiliens avaient pu la baptiser l' Ile Magique.

Je faisais des grimaces à de hauts bâtiments type HLM, implantés par centaines, j'étais au bord de la nausée à la simple vue de ces anti camaïeux de couleur qui ornaient les façades.

Comment peut on avoir aussi peu de goût ? J' aurai aimé voir la tête de cet architecte qui s'est éveillé un matin, dans une salle de réunion, soutenant que le vert pastel, le rose bonbon, le beige, le bleu marine et le vert caca d'oie sont des couleurs complémentaires.

Au pas de course, j'ai pris le bus 30 jusqu'au terminal de Lagao, puis le 32 m'a déposé en haut d'une colline, près de la côte est.

J'ai intégré le Sunset Hostel. L'endroit est vraiment cool, il surplombe un lac, s'élève sur plusieurs niveaux. Pour aller jusqu'à mon dortoir il me faut descendre une centaine de marches de granit, passer devant une multitude d'arbres et de plantes. Les jeunes brésiliens qui s'occupent de nous sont agréables, les hôtes viennent de partout, la plupart sont des surfeurs.

 

J'ai retrouvé Aoitef. Nous nous sommes rencontrés à Goa, en Inde, sommes restés en contact, et comme elle s'est décidée à venir au Brésil et que j'étais dans le coin, nous nous sommes donnés rendez-vous ici. Nous prévoyons de faire un petit bout de chemin ensemble, d'aller jusqu'au Pérou.

 

Je ne m'attendais pas à ce que le Brésil soit aussi cher, c'est vite fait de dépenser 50 euros par jours, sans y prendre garde. Je ne pense pas y rester longtemps, je ne vais sûrement pas aller à Rio de Janeiro, tant pis, dans la vie il faut faire des choix ! En attendant je profite.

Nous avons rencontrés une bande de trois parisiens, Mathieu et Thomas, des jumeaux, et Guillaume, avons passé une journée ensemble sur la praia de Molle, ils nous ont bien fait rire. Imaginez trois célibataires affamés sur une plage brésilienne où le string est la tenue officielle, où les bars sortent les enceintes à l'extérieur pour cracher de la musique « ibizenca », où les surfeurs font des tractions dés qu'ils croisent une barre horizontale, où les femmes mettent 10 minutes à se passer de la crème solaire sur les fesses. Nos « frenchies » sont en mode chasseur, leur radar cérébral est à la limite du court circuit :

 

« Mais regarde moi çà, putain... elle est super bonne ! Et celle là avec son string rose ! « Vous voulez un coup de main mam' selle, j' ai pratiqué le passage de crème au niveau professionnel ! » Oh la la lala, çà y'est... j'suis amoureux ... la p'tite brune là, j'la marie direct ! Tu crois qu' elle a de vrais fesses la blonde avec le paon tatoué sur le bas du dos, ses seins sont faux, c'est sûr, mais ses fesses ? C'est un truc de ouf jamais vu autant de culs à la ronde !!! »

 

Pendant ce temps, Awa et moi prenions une leçon de vie :

 

« Petit scarabée, même si face de craie tu n'es pas, du soleil brésilien, te protéger tu devras ! Gare au coté UV de la force car le moindre écart de conduite, aussi complice sois-tu avec la grande boule de feu, brulé tu finiras. »

Nous n'avions pas de crème solaire... Le soleil brésilien est féroce.

 

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Le lendemain, ne pouvant plus nous exposer, nous sommes partis visiter le sud-est de l'ile, nous sommes baladés sur la plage désertique de Campeche où la densité de maillots de bain est d'environ dix au kilomètre-carré. Nous avons surtout apprécié le fait de voyager en bus local, de regarder ce paysage tropicale, ces villages aux habitations sommaires, de nous mélanger aux écoliers et aux « Mamas » brésiliennes.

 

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Comment parler du Brésil sans évoquer … la fête et les caipirinhas ( dans un shaker, mettez ½ citron, 3 cuillères de sucre, versez de la cachaça pendant au moins 6 secondes, ajoutez de la glace pilée, secouez, secouez , secouez. Vous pouvez varier la recette en ajoutant du fruit de la passion ou de la pastèque ).

Notre première soirée fut mémorable, nous n'avions bu qu'une paire de « caïpis » au bar du Sunset quand nous nous sommes décidés à sortir pour aller acheter des cigarettes. Après avoir traversé le pont qui relie notre colline au centre ville de Lagao, nous sommes entrés dans la première station service venue, sans nous méfier. Et là, comme par hasard, en faisant la queue, nous croisons les deux jeunes barmans qui nous ont servi. « Hey çà va vous deux ? » qu'ils nous disent :

 

«-Vous faites quoi là ?

-Ba, on achète des clopes.

-Vous tombez bien, on fait le plein de cachaça et on va boire à la maison, c'est à deux pas, çà vous tente ?

-Demande à un aveugle si il veut voir ! »

Nous avons passé quelques heures avec deux mexicains et un anglais, à discuter, à débattre, à parler voyage, musique, sommes rentrés en zigzaguant, escortés par un chien sauvage qui faisait le beau et narguait les autres, les domestiqués qui passaient leur truffe dans les mailles des grillages et geulaient. Nous l' avons baptisé Loulou, il nous a déposé à notre porte.

 

Ce soir, c' est donc mon soir !

 

Nous sommes prêts, nous sortons avec Alexie, une américaine, un fan de Sepultura maltais et Patrick, notre bout-en-train d' irlandais.

Nous arrivons au John Bull Pub, il y a un concert, l'entrée coute 30 réales ( environ quinze euros ). A ce prix là, je m'imagine que le groupe doit être de qualité.

Au premier coup d'œil, j'enfile ma peau de cynique, rien que le nom de ce trio m'exaspère.

 

« Dans la famille Tuyau De Poil : je ne ressemble à rien, je me cherche un style, je suis arrogant et çà m'écorcherai la gueule de dire merci aux gens qui m'applaudissent, je demande les Vintage Cult. Bonne pioche ! »

 

Le chanteur bassiste porte une crête de trente centimètres, jusque ici tout va bien. Au cas où les gens n'auraient pas compris à quel courant artistique il s'identifie, il porte un t-shirt publicitaire sur lequel les lettres P U N K remplacent celles de F I A T, çà passe encore. Mais avec une telle dégaine, chanter du Oasis et du Eagle-Eye Cherry, çà c'est un coup à ce que les Ramones se retournent dans leurs tombes !

Être punk ce n'est pas une question de déguisement mais d'attitude, il faut aduler le néant et chier sur la face du monde !

 

« La différence entre le bon punk et le mauvais punk ? Ba heu...le vrai pounk, ba heu... y monte sur scène et pis y n' en n' a rein à fout', il est pô content pace'qui pense que tout l'monde il est pourri, et le faux pounk, ba heu..., le faux pounk y monte sur scène et pis y fait croire qu'y n'en n'à rein à fout', qu'y n'est pô content et tout tout, mais c'est pô pareil, c'est un faux pounk ! »

 

Le métaleux maltais et moi sommes frustrés d'avoir payé 15 euros pour voir de faux punks jouer de la musique de compilation. Inconsciemment nous sommes un peu jaloux, ces imposteurs doivent toucher un « putain » de bon cachet !...

Je vais faire abstraction, me mettre en tête qu'un Dj's passe des tubes et m'amuser avec des gens de bonne compagnie.

 

A la sortie, nous réglons l'ensemble de nos consommations, prenons la direction de notre auberge.

En chemin, au bord du lac, nous rencontrons trois brésiliens accoudés sur une voiture qui écoutent à fond du Pink Floyd. Nous restons un moment avec eux.

 

Le jour se lève, Awa et moi rentrons dans notre dortoir, nos colocataires dorment encore. Dans quatre heures, nous quitterons Florianopolis pour nous diriger vers Imbituba, dans le sud de l' état, il parait qu'à cette époque des baleines viennent pour y mettre bas...     

 

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19 novembre 2011 6 19 /11 /novembre /2011 13:34

 

 

 

 

 Un peu plus de seize heures après avoir quitté Mendoza, je sors de Retiro, la gare routière de Buenos Aires, me renseigne auprès d'un passant :

 

« - Bonjour, quel bus dois-je prendre pour aller rue de Chile ?

-Le 70 jeune homme.

-Merci. »

 

Je le vois, l'arrêt est à cinquante mètres, je trottine, grimpe dedans juste au moment où les portes se referment.

Le chauffeur a environ vingt cinq ans, je lui tend un billet pour demander un ticket, il me montre une caisse automatique :

 

«Il faut des pièces » me dit-il,

«-Je n'en ai pas , mais j'ai de l' argent…

- Non pas de billets, des pièces !

-Heu...

-Bon, c'est pas grave, assis toi là, range tes billets, évite de les montrer en public, y' a plein de gens louches ici. »

 

Il me fait la conversation, me demande ce que je fais dans le coin. Il ne comprend pas que je puisse voyager seul :

 

«-Mais... t'as pas d'amis ?

-Bah si, j'en ai plein !

-Et tu voyages tout seul !... t'es bizarre toi !»

 

Il me dépose rue de Chile, je lui tends 10 pesos pour le remercier, il me dit de les garder et de boire une bière à sa santé.

Je sonne à la porte de l' Ostinatto, une fille m'ouvre, je rempli le formulaire d'arrivée et monte dans ma chambre.

L'hostel est situé à coté de San Telmo, ce quartier populaire mythique qui respire le tango, truffé d'antiquaires. La façade, d'un style ancien, contraste avec l'intérieur qui est plutôt moderne.

Au rez de chaussé, se tiennent la réception, un bar et un petit salon où un ordinateur chante toute la journée, un panneau indique que toute la bibliothèque musicale est téléchargeable gratuitement, il invite également chaque hôte à le nourrir d' MP3.

Au premier étage, une cuisine et une salle à manger équipée d'une grande table « design ». Au dernier, une terrasse avec vue sur les toits. Entre, les chambres et les dortoirs.

 

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Je passe cette première après-midi à écrire, m'asseyant de temps en temps sur le balcon pour regarder les gens passer et observer les pigeons perchés sur l'immeuble d'en face, c'est la saison des amours, Monsieur fait le beau, Madame l'intouchable.

Le soir, je vais boire ma bière de bienvenue, Milan, le barman , est français, il vit ici depuis un an. Mes voisins de comptoir sont australiens, néo-zélandais et américains.

Au fil des verres, j'apprends une nouvelle qui va littéralement transformer mon passage dans la capitale argentine.

 

« On va à un festival demain soir » me dit le couple kiwi.

«-Cool, c'est quoi comme festival ?

- Personal Fest, c'est un gros événement, demain, y' a Lenny Kravitz et les Strokes !

-Trop bien !

-Ouai c'est cool, on est super content ! On hésitait à prendre un ticket pour les deux jours, mais c'est un peu cher, tant pis on va louper Sonic Youth ….

-Quoi !!!??? Y'a Sonic Youth qui passe samedi à Buenos Aires ! Putain, Sooo niiiic Youuuuuuth !!!? Sérieux ?

-Ba oui, y'a The Kills aussi !

-Dites moi pas qu' c' est pas vrai ! Putain ! J' les ai toujours ratés quand ils passaient en France, et là, tu m' dis qu'ils jouent à Buenos Aires ... au moment où je m'y trouve ! Truc de fou ! J'ai pas le droit de rentrer à la maison en disant : « hey les potes, j'ai failli voir Sonic Youth et The Kills à Buenos Aires », c'est mort, j' y vais direct ! C'est combien ?

-250 pesos ( 60 dollars ) !

-Ah ouai, quand même, rien à foutre, j'y vais !!! Si çà c'est pas un cadeau d' la vie, j'y connais rien ! »

 

Je me lève tôt le lendemain, file dans le centre pour aller acheter ma place.

Des manifestants sont dans la rue, ils défilent dans l' Avenida Presidente Julio A Roca, ils viennent de la Pyramide de Mayo, l'obélisque, se rassemblent autour d'une fontaine. Des professeurs et des étudiants en médecine, des infirmiers. Les leaders sont debout sur un char construit pour l'occasion, en blouse blanche, ils hurlent dans un mégaphone, haranguent la foule. Même si je ne sens pas la moindre dose d'insécurité autour de moi, j'observe brièvement les évènements et m'en vais, je ne veux surtout pas me retrouver au milieu de ce grand bordel, comme dirait l'autre, il vaut mieux prévenir que guérir.

 

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Je continue ma ballade dans Calle Florida, une grande rue piétonne. Le quartier fait très européen, les boutiques et les panneaux publicitaires se suivent, à la différence que des vendeurs marginaux étalent leurs marchandises en plein milieu du passage, sur les pavés. Ils vendent de l'artisanat bon marché, des bijoux, des vêtements, de la contre marque.

Des musiciens, assis entre deux magasins, jouent des arpèges et des solos de flamenco, un groupe de rasta reprend du Bob Marley. Il est à peine midi, mais les meilleures places sont déjà prises, les retardataires trainent leurs amplificateurs à l'aide d'un diable, réfléchissent de longues minutes avant de choisir l'endroit où ils s'apprêtent à s'installer pour gagner leur journée. Les danseuses de tango prennent la pose.

 

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J'entre dans un grand magasin de musique à étage, prend l'escalator pour me rendre à un guichet.

J'ai mon précieux entre les mains, je le regarde plusieurs fois, vérifie la datte, le tourne, le retourne. Le disquaire, en bon professionnel, passe l'album Dirty de Sonic Youth. Je vais les voir, oui c'est sûr maintenant, je vais enfin les voir.

Je pars ensuite à Rétiro, il faut que je prenne mon billet de bus, je dois rejoindre Aoitef à Florianopolis, au Brésil. Je vais chez Pluma, une agence de voyage, j'achète mon aller simple pour 550 pesos ( environ 110 euros ), ce trajet me prendra 26 heures.

La gare est cernée de quartiers pauvres, on distingue des maisons sans toits, à peine construites, qui abritent des familles entières, des containers de camion rouillés faisant offices d'habitations.

Çà grouille de monde, je fais très attention, j' essaye d'avoir les yeux partout, à force de trop regarder les journaux télévisés on s'imagine que l' Amérique du Sud rime uniquement avec violence, mais il n'en est rien, en tout cas pour l'instant je n'ai ressenti de la peur nul part où je suis passé, je touche du bois.

 

 

( … )

 

Le grand jour est venu, il est 16H00, je m'apprête à rejoindre le boulevard Independiente pour prendre mon bus. Il fait beau, j'ai passé ma journée à marcher sur les pavés de SanTelmo, à regarder des gamins jouer au foot sous le pont de l' autoroute, à prendre des photos.

 

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Depuis que je suis arrivé en Amérique du Sud, mon périple musical est en « stand by », je n'ose pas sortir ma caméra par peur d'attirer la convoitise, mais aujourd'hui, je vais prendre le risque, si je me fais voler, j'aurai fait mon travail de « journaliste ».

 

Je pénètre sur le site, il fait encore jour. Je passe le contrôle des vigiles sans grande difficulté. L'alcool est interdit, çà va me changer de participer sobrement à un festival.

L'arène est immense, on distingue trois scènes. Les deux plus grandes sont l'une à coté de l'autre, la principale, la Personal Fest, sera consacrée à de la musique rock, verra passer The Kills, INXS , Sonic Youth, la seconde, la Motorola, accueillera de la « world music », avec les argentins de Calle 13 et leur show latino hip-hop. La troisième scène, isolée, fera la part belle à des groupes locaux expérimentés.

 

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Je récupère le programme : « Bon... The Kills joue à 19H30, Sonic Youth à minuit et demi, il va falloir que je patiente. Entre les deux...INXS, je ne sais pas à quoi m'attendre sans Michael Hutchense, bon... à voir quand même. Damian Marley, hum..., si les gènes créatifs du père lui ont été transmis, ce doit être un gars inspiré, faudra que j'aille jeter un coup œil, les autres... connais pas, j'aurai peut-être de bonnes surprises. »

 

Voyant arriver l'heure, je m'avance vers la Personal Fest, m'approche des grilles, je veux voir les Kills de près.

Je regarde leur équipe mettre la scène en place, brancher les micros, les gros amplis Vox, « test son, un deux, un deux, ha ha , ho, yeah, yeah ». Les types savent ce que veulent nos deux stars, ils font les balances à leur place.

La Motorala vient de se taire, la fumée artificielle embaume la scène, les cheveux rouges d'Alison Mosshart et la casquette de marin de Jamie Hince apparaissent sous les applaudissements, les sifflets et les hurlements. Ils respirent le rock'n roll, lui, avec son look de dandy destroy, elle, crachant par terre et buvant du champagne au goulot. Ils vont jouer l'intégral de Midnight Boom, pas plus, pas moins.

C'est impressionnant de voir l'énergie qu'ils déploient, ils ne sont que deux, pas de basse , pas de batterie, quelques touches de clavier, une guitare méchamment efficace, pas de solos, pas de « branlette de manche » mais des riffs en veux tu en voilà, et cette voix venue de sous terre, sensuelle, rageuse, tendrement gueularde, habitée, amoureuse. Le talent au service du minimalisme.

 

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Au moment où j'entends Black Ballon, mes jambes frissonnent, plus personne ne bouge, nous sommes tous envoutés par le charme d'Alison, par cette ballade pop-underground qui se joue sur une corde de mi.

La dernière note raisonne, l'équipe d' INXS est déjà en train de transformer la scène, de l'autre coté, Damian Marley fait son entrée, portant fièrement le maillot de l'équipe d'Argentine, ses longues dread locks lui arrivant aux mollets.

 

« Est-ce que vous aimez Bob Marley » dit-il, « Yeah » répond la foule, « Get up stand up, stand up for your right ». Et c'est parti, Damian reprend l'intégral des tubes commerciaux de Papa, pas une composition, pas un titre original, je dirai donc : sans commentaire ! Il a sûrement écrit des morceaux intéressants, il n'est pas décidé à les jouer ce soir. Désolé, j'adore Bob mais je zappe...

 

Je pars vers la troisième scène, j'y vois un groupe argentin très intéressant qui envoie du rock psychédélique, des morceaux de dix minutes. Les musiciens sont très très bons mais la voix espagnole ne colle pas à la musique, comme avec le français, il semble compliqué de trouver une mélodie vocale qui sonne avec ce type de musique et ne fasse pas « gnan-gnan ».

 

Le grand show, non pas à l' américaine mais à l'australienne, est sur le point de commencer.

INXS, on aime ou on aime pas, ce qui est sûr, c'est qu'ils ont laissé une empreinte indélébile dans l'histoire de la pop-music. J'ai aimé ce groupe, essentiellement parce que Michael Hutchense était une rock star, un beau gosse avec une voix atypique tellement torturé qu'il s'en est donné la mort.

Son remplaçant ressemble au gendre idéal de Sydney, à un joueur de foot australien, à un manequin de salon de coiffure, la tête carrée, la peau lisse, les cheveux courts, les yeux clairs.

Cela ne tient qu'à moi, mais quand je l'entend chanter j'ai l'impression d' écouter un vainqueur de concours télévisé spécialiste en vocalises. Sa voix est puissante, il chante juste, trop juste, il lui manque l'attitude.

Les musiciens sont les mêmes, le son est donc parfait, j'ai juste le sentiment que INXS fait des reprises... d' INXS. Ce n'est pas simple de remplacer un chanteur de cette envergure. Le public est ravi.

Une heure trente plus tard, les australiens disent au revoir.

 

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L'équipe de Sonic Youth prend le relai. Comme pour The Kills, je profite du fait que la majeur partie du public s 'en aille pour me m'approcher au plus près. L'espace est divisé par deux, la configuration scénique est intimiste, comme-ci le concert avait lieu dans une cave, dans un garage, la batterie est proche de la fausse. Les techniciens déballent d'énormes racks de pédales d'effet.

J'attends une heure debout, ne sortant pas de mon espace vital d'un demi mètre carré. Sur l'autre scène, le chanteur de Calle 13, au survêtement à trois bandes jaune fluorescent et à l'égo sur dimensionné, fait durer le plaisir, de notre coté, le public s'impatiente, il hurle « Calla te calle 13 !!! » dés qu'il voit sa tête sur les écrans géants et « Sonic Youth ! Clap clap clap ! Sonic Youth ! Clap clap clap ! » pour abréger le débat.

La messe underground commence. Ils ont pris un coup de vieux nos héros des années quatre vingt-quatre vingt dix ! Ils ont des tonnes de cheveux blancs, mais dans le fond, ils n'ont pas changé. Ils n'ont jamais vendu leur âme contre des succès planétaires et des premières places dans les hit- parades. Ils sont restés eux-mêmes : « Si t'aimes notre musique c'est génial ! Si t'aimes pas, on s'en branle, t'es pas obligé d'écouter ! », jamais de compromis, à vingt miles lieues du star-system, des éternels adolescents disant « fuck » au système, des chercheurs qui considèrent que le bruit est une musique.

Et dire que j'appelais encore Maman pour qu'elle m'essuie le derrière quand ils sortaient, en 1985, leur troisième album  Bad Moon Rising....

Une heure et demi de dissonance, de distorsion. Lee caresse sa guitare dévernie avec un archet, la prend par la tête et la fait planer pour la faire raisonner, Thurston alterne les arpèges et accords lâchés, les sons clairs et inaudibles sur sa Fender Mustang volontairement désaccordée, Kim, l' adolescente ridée, a toujours cette voix anti-pop, cette attitude punk quand elle balance ses cheveux blonds au rythme de sa basse. Le set se finit sur le cultissime Sugar Cane ...

 

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La foule retombe dans le silence, se dirige vers la sortie, encore étourdie par ce qu'elle vient de voir et d'entendre. Nous ne nous rendons pas compte que nous venons de voir l'un des derniers concert de Sonic Youth, ils sont en train de se séparer...

 

Je dois rentrer à la maison, il est deux heure du matin, je marche une bonne heure avant de trouver un bus, je viens de vivre un moment exceptionnel, il ne m'arrivera rien de mal dans cette nuit argentine, demain je m'en vais au Brésil.

 

 

 

 

 

 

 

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10 novembre 2011 4 10 /11 /novembre /2011 20:37

 

 

 

 

 Ma mission « être au Brésil en une semaine » commence maintenant, à la gare routière de Santiago du Chili. Je monte dans mon bus, je ne me doute pas encore que je vais vivre le plus extraordinaire des voyages, que la fenêtre à coté de laquelle je suis assis va, incessamment sous peu, se transformer en écran de cinéma.

Rodrigo, un vieil homme, range ses béquilles, ôte son panama à carreaux , s'assoit à mes cotés et me tend la main :

 

 

« Tu vas où ? » me  demande-t'il .

«- A Mendoza ! 

-T'es français ?

-Ba heu... oui , et vous ?

-Argentin, quelle question ! »

 

Ce voyage va durer sept heures, en comptant le passage de la frontière chileno-argentine qui se situe au sommet de la Cordillère des Andes. Je vais passer mon temps à photographier, à filmer, à admirer ce paysage spectaculaire, ces neiges éternelles, et à aider mon voisin a utiliser sa caméra ( sûrement acquise grâce à un achat par correspondance) et son bon vieux « walkman cassette ».

 

Des fois, les images parlent mieux que les mots :

 

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J'arrive à destination. Ma première mission est de récupérer une carte de la ville, je dois ensuite me rendre à l'Estacion Mendoza Hostel, au 547 Primitivo de la Reita.

Je sonne à la porte après un quart d'heure de marche.

Je ne resterai que deux jours dans cette ville, je n'ai donc pas grand chose à raconter. Disons plutôt que je suis resté bloqué dans les Andes, que j'ai dû y laisser un bout de mon cerveau et qu'ici je ne prends pas le temps d' être inspiré, j'ai la tête ailleurs... Que dire donc de Mendoza ?

Qu'il peut être très dangereux pour un homme sensible de marcher dans la rue, en particulier ceux qui sont sujets à des torticolis, car les filles de Mendoza sont tout simplement … terribles ! Messieurs, si vous allez dans cette ville, vous ne regarderez jamais par terre, y compris si vous êtes accompagnés, les femmes jalouses devront donc prendre sur elles.

Sinon, c'est une ville tranquille, plutôt calme, où l'on prend du plaisir à flâner dans un parc, dans une rue piétonne, où l'on regarde des gamins jouer au foot et se prendre pour Maradona.

 

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Ne voulant pas dépenser d'argent au restaurant, je fais le choix d'aller chez le boucher pour gouter la fameuse viande de bœuf argentine.

Elle est tout simplement sublime, pour vous dire, n'ayant pas de couteau à viande à disposition dans la cuisine de l'hostel, je l'ai coupée avec... un couteau à beurre.

La vache argentine est heureuse, elle n'est pas stressée, elle vit dans une parcelle si grande qu'elle se croit en liberté, dans une parcelle si plate qu'elle n'a jamais beaucoup d'efforts à faire, elle se nourrie d'une herbe bien verte, et pour finir, elle a toujours un petit arbre à disposition pour s'allonger à l'ombre. La vie rêvée des vaches.

 

Je suis déjà sur le départ. Préparation psychologique ! Dans dix neuf heures de bus, je serai à Buenos Aires.

 

 

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