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9 décembre 2011 5 09 /12 /décembre /2011 16:00

 

 

 

 

5 heure 30... Des yeux collés, des bouches qui baillent. De nombreux lèves-tôt sont avachis sur les bancs flambant neufs de la gare routière de Santiago del Estero, prêts à partir.

Nous venons d'arriver, de manger encore vingt-quatre bonnes heures de bus. Il nous a fallu sept heures pour aller d' Asunción à Corrientes, où nous ne sommes restés que le temps d'acheter un billet pour Santiago.

Les colectivos ne fonctionnent pas encore, nous hésitons entre attendre que le jour se lève et que la ville s'active ou partir à la recherche de l'Hostel Emaus. L'envie de retrouver la position horizontale au plus vite l'emporte, nous retirons de l'argent, trouvons un taxi qui nous dépose Avenida Moreno pour 9 pesos (moins de deux euros ).

Notre chambre n'est pas des plus propres, c'est la moins chère que nous ayons trouvé ( 135 pesos ). Un couple de cafards s'enfuit au moment où nous allumons la lumière.

Nous dormons quelques heures afin de recharger les batteries car nous sentons bien que nous n'allons pas faire long feu ici. Nous sommes venus dans le coin à la recherche de simplicité et de beaux paysages.

Nous sortons en milieu de matinée pour nous rendre au centre d'information touristique, sur la place principale. Coté dépaysement, nous sommes servis, ravis de marcher dans des rues poussiéreuses, désordonnées, où les petits commerçants ne sont pas encore menacés par les magnats de la grande distribution, où des chevaux tracteurs de carrioles se mêlent à la circulation, où une bonne partie des chauffeurs de taxis roulent en Fiat Panda.

 

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La femme qui nous informe est charmante :

 

« Alors, vous pouvez aller au musée archéologique qui est juste à coté, sur la place. Vous pouvez visiter des anciens couvents, des églises, la cathédrale. Coté nature ? Bein, vous pouvez aller au bord de la rivière, c'est mignon, c'est tranquille, un zoo et un jardin botanique se trouvent juste à coté. Si vous voulez faire du shopping, il y a un petit marché couvert, vous avez aussi cette longue rue piétonne... Pour manger ? Manger bien et pas trop cher ? Pas trop cher, pas trop cher... ha si ! A coté du parc, vous avez un restaurant de très bonne qualité, çà vous coutera quand même 90 pesos à deux ( environ quinze euros ). Pour du folklore, de la musique ? Vous pouvez aller vers Boca del Tigre les gens sont en costumes traditionnels, vous pourrez voir des artisans, des artistes... »

 

Nous allons aux halles, j'aime observer les commerçants, voir ce qu'ils vendent, sentir les odeurs de nourriture, regarder les étalages des bouchers et des maraichers. Les cantines marchent à plein régime. Les locaux viennent faire leur pause de midi et manger des lomitos et des empanadas. Nous faisons notre tour, lorgnons la viande hachée rouge écarlate. Le mirage d'un steak tartare nous aveugle... Nous continuons, je suis surpris de voir des animaleries. Les stands d'oiseaux et de rongeurs en cage se succèdent. Nous avons un pincement au cœur en voyant un toucan ronger ses barreaux.

Après être passés dans la rue piétonne européenne, nous allons nous poser près de la rivière. Le paysage est reposant mais les alentours ne sont pas très propres, du plastique sommeille sur les berges. Nous regardons de jeunes garçons pêcher, s'amuser,  se pousser à l'eau.

 

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Nous passons devant le zoo. Pour changer, les moutons ne sont pas très futés. Ils bêlent sans savoir pourquoi, se suivent jusqu'à être coincés dans un angle de leur parc. Nous passons devant l'entrée :

 

«Viens, on entre. » me dit Awa

 

Les zoos me dépriment, je n'arrive pas à apprécier le fait de voir des animaux prisonniers.

L'entrée est payante. Personne ne se trouve dans la guérite , nous filons comme si de rien n'était.

Nous sommes les seuls visiteurs. Un silence de mort nous entoure. Le zoo semble abandonné. Nous ne pensions y voir que des chèvres et des dindons mais à notre grand désarroi nous passons devant un gorille, des lionnes, un puma, des jaguars qui vivent dans des conditions lamentables, dans des cellules bétonnés de quelques mètres-carrés. Même pas un bout d'herbe sur lequel s'allonger. Ils doivent se contenter d'un contact permanent avec un sol hostile qui s'effrite. Ils peinent à trouver de l'ombre pour échapper à ce soleil brutal, leurs gamelles d'eau marron sont asséchées.

Nous passons devant eux avec l'idée candide de leur donner un petit peu d'amour, mais ils ne bougent pas d'un poil, leurs muscles semblent atrophiés. Leurs cerveaux, lessivés. Certains ont tenté de creuser le sol pour essayer de s'échapper, en vain.

Comment peut on gérer un zoo sans aimer les animaux ? Quand on parle de surpopulation carcérale on trouve cela inhumain, mais qu'en est-il des ces animaux que l'on traite avec des méthodes de nazis ? Tout çà pour satisfaire la paire de touriste quotidienne qui entre sans payer car personne ne s'occupe de la caisse ? Et puis ce mec là, le seul qui a l'air de travailler ici, il n'a rien d'autre à foutre que de nettoyer sa mobylette ?

 

« Putain... même la blanche colombe est en cage... »

 

Nous nous résignons, sortons de cet endroit, révoltés. Nous nous rêvons en terroristes. « Et si nous venions en pleine nuit pour scier les barreaux. Les aigles s'envoleraient, les fauves pourraient manger un ou deux humains pour se venger, les singes découvriraient ce qu'est un arbre ! ». Le courage nous manque, « de toute façon, si l'on faisait çà, ils ne survivraient pas longtemps, ils seraient directement abattus ou dans l'incapacité de se nourrir, ils ne connaissent que leur prison Ils sont déjà morts . ».

 

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Nous marchons en peine, nous voudrions voir quelque chose de plus gai. Nous nous renseignons un peu plus sur le quartier folklorique, mais un serveur nous dit que du lundi au jeudi la ville est inerte.

Finalement la visite du musée sera le meilleur moment de ce séjour.

Marta Minujin, la grande artiste argentine, expose l'ensemble de sa carrière. L'amie d'Andy Warholl, la rescapée des années érotiques considère que « tout est de l'art ». Elle aime faire jouer le public en les faisant manger son obélisque de pain géant, réplique de celle de Buenos Aires, ou sa statue de la liberté en fruits.

 

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                     A une époque, en Argentine, le maïs avait le nom de l'or ...

 

Nous ne resterons pas plus d'une nuit, demain nous reprenons la route. Salta, j'arrive !!!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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