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3 novembre 2011 4 03 /11 /novembre /2011 18:41

 

 

 

« Allez Messieurs ! C'est l'heure ! Il est temps de partir ! Allez, hop hop, on se lève ! Nous avons un petit déjeuner à préparer ! »

Où suis-je ? Qu'est ce qu'il se passe ? Les yeux à peine décollés, je vois cet homme à l'accent indien sur son trente et un. Je baille, m'étire, tourne la tête de gauche à droite, de bas en haut. Je ne suis pas le seul à m'être endormi dans un de ces sofas.

« Allez, allez, on y va, il est 6 heure, les bus fonctionnent à nouveau, vous pouvez rentrer chez vous maintenant ! »

Je recouvre mes esprits, je me suis assoupi dans ce canapé en cuir noir, dans le salon de l'hôtel de luxe du Sky City ... les All Blacks sont champions du monde.

Après la finale, faute d'avoir réservé une chambre pour ne pas me ruiner, j'ai trouvé cet endroit par hasard. Il y avait de la lumière, je suis entré, me suis allongé, faisant mine d'être intéressé par le match de foot qui passait à la télévision, personne ne m'a rien dit...

 

Mon avion décolle dans dix heures.

 

Je retourne à la rue, les machines de nettoyage arrosent les trottoirs. Quelques irréductibles aux maillots noirs, au sortir d'une nuit blanche, titubent en marmonnant qu'ils sont les rois du monde. Ils n'ont plus la force de chanter, la fête est terminée.

A cette heure-ci, Auckland est une sorte de « no man's land », un champ de bataille inerte où les papiers virevoltants jalousent les cadavres de bouteilles.

Après avoir acheté le journal pour collecter la une du jour, je me rends à l'aéroport, sombre sur une banquette trois places, faignant de ne pas entendre des anciens souffler parce qu'ils ne peuvent s'assoir, oubliant que je suis un garçon bien élevé.

 

Je prends place dans l'avion le lundi 24 Octobre 2011 à 17H15, j'arrive à Santiago du Chili 11 heures plus tard, le lundi 24 Octobre 2011 à … midi. Cette journée est la plus longue que j'ai vécue jusqu'à présent, si l'on m'avait dit qu'elle durerait 39 heures et qu'en arrivant à Santiago j'aurai rajeuni de 16 heures...

 

Je commence à être habitué au cinéma des atterrissages en terres inconnues. Contrairement à l'autre bout du globe, le passage des douanes est expéditif. Pas de fouilles, aucunes questions, juste un tampon et un « bienvenido ». Je récupère un plan de Santiago, sors par le hall des arrivées. Une horde de chauffeurs de taxi s'agrippe à ma jambe, j'avance en disant « no gracias », grimpe dans un bus local à 1500 pesos ( 2,2 euros ), descends à la station Heroes.

« Putain çà y'est , j' y suis,  je suis en Amérique Latine !». Je réalise que quoiqu'il arrive, mon objectif est atteint. Car même si je dois rentrer avec Mondiale Assistance, je retournerai chez moi par l' ouest ! Maintenant, c'est que du bonus ! Je m' auto congratule ...

 

 

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La première image marquante de Santiago est celle des étudiants en colère qui se battent et sacrifient leur année pour que l'université ne deviennent pas un business. Des banderoles tapissent les établissements, ils sont assis devant, jouent du tam-tam en chantant des slogans, arrêtent les passants pour les faire adhérer à leur cause. J'apprendrai qu'une année d'étude coûte quelques milliers d'euros au Chili.

 

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Je trouve assez facilement la rue du Général Joffre, où est situé l' Eco Hostel ( 5 euros la nuit en dortoir ). A peine le temps de frapper à la porte, qu'elle s'ouvre devant moi. Sebastian m'accueille, me fait faire le tour du propriétaire, me présente ma chambre, la cuisine, les terrasses, le hamac.

L'endroit est charmant, c'est une sorte de laboratoire du recyclage mettant en alerte tous les hôtes sur les enjeux écologiques du monde : la consommation de l'eau, le tri des déchets, l'achat de provisions hyper empaquetées, d'aliments locaux qui ont une faible facture carbone, nos comportements. Si chacun d'entre nous fait un petit effort dans sa vie quotidienne, il y aura peut être moyen de laisser un monde « viable » aux générations futures.

Je fais rapidement connaissance avec Jean Baptiste, un ch'ti, Félix, un brésilien, Johana, une anglo-chilienne. Ils vont demain à Valparaiso, « viens çà coûte 33000 pesos, y' a le repas du midi compris , un guide. C'est super beau, c'est une ville avec plein de maisons de toutes les couleurs ». Je ne suis pas très emballé par le fait d'y aller en groupe, et le prix de 45 euros me freine un peu, c'est mon budget pour deux jours...

Le soir je rejoins Marcela, que j'ai rencontrée en Thailande. Elle m'emmène dans une brasserie typique, dans les quartiers Est, nous buvons du vin blanc mélangé à un fruit local (un goût comparable au Lychi ). Maximilian, un de ses potes, nous rejoint.

Ils insistent tous les deux, « Il faut absolument que tu ailles à Valparaiso, c'est le vrai Chili ! Lèves toi demain matin , fais le tour ! », nous refaisons le monde jusqu'à trois heure du matin, ils travaillent demain, je rentre à l' auberge. « Fais attention en rentrant, si tu croises des gens bizarres, change de trottoir », me dit Marcela.

Je ne me suis pas senti en danger la moindre fois à Santiago, je marche tranquillement, escorté par un chien d'égout. Ils sont des milliers à errer dans les rues, aucuns ne se ressemblent, ils ne sont pas agressifs, au contraire, ils sont sans cesse à la recherche de contacts avec les humains. Quand j'écris « escorté », c'est vraiment le cas, ce chien marche à mes cotés, m'attend avant de traverser la route, regarde attentivement les autres passants, prêt à réagir au cas où, et quand j'arrive face à ma porte, il me regarde avec l'air satisfait du travail accompli et retourne d'où il vient.

 

Je me réveille le lendemain à 14 heure, j'ai apprécié ce lit « king size » au matelas confortable. Je pars me promener en ville, entre Universidad Catolica et Universidad de Chili. Mon regard a toujours quelque chose à se mettre sous la dent. Les commerçants et les artisans sont rois, les petits magasins se succèdent : des réparateurs de machine à coudre, de machines à laver, de cafetière, d'électroménager, des quincailleries et des ... quincailleries.

Bien que le Chili soit un des pays les plus riches d'Amérique du Sud ( il détient d'énormes ressources naturelles, gaz, bronze, minéraux, qu'il vend essentiellement aux américains du nord ), on y trouve énormément de « petis boulots » : aux caisses des supermarchés, des jeunes vous mettent les courses dans les sacs plastiques; des cireurs astiquent les chaussures des hommes pressés; d'autres récoltent les bouteilles en verres consignées; d'autres encore vendent des journaux à la criée; des conducteurs de triporteur proposent des sandwichs, des fruits, des sodas, des barres chocolatées; je reste médusé en voyant un médecin dont le bureau est installé sur le trottoir, auscultant un patient, sa femme disant « Je lui dis tout le temps Docteur, mais il ne m'écoute jamais, il ne veut pas faire attention ! ».

Aux feux, personnes ne vous netoient les vitres en dessinant un coeur sur le pare brise de votre voiture pour vous demander la pièce, vous avez le droit à un spectacle de jonglerie ! 

Les sans abris semblent être respectés, on les laisse installer des matelas sur le trottoir afin qu'ils puissent dormir un petit peu plus confortablement, chose inimaginable chez nous...

 

Le soir à l'hostel, je me colle en terrasse avec mes compères du moment, nous vidons quelques bouteilles de vin. Je suis surpris par sa qualité, sa finesse, et pour seulement 2 euros 50... Mes amis, mes chers français, nous avons là une sérieuse concurrence, je comprends maintenant pourquoi les chiliens disent qu'ils ont le meilleur vin du monde, je dirai plutôt qu'ils ont le « meilleur pas cher du monde », je ne vais pas non plus leur donner raison.


Le lendemain matin, je file à la gare routière, monte dans le premier bus qui se rend à Valparaiso ( 4500 pesos aller retour, soit 7 euros 50 ). Une heure et demi plus tard, je marche dans ses rues. C'est une ville côtière plutôt grande, des collines ornées de maisons  coulorées s'élèvent au dessus du centre ville. Je vais dans le quartier qui semble être celui des artistes et des étudiants. Je me perds volontairement dans ces ruelles, je sourie tout seul, émerveillé par cette citée qui est pour moi, une œuvre d'art à elle seule. J'ai l'impression d'être chez moi, cet endroit ressemble au joli bordel qui sévit dans ma tête, je trouve ici ce que j'aime par dessus tout photographier, un mélange désordonné de matière : de la ferraille, des câbles électriques, de la peinture, de la terre, de la rouille, des tags, des fleurs, des pavés... Je vais vagabonder quelques heures dans cet univers magique, comme un gamin qui s'étonne de la moindre chose qu'il voit, « Dis, c'est quoi çà ? Et çà, dis, c'est quoi ? Et çà …? Et çà...? Et çà...? ».

 

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Je passe mes derniers jours entre les rues de Santiago et la terrasse de l'auberge. Je retrouve Marcela le vendredi soir, nous allons dans un club branché, La Féria, dansons sur de la bonne house-music.

Nous nous retrouvons le dimanche, elle tient à me montrer la vue du haut de la colline où la statue de la vierge Marie surveille la ville. Santiago est implantée dans une cuvette, entourée par les neiges éternelles de la cordelière des Andes.

 

Je suis déjà sur le départ, je veux me rendre au Brésil où une pote rencontrée à Goa arrive dans une semaine, je réalise qu'il va me falloir des heures et des heures de bus pour traverser le continent d' Ouest en Est, mais bon comme dirait l'autre, « c'est l'jeu ma pauv' Lucette », je vais d'abord me rendre à Mendoza, puis à Buenos Aires, puis à Florianopolis ...

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