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21 octobre 2011 5 21 /10 /octobre /2011 01:05

La veille de partir d' Hamilton, en rentrant à la maison après le match, je fais la connaissance d'une maman maori. Elle est curieuse, amicale, elle a envie de savoir qui je suis, elle mène la conversation :

 

«-Et donc, combien de temps tu vas rester à Hamilton ? » m' interroge-t'elle,

«-Je pars demain matin.

-Tu vas où ?

-A Rotorua.

-C'est drôle, les gens qui sont arrivés hier soir en survêtements noirs et rouges, nous sommes tous de Rotorua! On fait parti du club de billard de la base militaire, demain nous rencontrons les équipes d' Hamilton et d' Auckland. Tu comptes y aller comment ?

-En auto stop.

-Si çà te dis, on doit bien avoir une place pour toi, nous sommes partis à quinze voitures !

-Ce serait génial !

-Nous finissons demain vers 15 ou 16 heure, rejoins nous au club, c'est juste en face, à deux blocs d'ici.

-C'est très gentil, merci beaucoup Madame. »  

 

Le lendemain, comme prévu, je me pointe à la porte du club, mais comme son nom l'indique, seuls les membres et les adhérents sont autorisés à rentrer. La journée est déjà bien avancée, la nuit tombera dans un peu plus de deux heures, je n'ai pas envie d'attendre, je ne veux surtout pas m'imposer, il est donc trop tard pour partir le pouce en l'air. Je vais à la gare routière, achète un ticket de bus à 21 dollars.

 

En route je me familiarise avec les paysages néo-zélandais, des champs et des parcelles habillent les courbes d' innombrables collines. Les terres du pays au long nuage blanc sont peuplées par plus de moutons que d'habitants.

 

Quelque chose me frappe en arrivant à Rotorua, on dit souvent qu'une odeur est liée à un souvenir. Je me revois au collège, en cours de chimie, utilisant pour la seule fois de l'année la blouse blanche qui figurait sur la liste du matériel scolaire, à coté de flute Aulos, jouant avec un bec benzène, manipulant des éprouvettes, mais oui ça sent..., çà sent... l'œuf pourri! Oui c'est çà ! Quand nous prenions plaisir à envoyer des bombes puantes autorisées, terrorisant tout le second étage, c'est çà, c'est çà, çà sent ... le souffre à plein nez ! Le noyau terrestre n'est pas si loin.

 

M'étant mis en « mode radin » pour garder un maximum d'argent pour l'Amérique du Sud, je pars à la recherche du Kiwipaka, un camping que j'ai repéré sur la toile.

 

«-Bonjour, j'aimerai planter ma tente ici.

-Salut, pas de soucis, c'est quinze dollars!

-Attendez, sur internet c'était dix dollars.

-Ha non, Monsieur, regardez c'est marqué là, 15 dollars !

-Au revoir. »

 

Je déteste qu'on essaye de m' e....mpapaouter ! Par fierté, je tourne les talons. Je vais chez leur concurrent le plus proche :

 

«-Vingt dollars pour une malheureuse tente ! Vous plaisantez !?

-C'est un quatre étoile mon cher Monsieur !

-Pas étonnant qu'il n'y est personne... mon cher Monsieur ! »

 

Pour ce prix là, je préfère aller dans un backpacker, je vais au Base.

C'est déjà l'heure du match de rugby, Nouvelle Zélande versus Argentine, je fais quelques pas, entre dans le Lava Bar. Je rencontre Abdès, un marocain, nous regardons ensemble les All Blacks gagner.

 

Ce passage à Rotorua va être tout sauf passionnant. « Venez au cœur de la culture Maori !», « Venez visiter des sites géothermaux uniques au monde ! », qu'ils disaient dans les prospectus. Ils ont juste oublier de préciser « venez dépenser un maximum d'argent chez nous ! ». Comme dirait mon pote Richard: "enfoirés d'capitalistes ! ".

Toutes les activités sont payantes, y compris pour voir des cadeaux de notre Mère Nature.

Je me rend au centre touristique, demande à une dame qui travaille au bureau d' information : « Quelles sont les activités gratuites ? S'il vous plait. ». Elle me rit au nez, d'un air de dire « non y' a rien pour les pauvres ici ! ». Pétasse...

 

Heureusement, il est quand même possible de faire de belles ballades autour du lac, dans le parc Kuirau, dans la Redwood Forest. J'irai marcher... quand il cessera de pleuvoir.

Il pleuvra durant tout mon séjour, soit une semaine.

Pour la première fois depuis que je suis parti, je m'ennuie. Je me bats en écrivant, passe mes journées entre la bibliothèque et le Cactus Backpacker, un endroit moins cher et bien plus sympathique que le Base.

J'hésite à payer les 125 dollars pour aller visiter les parcs géothermaux, çà a l'air magnifique, mais Rémi, un français et Jayme, un chilien, m'en dissuadent :

 

« Tu pourras voir la même chose à San Pedro de Chile, pour un prix dérisoire ! ».

 

Je vais donc attendre gentiment la demie finale de coupe du monde, en espérant que la pluie cesse. Je lis les journaux, constatent la mauvaise foi des journalistes sportifs du New Zeland Herralds envers les français, vicieux que nous sommes. Ils n'ont toujours pas digéré, et cela peut se comprendre aisément, l'affaire du Rainbow Warrior, et nos " touts petits " essais nucléaires dans le Pacifique.

Je parle « rugueuby » avec les sympathiques locaux, concluant toujours par un « rendez-vous en finale », eux m'opposant un « non non, on jouera les gallois ! ».

 

Entre deux averses, je réussi enfin à me glisser dans le parc Kuirau.

Selon la légende Maori, le lac , du même nom, s'appelait Tawakahu . A l'époque, il était assez tempéré pour que l'on puisse s'y baigner.

Une jolie jeune fille voulait nager, elle se nommait Kuirau, son mari lui donna son accord, ne soupçonnant aucun danger. Mais un monstrueux Taniwha vivait dans ces eaux... Il l'observa jusqu'à n'en plus pouvoir. Et donc, un matin, il surgit et attaqua l'innocente Kuirau !

Les sages Maoris dirent qu'elle mourut de peur avant d'être plongée au fond, mais quel qu'il en soit, les dieux étaient tellement furieux qu'ils firent bouillir le lac afin de punir ce maudit Taniwha.

Depuis ce jour, le lac fut baptisé Karui en mémoire de cette jolie jeune fille qui nageait...

Les cartésiens répondrons que ce phénomène n'est rien d'autre que de la géothermie, et ils n'auront pas tort, mais je me plais à croire en cette mythologie, c'est tellement plus poétique.

Je me retrouve donc dans ce paysage « gratuit », quelque peu lugubre. La vapeur d'eau souffrée est reine, quels mutants ont bien pu évoluer dans cet atmosphère invivable. Un lieu de tournage idéal pour un film de Tim Burton.

« Je suis l'étrange Noël ! Où est Mister Jack ? »

 

                 IMG_2421.JPG

 

                 IMG_2424.JPG

 

( … )

 

 

Le soir du match, je retourne au Lava Bar avec une bande de français. Nous sommes seuls et contre tous, la foule a choisi son camp, celui des diables rouges !

80 minutes et quelques pintes de bière plus tard, c'est de la folie. Enfin.., nous sommes les seuls à chanter dans ce grand silence de mort :

« On est en finaaaaaaale, oooon est en finaaaaaaaaaaale, on est, on est, on est en finaaaaaaaaaale!!!!!!!!! ».

 

« Vous ne méritez pas d'être en finale », nous rétorque l'assistance,

« C'est quand même pas d' notre faute si les gallois sont maladroits, pour une fois qu'on gagne de cette façon, çà a souvent été l'inverse! Dominer sans gagner, c'était notre leitmotiv ! Les cinq centimètres de Bénazie, les arbitres anglo-saxons, etcétéra etcétéra ! On va pas non plus bouder notre plaisir!!!! Meeeeeerde ! Et c'est qui qu'est en final ? C'est nous ! »

 

Dans l'ivresse de la nuit, j'ai quelque peu oublié qu'il faisait froid, je me réveille le lendemain matin non pas avec la gueule de bois ( p't-être un p'tit peu quand même ) mais malade, fiévreux. Cela me pendait au nez depuis quelques semaines, affronter un temps hivernal en veste légère... C'est bizarre, parfois on sait que quelque chose de pas très agréable va nous tomber dessus, on a encore toutes les cartes en main pour l'éviter, genre acheter un blouson, mais non ! On ne fait rien ! Attendant juste la confirmation de notre prédiction. Et hop, au lit pendant deux jours ! J'entends d'ici les « bravo, félicitation mon cher Vincent, c'est çà de dormir sans culotte !!! », oui je sais, merci. C'est un peu tard, je vais avoir du mal à changer...

 

Vous aurez bien compris que cette étape n'a pas été la plus agréable de mon voyage, mais bon, je ne vais pas non plus me plaindre ( pas vrai mes chers travailleurs ? ), ce n'est tout simplement pas la bonne période pour venir dans cette zone du globe, quoi que, on en reparlera après la finale. En attendant, je suis déjà ailleurs, plus qu'une semaine avant de me remettre à parler espagnole. 

 

                  IMG 2428

 

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