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5 octobre 2011 3 05 /10 /octobre /2011 06:36

Mon paquetage est prêt. Je quitte ma chambre sans faire de bruit pour ne pas réveiller l' Irlandais.

J'ai cinq kilomètres de marche à faire pour rejoindre Ben et Bryonye. Je pourrai prendre les transports en commun mais je préfère faire cette petite économie que je compenserai sûrement par … une bière, et puis un peu d'exercice ne va pas me faire de mal, il faut dire que manger équilibré en Australie n'est pas une mince affaire, son identité culinaire se résumant en quelques mets, tarte à la viande, roulé à la saucisse, bœuf, patates et … boeuf.

Une heure et demie plus tard je monte dans la Ford Falcon bleue.

 

«-Bon alors, c'est quoi le plan ?

-The Great Ocean Road mec ! Trois nuits à camper n'importe où !

-Cool, cool ! Çà sent bon la bohème !

-Et ouai, en mode gitan, let's go ! »

 

Des champs, des vaches et des moutons défilent par milliers sous mes yeux, pendant que Bob Dylan et David Bowie chantent.

Notre première nuit, nous la passons dans un parc national, j'ai oublié son nom. Une centaine de mètres de dunes sépare l'océan de notre campement. Nous faisons un feu, à manger, jouons de la guitare et chantons. Je rentre dans mon swag, une sorte de matelas-tente, idéal pour dormir à la belle étoile.

Au petit matin, avant de tout remballer, nous rendons visite à l'océan, je ne suis pas vraiment dépaysé par ce décor qui ressemble étrangement à celui de nos côtes, la plage est exposée plein  ouest.

 

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Nous reprenons notre chemin, nous arrêtons en fin d'après-midi.

Même motif, même punition : camp, collecte de bois, feu, nourriture, guitare, chanson, belle étoile.

La troisième nuit, nous allons dans un camping, un vrai, là où l'on peut se laver, faire une machine et recharger les batteries des appareils électriques. Il pleut, le vent est violent, le paysage, stupéfiant.

Imaginez la pure campagne, comme dans les Ardennes ou en Dordogne, avec des troupeaux, des champs à perte de vue, à cinq cent mètres de l' océan, l'odeur de purin se mélangeant à celle de l'iode, des perroquets rouges épiant les bêtes, posés sur les fils barbelés qui délimitent les parcelles.

Notre dernier objectif, avant de fouler les pavés de Melbourne, est de nous arrêter aux Twelve Apostles, les douze apôtres, une des merveilles du monde, où des pics rocheux surgissent de l'eau à quelques mètres de la côte. Ils ne sont plus que huit, les autres ayant dû s'écrouler, le mythe religieux en a pris pour son grade, qui a disparu ?  Judas, (c'est sûr ), André, Jean, Pierre ?

La vue est spectaculaire, ce paysage a été sculpté par un vent à la force prodigieuse.

La fabuleuse route de l'océan porte bien son nom.

 

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Dernière ligne droite, les grattes-ciel de Melbourne nous « sautent à la gueule » !

Ben et Bry vont dormir chez un de leurs potes, ils me déposent sur Spencer Street, devant le Nomads Backpacker.

C'est un vieil immeuble, sur quatre étages, qu' une centaine de colocataires a élu pour domicile.

Le premier soir je reste sur place, profite du fait que les pâtes soient gratuites pour manger un diner à deux dollars. Je rencontre une bande de français, pour changer. Ils m'offrent des verres de goon , un vin de piètre qualité, vendu en cubi, dans lequel on peut retrouver des traces de poisson et d'œuf, une des boissons favorites des backpackers fauchés. Je finis au pub d'en bas, le U-bar, avec un néo-zélandais d'une cinquantaine d'années qui tient absolument à m'offrir de la bière, de la bonne bière.

Le jour suivant, je pars à la conquête de Melbourne, mais je vais rapidement rebrousser chemin, la queue entre les jambes. La ville est très grande, très très grande, je n'ai rien repéré, rien préparé, je ne sais pas où aller, je suis fasciné mais étourdi par cette montagne de building.

 

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Et puis, Nouvelle Zélande / France, le match phare de cette première partie de coupe du monde de rugby se profile.

Je retrouve mon nouveau pote kiwi, nous nous calons sur le comptoir. Mes compatriotes et moi faisons les beaux pendant les dix premières minutes du match, le chat noir français va-t'il rééditer ses exploits ? Non, il n'aura pas fallu longtemps pour voir l'ouragan « All Black » terrasser les petits coqs gaulois.

« Go ! Go ! Go ! Yeaaaaaaaaaah!!!!!!!!!!!! Hey Frenchie, çà va devenir compliqué maintenant !!! Allez c'est pas grave, ça va bien se passer, rebois un coup mon Frenchie! »

Se faire chambrer en direct par un néo-zélandais, « çà c'est  que'qu'chose » !

 

Sitôt le match fini, je dois rejoindre Ben et Bry dans un pub de Wellington Sreet. Je demande à un chauffeur de tramway

«- Wellington Street ? 

-Montes, je t'indiquerai quand descendre ! »

 

Il me dépose dans une rue du même nom, mais à l'opposé d'où je dois aller, je suis vers St Kilda Beach. Je mets un peu de temps avant de m'en apercevoir, je croise une bande d' indiens :

 

«-Non, t'y es pas du tout là, suis nous, on va prendre le tram, tu descends à Lindsey Street, tu vas à la gare, et tu prends le métro pour Collingwood.. Tu t'appelles comment ? …. Ha français !... T'es allé en Inde !!!?  »

 

Une fois dans le métro, c'est un type d'une quarantaine d'années, cheveux dégarnis blancs, lunettes de vue, qui me fait la conversation.

 

« Combien de temps en Australie ?.... Ha, très très bien, Uluru, il faudra que j'y aille un jour, je ne suis presque jamais sorti de Melbourne..... Bordeaux !!? Je rêve d'y aller... C'est ici que tu descends, bonne chance pour la suite ! »

 

A peine sur le quai, je demande mon chemin à deux grands gars excentriques et efféminés.

 

« Suis nous, on va par là... Ha, français !!!.... Je suis allé à Paris, j'adooooore Paris!... Coq au vin !!!.... Tu continue tout droit, c'est au prochain carrefour ! Bon vent mon joli ! »

 

J'entre enfin dans le Tote, trois heures après m'être lancé à sa recherche, tous ces gens que j'ai croisé étaient vraiment amicaux, serviables et curieux, bien moins rudes que les australiens du nord.

Je retrouve Ben et Bry, ils regardent le concert, une pinte de bière à la main.

 

«-Hey Vinnie, t'en as mis du temps !?

-Truc de fou, j'vous explique... »

 

Un quatuor chevelu, un bassiste, un batteur, un guitariste et un chanteur, à grands coups de breaks destructeurs, de « branlage » de manche et d' hurlements gras, envoie du bon gros métal. Le lieu est sombre, la lumière est rouge, des tags et des affiches de concert superposées les unes sur les autres ornent les murs. Je retrouve cette ambiance, cette odeur moite, mélange de sueur, d'alcool et d'haleines nicotinisées, que je cherchais dans les bas fonds et les caves de Bordeaux, çà faisait longtemps... Underground, quand tu nous tiens.

Je rencontre Joe, un pote de Ben et Bry, un  folk singer ressemblant étrangement à Robert Plant.

Un deuxième groupe va faire son apparition, le son est aussi puissant, l'approche musicale est plus cérébrale, le chanteur-guitariste, à la raie sur le coté, porte un t-shirt sur lequel est imprimé l'affiche d'« Eraserhead », le film de David Lynch, il ne gueule pas, il chante ! Un peu à la manière de Chino Moreno, un des Deftones.

 

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Au moment de quitter les lieux, notre soirée se transforme, malgré nous.

Avec Ben, nous nous dirigeons tous les deux vers les toilettes, la foule est dense, nous nous faufilons, à deux pas de notre salut, un gars agrippe Ben.

 

«-Heyyyyy!!! T'as poussé ma copiiiine, tu t'excuses immédiatemeeeeent !!!!!!!!!!!! 

-J'ai pas fait expr... »

 

A peine le temps de finir sa phrase, Ben reçoit un coup de boule dans les dents. Le gros type lui saute dessus, je saute à mon tour sur lui pour ne pas qu'il s'acharne sur mon pote, je lui bloque les bras, Ben réussit à s'extirper, je prends des coups de poing et de pied, je lâche le type pour me protéger le visage, ils sont trois sur moi, je reste en appui sur mes jambes, cette fois-ci c'est Ben qui me tire dans le couloir des toilettes. Un des gars se présente face à moi, j'évite son coup de poing, avant qu'il se fasse attraper et tabasser par un videur.

 

«-Vous deux vous sortez !!!

-Mais on a rien fait ?!...

-Je sais ! Mais vous sortez quand même ! »

 

Face à la porte, les gars nous attendent, nous échangeons juste des mots, je vois ma casquette sur une autre tête que la mienne, je la récupère et nous filons.

 

Bry nous engueule :

 

«-Qu'est-ce que vous avez été chercher la merde ? A deux contre six, vous êtes graves !      

-Mais on a rien fait, on voulait juste aller aux chiottes!

-Ha bon? Désolée...

-L'autre, il attendait que çà, trouver un prétexte pour expulser ses frustrations d'alcoolique, ce genre de gars ne pensent qu'à se bastonner, il a dû faire une overdose de testostérone, voulais impressionner sa meuf, « regarde ma chérie comme je suis fort, ha ha ha !!! », çà va Ben ?

-Il m'a explosé la lèvre, mais sinon çà va, et toi ?

-J'ai eu d'la chance, ils ne savaient pas viser, juste un bleu à la hanche.

-Putain d' hooligans à la con !

-Tu l'as dit !

-Merci Vince, j'apprécie ce que tu as fait.

-T'as pas à me remercier, t'aurais fait la même chose pour moi, j'allais pas regarder et rien faire.

-Merci mon pote.

-De rien mon pote. »

 

Nous rentrons jusqu'à chez eux en taxi. Le chauffeur me dit de marcher tout droit pour retrouver mon hostel, je vais mettre deux heures avant d'être dans mon lit, me perdant, me retrouvant sur le terre plein d'une voie rapide. Je repense à ce qu'il vient de se passer, que retenir de çà ? Qu'il y a des connards partout ? Qu'il faut toujours faire attention ?

 

Je passe le lendemain sur mon lit, je décuve, me repose, je regarde l'intégralité de la série Spartacus, soit treize épisodes d'un cinquantaine de minutes....

 

Il ne me reste plus qu'aujourd'hui pour découvrir Melbourne, elle est fascinante, mais je me rend bien compte que quelques jours ne suffisent pas pour la comprendre. Il faut y vivre. Je pars sur Fitzroy le quartier artistique, hippie chic, tagué de partout, bondé de magasins « vintages » , de cafés et de restaurants à l'européenne. Je marche toute la journée, rejoins Ben et Bry sur Collingwood, Joe joue au Blue Tile Pub, nous allons le voir.

 

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Clémence, la fille qui nous accompagnait, Sean et moi, quand nous sommes allés à Katherine, vient de m'appeler, elle est sur St Kilda Beach. Un dernier bout de chemin en tram, je la rejoins, elle est avec Aoitif, une autre copine, rencontrée à Darwin. Nous parlons de tout ce qui nous est arrivé depuis que nous nous sommes quittés. Quelques dernières bières à Melbourne, quelques derniers « chin-chin », je rentre au Nomads. Demain, nous partons à Canberra.

 

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commentaires

A
<br /> Quelle aventure!! Fais attention à toi Vincent, c'est vrai que l'on peut faire de belles rencontres mais ce n'est pas tout le tps le cas...<br /> Prends soin de toi, bisous!!<br /> <br /> <br />
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