Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
10 octobre 2011 1 10 /10 /octobre /2011 02:50

8H37, je monte dans le free circle's tramway, celui qui fait le tour du centre ville de Melbourne gratuitement. Je rejoins Ben et Bry au Queen victoria Market.

Ils sont assis en terrasse, mangent leur bacon and eggs quotidien face au vent. Je commande un croissant gros comme mon avant bras que je plonge immédiatement dans mon café « take away ».

 

«-Alors ? Prêts ?

-Ba oui, y'a plus qu'à !T'as fini comment hier soir.

-Seul dans mon lit... J'suis allé à St Kilda, j'ai retrouvé des potes que j'avais rencontrés à Darwin, on a papoté et bu quelques bières.

-Gueule de bois ?

-Non non, j'suis pas rentré tard. »

 

Il fait froid, nous prenons la direction de la voiture, les mains dans les poches, le nez caché dans le col de notre veste.

 

( 8 heures plus tard )

 

«-Putain !... Çà fait bizarre de revenir à Canberra. Je l'avais presque oubliée. », nous dit Ben. 

 

Il est parti de Canberra sept mois plus tôt, à la recherche du grand frisson australien. Ben a fait le tour de son pays, avalant plus de 40 000 kilomètres au volant de sa voiture, jonglant entre travail et plaisir. Ici, on prend réellement conscience des distances. Dans certains « trous paumés », des bushmen, des types qui travaillent dans des catle-stations ( des ranchs ) ou dans des communautés aborigènes, font plus de 300 kilomètres pour sortir au pub le samedi soir..., donc, même pour un australien, se lancer dans un tel périple est tout sauf ordinaire. Combien d'entre nous ont fait le tour de l'Europe en voiture ?

 

Avant toutes choses, nous roulons jusqu'au sommet d'une colline qui surplombe la plaine de Canberra.

 

«-Alors qu'elle est ta première impression de Canberra ? » me demande Bryonye.

«- Elle a l'air propre, calme...

-Pour être calme, c'est calme !

-Y'a l'air d'avoir beaucoup de costumes-cravattes !?

-C'en est pollué!   

-Pourquoi ont-ils choisi Canberra comme capitale ? Sydney et Melbourne sont bien plus massives, ont bien plus de caractère !

-Je crois que... justement ! Il y avait une petite gué-guerre entre les deux villes, quand il a fallut trancher, ils l'ont choisie pour le symbole. En aborigène, Canberra veut dire lieu de rencontre, ou quelque chose comme çà. Les tributs des quatre coins du pays se rassemblaient ici. »

 

              IMG_2380.JPG

 

Nous allons passer trois nuits chez la mère de Bry. Elle m' accueille de la meilleure des façons, j'ai le droit à ma propre chambre, à un grand lit. Je fais presque parti de la famille. Ben et Bry ne buvant pas beaucoup de vin rouge, elle est toute heureuse d'avoir chez elle quelqu'un qui ne sache pas dire non, et en plus « un français de Bordeaux »!

Je profite de ces jours pour régler des taches administratives, j' envoie mes « tax back », les taxes que j'ai versé à l' Etat quand je travaillais, qui vont m'être remboursées, je vois avec ma banque pour obtenir une carte bancaire qui me permette de ne pas trop payer de commissions sur mes retraits d'argent à l'étranger. Je décide de ne pas virer mes dollars australiens sur mon compte en banque français, je les dépenserai en Nouvelle Zélande et en Amérique du Sud.

 

Le calme avant la tempête, le Dragon Dream Festival se profile en fin de semaine, nous emmagasinons un maximum d'énergie, car si le temps ne change pas, nous allons avoir froid, très froid.

 

            IMG_2386.JPG

 

( …. )

 

C'est le jour J, nos affaires sont prêtes, un petit tour au supermarché pour faire les provisions et nous serons...

 

En face de l'entrée. Le site est a quinze kilomètres de Canberra, dans un parc national, à une centaine de mètres d' altitude. Nous patientons une bonne demie heure avant de nous présenter devant le barnum qui fait office de guichet, de tendre nos billets prépayés 90 dollars à la hippie qui nous scotche un bracelet au poignet. Elle nous donne des sacs poubelle et un programme :

 

« Pas de feu, tout ce qui est recyclable dans le sac bleu, le reste dans le blanc. Vous roulez tout droit pendant 3 bornes, bon festival ! » nous dit-elle mécaniquement.

 

A la porte du camping, Bindu, un pote de Ben, nous accueille et nous montre le chemin. Le camp est déjà en place. Mick, un autre ami, arrive avec son van couleur crème.

Je déroule mon swag ( matelas-tente ), le protège avec une bâche étanche bleue.

Ben et Bry font une sieste pour être en forme ce soir, je pars faire mon tour de reconnaissance.

 

Les organisateurs finissent les préparatifs, les régisseurs font les balances, testent les lumières.

Trois scènes se distinguent, l'Air, l'Eau et la Terre. Les deux premières sont à ciel ouvert, elles ressemblent à des jardins psychédéliques aux couleurs fluorescentes, des petits pays merveilleux qui auraient ravi Lewis Carroll. La dernière prend la forme d'un chapiteau de cirque, elle abrite une estrade où se joueront des concerts acoustiques, des live-music. Le sol est recouvert de moquette et de coussins, le sas est un vaste meuble à chaussure, un panneau indique de se déchausser.

Le village fait le lien entre les trois mondes : un dôme blanc où des gens en quête de spiritualité pourront se réfugier, méditer, redescendre et écouter les paroles d'un sage ; une rue de stands où des commerçants vendent des vêtements, des bijoux, des peintures, des objets décoratifs, des huiles essentielles et des herbes magiques qui représentent une alternative aux drogues de synthèse, permettant de planer « bio »; et bien sûr de la nourriture, les vendeurs de fast-food se faisant tout petit face à ceux qui font la promotion d'aliments organiques.

 

Les hostilités n'ont pas encore été lancées mais on peut sentir que la foule est prête à en découdre.

Le style des participants est sensiblement le même que chez nous dans « les teufs trance », les filles ressemblent à Pocahontas ( en plus rock'n roll ), avec leurs jupes d'indiennes, leurs cheveux tressés, leurs larges ceintures en cuir retourné, mis à part qu' elles portent des bottes en caoutchouc à petits pois. Les mecs s'appliquent à ne pas avoir de dégaine, c'est toute une science ! Avoir le bon pantalon, trop large, troué de préférence, qui tombe sur des chaussures de skater, arborer une bonne vielle veste de survêtement vintage. Une différence notable, des types sont déguisés en Batman, en Spiderman, ont dirait des figurants qui bossent à Euro-Dysney, ils veulent sûrement offrir un délire visuel aux clients du Docteur H.

Des kilomètres de dread-locks flottent dans l'air.

 

C'est parti pour trois jours d'orgie, d'allers-retours entre le site et le camp, de communion avec la boue, trois jours pour s'amuser, pour faire des rencontres, pour refaire le monde, oublier l'actualité, toutes les facettes de cette société de consommation que nous subissons et rejetons, trois jours pour se défouler, pour gueuler ! Trois jours de froid...

N'ayant qu'un bonnet en guise d'affaires d'hiver, j'enfile trois t-shirts, une chemise et ma  bonne vieille veste de survêtement vintage .

Sur les dance-floors extèrieurs, la psy trance bat la mesure. A l'intérieur, des groupes se suivent.

C'est ce que j'apprécie dans ce Dragon Dream Festival, la musique électronique ne règne pas sans partage, on peut se mettre à l'abri, s'affaler sur un coussin et voir des performances de qualité : un groupe d' acid-jazz déguisé en Super Poulet qui envoie un son proche de celui de Magma, une bande de gitans virtuoses qui donne l'impression que jouer du jazz-manouche est d'une simplicité enfantine, quatre adolescents qui balancent un rock 70's de haute volée, ils avaient « - 25 ans » quand Jim Morrison est mort, quand John Bonham « partait en vrille » sur Moby Dick, mais ils maitrisent sacrément bien leur sujet, ils ont compris tous les codes, un chanteur charismatique et sexy qui s'approprit toute la scène, un unique guitariste, capable de faire la ryhthmique et des solos de dix minutes, un batteur qui chante ses rythmes, qui utilise tout les éléments de son instrument, un bassiste en retrait... Des musiciens, des vrais, des branleurs ! 

Entre rester dans cette ambiance surchauffée et danser dans le froid, mon choix est fait, je préfère enlever mes chaussures.

Je passe le plus clair de mon temps avec Bindu et Mick, ils sont marrants, allumés. Ils me font penser à Hunter Thomson, docteur en journalisme, et à son avocat, en moins tarés.

 

« C'est cool d'avoir un frenchie cette année avec nous, çà nous change un peu! »

 

             IMG_2388.JPG

 

 

Joshua, cheveux longs, barbe de quelques mois, le frère de Ben, nous a rejoint le deuxième jour.

Lui aussi est musicien, il chante une sorte de punk-folk en grattant des accords majeurs. L'ensemble n'est pas hyper mélodique, mais ces paroles sont critiques, il est rempli d'émotion, d'énergie. Je l'ai vu jouer à Canberra, j'ai adoré le voir faire tache à coté de folk-singers appliqués qui se chauffent la voix, en rajoutent des tonnes. Lui, il est en mode « j'en ai rien à branler ». Un « putain » de personnage !

 

C'est avec Josh que je rentre ce dimanche soir. Je dois retourner sur Canberra pour prendre le bus qui me conduira à Melbourne, d'où je m'envolerai pour Auckland.

Ben et Bry ne sont pas en état de conduire, je ne vous parle même pas de Bindu et de Mick qui doivent encore se trouver dans un monde parallèle.

Nous nous décidons à faire du stop, et à notre grand bonheur, la seconde voiture que nous croisons est la bonne.

A Canberra, c'est un pote de Josh qui me déposera à la gare routière.

Je ne me suis pas lavé depuis trois jours, je n'ai pas réellement dormi non plus. Encore un peu de patience, dans une trentaine d'heures je pourrai sentir le contact d'une eau chaude sur ma peau, me glisser dans des draps propres. C'est quoi trente heures finalement ? Pas grand chose...

 

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de magicworldtour
  • : Sur les traces de Jack Kerouac, de Santiago le berger et d'Alexander Supertramp... A la recherche de l'inspiration, de la musique et de la sagesse....
  • Contact

Recherche

Liens