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13 octobre 2011 4 13 /10 /octobre /2011 02:04

Mon bus arrive, je suis encore sur le départ, à la gare routière de Canberra...

Je passe les huit heures de trajet à dormir, j'en avais bien besoin après le Dragon Dream Festival.

J' ouvre les yeux à Melbourne, au petit matin. J'ai 15 heures à tenir avant d'aller prendre mon avion.

Je vais dans un café prendre ma dose d' expresso, puis file dans un parc.

Le soleil est de retour. Je suis un vagabond avec mes deux sacs à dos, ma poche plastique en guise de garde manger. Je n'ai nul part où aller, et dans ce présent, je n'ai aucun but si ce n'est d' attendre que le temps passe.

Je me cale sur un banc, j'observe avec jubilation les regards méprisants que m'offrent ces passants qui sortent à l'instant de leur confort pour aller courir ou travailler.

Tel une résistance s'opposant au passage du courant, tel une fusée de détresse lançant l'alerte Grand Froid, mon visage est chaud, rouge de ces trois derniers jours hivernaux, de ce vent qui n'a eu de cesse de le fouetter, rouge de fatigue, d'un manque de sommeil et d'hygiène évident. Je comprends maintenant pourquoi les clochards ont... le visage rouge.

Je m'amuse de cette situation, car je sais très bien que je vais très vite rentrer dans le rang, j'en profite pour essayer de comprendre.

 

Après un pique-nique sur l'herbe sèche, je me décide à prendre la navette pour me rendre à l' aéroport, il est 15 heure.

Je traine dans les terminaux, poussant mon chariot à roulette, je regarde les panneaux des destinations, les hôtesses de l'air pressées qui marchent vite et passent par les portes interdites au public, les gens qui accueillent les arrivants, le sourire aux lèvres, ceux qui déposent les partants, la larme à l'œil, les enfants turbulents qui mènent la vie dure à leurs parents, les autres solitaires. Ce théâtre est mon arme pour tuer le temps.

 

23h55, au moment où une trentaine de supporters français se rendant en Nouvelle Zélande pour la coupe du monde de rugby chantent en cœur des chansons paillardes, une voix retentit :

 

« Votre attention s'il vous plait, les passagers du vol GQ 215, à destination d' Auckland, sont attendus en salle d'embarquement, porte 8, les passagers du vol GQ 215... »

 

Enfin...

 

( … )

 

5 heure du matin, heure locale, soit trois heures plus tard. Les équipes de nettoyage de l' aéroport d'Auckland sont déjà au garde à vous. Je ne pourrai accéder à la chambre que j'ai réservé avant 14 heure, je somnole sur un banc. Au moins, ici, ils ne posent pas d'accoudoirs entre les sièges, je peux m'allonger confortablement.

 

( … )

 

Je pousse la porte du 93-95 de l'avenue Anzac, j'entre dans le City Travellers Auckland qui se situe près de la zone portuaire.

 

«-Bonjour, j'ai une réservation pour deux nuits

-Salut, ton nom ?

-Noël, Vincent Noël .

-Hum...attends.... je ne te trouve pas. Comment as-tu réservé ?

-Par internet.

-Non, pas de Vincent, pas de Noël... Attends...Ha si ! Tu as bien réservé, mais à partir de demain. »

 

Je me vois déjà partir à la recherche d' un autre hôtel en trainant les pieds, je ne m'en sens pas la force.

«-Et tu as un lit de libre, là maint'nant ?

-Attends.... ouai !

-C'est combien...?

-Le même prix, 25 $ !

-Je t'aime !!! Merci !!! »

 

Je rentre dans ma chambre, quatre lits sont disposés, je salut mes nouveaux colocataires. Ils portent le maillot du quinze de la rose.

 

«- Un français !!! Çà va être chaud samedi, dans cet hostel, y' a que des anglais qui n'attendent qu'une chose, manger des grenouilles ! Hahaha, si on vous bat, à nous la finale !

-On verra bien, c'est toujours du 50/50 entre vous et nous, c'est sûr que si on continue à jouer comme çà, çà ne va pas être évident. Mais bon, contre vous, c'est toujours un match spécial, la motivation est naturelle... »

 

Effectivement, à mon étage il n'y a que des agents de Sa Majesté ! Je prends une des meilleures douches de ma vie, m'écroule sur mon lit pour ne me réveiller que le lendemain. Il est... 15 heure.

 

Contrairement à la plupart des auberges où je suis passé, je n'aurai presque pas de contacts avec les autres voyageurs. Ils font jeunes, un tantinet puériles. La seule personne avec qui je vais discuter est Kristina, une autrichienne de 28 ans, étudiante en musicologie.

 

Je ne vais pas trop m'attarder en ville, je sors juste me promener quelques heures pour réfléchir à la suite de mon voyage. En fin de semaine, avec les ¼ de finales de la coupe du monde, les prix vont monter en flèche. J'aurai à payer 55 $ si je veux rester dans la même chambre. Il faut que je bouge, mais où ? Je feuillette les brochures que j'ai récupérées au centre touristique. Je ne veux pas trop m'éloigner car il faudra que je revienne sur Auckland pour reprendre l'avion, j'ai envie de voir quelque chose d'authentique, et bien sûr, je n'ai pas envie de mettre le prix.

Je me fais le film tout en marchant sur Britomart, dans Queen's Street. Des maillots de rugby de toutes les couleurs défilent dans les rues, ornés d 'écussons. Des coqs, des poireaux, des fougères, des pumas, des wallabies, des chardons, des trèfles, des roses, des gazelles...

 

          IMG_2396.JPG

 

          IMG_2397.JPG

 

« Çà y'est je sais ! ». Je veux aller à Rotorua, je veux voir ces sites géothermaux uniques au monde.

Comment j'y vais ?

 

Flashback, Melbourne, Le Ubar, avec une bande de néo-zélandais :

 

« Moi je serai toi, Frenchie, je m'achèterai une tente et je partirai le pouce en l'air. Les gens sont supers cools chez nous. En plus t'es un mâle ! Te prends pas la tête mec ! Fais du stop ! »

 

Ces paroles raisonnent encore dans ma tête. Mon expérience à Canberra a été plutôt concluante, au pire, si je galère mais que j'ai une tente, j'aurai toujours un endroit où dormir.

C'est décidé ! Je file m'acheter un igloo et rentre à la maison.

 

J'étudie la carte de l'ile du nord. Sur le chemin se trouve Hamilton, c'est à 126 kilomètres au sud, je vais passer par là. Je repère les routes. Ce n'est pas compliqué, il n' y en a qu'une principale. Maintenant, où est ce que je commence ?

Il faut d'abord que je sorte en périphérie de la ville, car ici personne ne me prendra, que je trouve où accéder à cette autoroute interdite aux piétons. Je prendrai les transports en commun jusqu'à Market Square. Çà, c'est fait !

Maintenant, il faut que je fasse des panneaux, que je prévois de quoi manger.

Je vais au supermarché pour acheter un cahier format A4, un marqueur noir, du pain de mie, un avocat, trois tomates, du thon, de l'humus au basilic, du salami, du fromage, des bananes, du cellophane. La nuit tombe déjà sur le port d'Auckland.

 

Le lendemain, je ne sors pas. J'en profite pour écrire, dessiner mes panneaux HAMILTON, ROTORUA, au cas où j' en prépare un sur lequel est écrit «ANYWHERE» ( n'importe où ), si la situation devient désespérée, ce panneau fera sûrement rire au moins une personne, qui s'arrêtera.

Je suis excité comme une pucelle, je vais expérimenter quelque chose que je ne connais pas, je ne peux pas savoir à quoi m'attendre, je serai dépendant d' âmes charitables, de gens qui n'aiment pas la solitude. Je n'envisage cette aventure que positivement.

Comme quand j'étais gamin, à chaque veille de départ en colonie de vacance, j'ai un peu de mal à m'endormir, cette précieuse boule au ventre est de retour...

 

 

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