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3 juillet 2011 7 03 /07 /juillet /2011 08:10

 

 

 

 

 ( Bien plus qu'une mégapole, Istanbul est un théâtre ! Un théâtre des rêves, un théâtre de la vie où chaque acteur est à sa place, tenant un rôle bien précis. C'est un spectacle aux mille et une couleurs, aux mille et une saveurs, ajoutez-y l'odeur, c'est ici que commence l'orient !

      Je n' invente rien en écrivant cela mais disons qu'aujourd'hui ces phrases ont pour moi un...  putain  de sens !

Encore une fois, il me semble difficile de retranscrire par écrit un paysage, une ambiance aussi variée, aussi complexe qui se vit et qui aiguise l'ensemble de nos sens. Ce doit être ce qui fait la différence entre un véritable écrivain et un chroniqueur, poète à ses heures. Prenez Patrick Süskind, il sait en quelques mots vous faire renifler un parfum et vous plonger dans un océan d'émotion. 

Quand vous êtes à Istanbul une envie de vivre vous envahit comme si vous flottiez, comme si vous étiez en lévitation à un demi centimètre du sol et que vous aéroglissiez sans regarder votre chemin, les yeux constamment en l'air. Istanbul c'est la modernité au service de la légende. ) 

 

 

 

 

 

 

 

             Je prends le train à Sofia vers 19h 45 après avoir passé une dernière journée à l'Hostel Mostel, allant le matin acheter mon billet et l'après-midi échanger des levas contre des turkish liras.

           Un train de nuit. Je m'installe place en wagon couchette. C'est pour moi un véritable dépucelage car je n'ai jamais voyagé dans ces conditions. 

      Dans le compartiment se trouvent trois lits superposés. Je suis seul jusqu'à Plovdiv où Sean, un américain,  pose ses affaires sur la couchette numéro 33 :

 

 

" - Salut, t'es d'où ? " me demande-t'il.

- France, et toi ?

- Cool, j'adore la France ! Je suis américain ! De quelle ville es-tu ?

- Bordeaux .

- Ha ! Le bon vin !

- Un des meilleurs endroits au monde pour le vin ! Et toi ?

- Je suis californien mais actuellement je vis dans le Tennessee ! Jack Daniel's !

- Un des meilleurs endroits au monde pour le whisky ! C'est la région d' Elvis aussi, non ?

- Assurément ! » 

 

 Nous discutons un bon moment, parlant des destinations d'où nous venons et de celles où nous allons. 

 

 

              Je m' allonge. Sean me réveille quelques heures plus tard.

« Nous sommes à la frontière, il faut qu'on sorte du train. »

  Les douaniers turques sont beaucoup moins déterminés que leur collègues bulgares. Les formalités durent une demie heure, le temps de faire la queue pour se faire tamponner le passeport.

 Dans la file d'attente se trouvent deux japonaises ( je suppose ), un marocain ( je l'ai su plus tard ), un irlandais et un italien qui discutent avec Sean, des roumains ( ils ont en main un passeport Romania ) et un groupe de quatre françaises facilement reconnaissables car nous n' entendons qu'elles. 

  Elles ne parlent pas, elles crient, rigolant comme des sottes sans prêter la moindre attention aux gens qui les entourent. 

  Quand on quitte la France, on s'aperçoit que les français, en bandes, ont de grandes gueules. 

 

 

            Seize heures plus tard, j'arrive en gare d'Istanbul sur les coups de midi. Le voyage est passé vite car j'ai réussi à dormir.

 

  Sorti de Sirkeci Station, des chauffeurs de taxi m'accostent, je refuse poliment car je suis décidé à marcher. Je prends la direction du sud sur Mardiye Cad, tourne à gauche et remonte Almedar Cad jusqu'à Sainte Sophie. Des stanboulites me demandent si j'ai besoin d'aide. Ils me confirment que je suis sur le bon chemin. Je traverse la place, m'engouffre dans Kabasakal Cad. J'arrive après une bonne vingtaine de minutes dans Arbiyik Cadessi à l'Orient Hostel.

 

  Je suis dans une chambre de trente lits ( 6 euros la nuit avec petit déjeuner ), nous sommes huit, deux québécois, trois espagnoles, un lit non identifié et un japonais androgyne à la manucure parfaite.

 Chacun est plus ou moins dans son coin. 

 

 

                       

 

                       

                   ( Vue de la terrasse de l'Orient Hostel )

 

 

Je sors vite fait vers 14 heure pour manger un vrai doner kebab à l'agneau, épicé comme il faut. Je reviens m'allonger sur mon lit pour recharger mes batteries et celles de mes appareils électriques.

  Je ressors le soir, une nouvelle fois pour manger. Je ne cherche pas la musique, elle vient à moi juste avant le bazar et la rue des vendeurs de tapis, sur une grande terrasse quadrillée par une multitude de barnums où dessous, des gens mangent et boivent le thé. 

 

  Un groupe de musique traditionnelle, un duo est installé sur scène. Ils font face à l'ensemble des tables. L'un joue du tambour, l'autre du kanun taksimi, un instrument turque qui se dompte à plat, en grattant une cinquantaine de cordes. Une sorte de harpe à la sonorité orientale.

  Je m' assois, commande des crêpes aux épinards et du thé pour applaudir les musiciens les fesses bien calées sur une chaise basse et fumer la chicha. 

 

  Un pur moment de vie...

 

 Le petit déjeuner à l'Orient Hostel est un des meilleurs moments de la journée. Avec mon pain perdu , mes céréales et mon café, je colle le nez à la baie vitrée. Mes yeux jonglent entre ma tasse, les trois espagnoles et le … Bosphore! 

  

 

  Je reste la matinée à l'hôtel, consulte internet, j' écris. Je sors de l'après-midi jusqu'à l'heure de me coucher, passant par Sulthanahmet, m'arrêtant entre la mosquée bleu et Hagra Sofia, prenant la direction du pont Galata qui relie Fatih, le quartier historique,  à ceux de Beyoglu, Galatasaray et Besiktas, traversant la Corne d'Or.

 

           Mon regard change constamment de direction. Il photographie chaque lieu chaque moment. Une rive puis l'autre, une mosquée puis une autre, un vieil homme qui tracte son magasin ambulant sur une pente à 30%, les cinq cents pêcheurs installés nuit et jour de chaque coté du pont, des grands-mères pétrissant la pâte et préparant des galettes en vitrine des restaurant, des magasins de quatre mètres-carré. Des dizaines de muezzins appellent à la prière en même temps. Une jeune femme voilée, maquillée, coquète, avec un levi's 501 qui lui va à ravir et qui parait bien plus libérée et éveillée que la plupart de nos femmes voilées françaises, des hommes pressés, des rues noires de monde à deux heure du matin, des ruelles où dans chaque bar des musiciens exercent, le derby entre Galatasaray et Besiktas au milieu des turques, des familles qui viennent prendre le thé vendu à la sauvette sur le port pour regarder le soleil se coucher sur la mer de Marmara pendant que du coté asiatique on distingue au loin un nuage de fumée noir et des flammes s'échappant d' une mosquée en feu. On peut même voir les jets d'eau des pompiers qui tentent de l'éteindre. Des enfants mendient, d'autres jouent au foot dans la cour de l'école. Des hommes sifflent comme des oiseaux pour vendre des gadgets fluorescents ....

 

 

                   

 

                   

 

                   

 

                   

 

                   

 

                   

                

                

 

 

 

 

 

 

 Je cherche à filmer les musiciens des rues et ceux qui jouaent dans les bars. Je m'offre un petit extra en allant dans une soirée drum'n bass et dub-step. 

 

Je finirai cette article en vous parlant d'un type que j'ai rencontré, Azédine. Je fumais une cigarette devant l'hostel, il est venu me demander du feu :

 

 

  « - Ah ! Tu vas en Inde ! Je vais te raconter une anecdote. Tu sais, je suis parti du Maroc il y à plus de trente ans. J'ai vécu longtemps en Amérique du Sud puis au Japon où j'enseignais les mathématiques. J'y ai rencontré un jeune français avec qui j'ai sympathisé et passé quelques jours. Il était une peu perdu, fauché. Il venait de se séparer de sa petite amie qui lui avait envoyé de l'argent pour qu'il puisse survivre un peu plus longtemps et trouver une solution à ses problèmes.

  Un jour j'étais en Inde, à Dehli. Je m'assois à une terrasse de café et ce jour là, pour une fois, j'ai acheté le Monde, chose que je ne faisais jamais. Je buvais un thé en le lisant.

  Une française ayant vu ma lecture est venue vers moi, me demandant « vous parlez français? ». Elle avait besoin de parler dans sa langue maternelle. Nous discutons, passons la journée ensemble. Elle se confie, me dit qu'elle s'est séparée de son petit ami, qu'il vit au Japon, je lui demande s'il ne s'appellerait pas Antoine, elle me dit que oui, si elle lui avait  envoyé de l'argent, elle confirme...

 

  -Elle est hallucinante ton histoire, toi qui es mathématicien, tu t'es amusé à calculer la probabilité que tu puisses les rencontrer l'un et l'autre à des milliers de kilomètres de distance dans des pays qui ne sont pas les leurs?

 

  -Elle est de zéro... »

 

  Plus tard dans la discussion :

 

  « - Mais tu sais, là, je suis fatigué. Je suis allé partout dans le monde, je ne supporte plus mon sac à dos.

  -Tu vas bientôt te poser et rentrer chez toi, au Maroc ?

  - J'y pense, je suis venu ici pour réfléchir à ça. Par contre je ne rentrerai pas au Maroc, je te dis, ça fait trente ans que je l'ai quitté !

  - Mais alors, c'est où chez toi ?

  - Nul part et partout, je n'ai pas de chez moi ... »

 

   Azédine m'a passé le flambeau, lui étant sur la fin, fatigué et usé par sa vie de voyageur, et moi ayant à peine commencé la mienne.

 

 Je ne veux pas oublier mes racines.

 

 


 

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