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5 juillet 2011 2 05 /07 /juillet /2011 11:39

 

 

 

 

( Il existe une terre magique, au nord de l'Australie, où vécu la plus vieille des sociétés humaine, le carbone quatorze ayant daté des traces aborigènes vieilles de 50000 ans. Selon la légende, ce paysage aurait été sculpté par une déesse reptile, The Rainbow Snake, qui se faufilant dans cette contrée , créa un habitat où une multitude d'êtres vivants ont évolué.

Kakadu est un espace protégé, qui s'étend sur près de 30000 kilomètres carrés, fait de massifs montagneux, de bilabongs ( trous d'eau ) marécageux, de forêts, de rivières, d'une bio diversité unique, où l'héritage tribale des Binings et des Mungguys, symbolisé par des peintures sur roche, témoigne d' une culture, d' un savoir ancestral emprunt de spiritualité et de respect pour l'environnement .

Et dire que l'homme blanc a détruit et perverti une grande partie de ce peuple. Quand je vois le visage d'un aborigène, j'ai l'impression de voir celui que j'avais, des milliers d'années plus tôt, avant que ma peau blanchisse, avant que mes yeux s'éclaircissent à force d'affronter des hivers rugueux, avant que mes ancêtres se soient décidés à quitter l' Afrique pour trouver d'autres terres.

Quand vous entrez dans Kakadu, vous faites un voyage motorisé dans le temps, c'est tellement bon de rouler sur ces routes d'asphalte, d'éviter ( ou pas ) un serpent qui traverse la route, de camper dans le bush, de grimper en haut d'énormes rochers, d'essayer de distinguer un crocodile qui pourrait se cacher au milieu des nénuphars, d'entendre un oiseau aux ailes  turquoises rire comme un singe, d'admirer ces feux naturels qui soignent la nature avec une précision déconcertante, de voir l'horizon qui n'en fini pas, d'être allongé sous sa moustiquaire et de s'endormir face à des milliards d'étoiles, la voie lactée vous sautant à la gueule.

Wouaw... On a la sensation d'être seul au monde, loin de la civilisation, à l'état sauvage... )

 

 

 

Quand Hélène, Thomas et Octave m'ont proposé de les accompagner à Kakadu, dans un premier temps, j'ai refusé l'invitation. Je voulais avoir la conscience tranquille, je venais de travailler quelques jours chez Bill et je tenais à conserver cette dynamique, je me disais qu'il fallait absolument que je trouve un autre job. Absolument, absolument, absolument...

Quand Hélène m'a dit « Si tu ne viens pas avec nous, il faudra que tu te trouves d'autres amis qui ont une voiture pour aller à Kakadu. Tu ne peux pas louper çà, autant que tu le fasses avec nous ! » , tout est devenu clair dans ma tête, elle avait raison, autant y aller avec eux !

Je les ai rencontré au Frogs Hollow. Il me semble que la première fois que nous nous sommes parlés, c'était à table, Hélène était face à Octave, ils sont tous les deux français, je me suis assis à coté d'eux et nous avons commencé à discuter, naturellement. Puis se sont enchainés quelques autres repas, nos visages se sont familiarisés, j'étais stupéfait par le rire indescriptible de cette fille, charmé par leur gentillesse. Au début elle n'arrêtait pas de me parler de Thomas, sont petit copain allemand, elle me disait qu'il était le plus beau, le plus gentil, le plus intelligent. Je ne l'ai rencontré que quelques jours plus tard, et dans le fond, elle n'avait pas tout à fait tord en me décrivant son chéri, un chic type.

Ils sont ensemble depuis quelques années, se sont rencontrés lors d'un premier voyage en Australie, trois jours avant qu'elle rentre en France. Après deux semaines passées à la maison, elle a refait ses valises et décolla pour la Nouvelle Zélande pour ne pas louper sa « perle rare ». Ils ne se sont pas lâchés depuis, ils ont continué à vivre au Canada, en Amérique Latine, au Japon...

Il y à deux mois, ils ont adopté Octave. Il a la vingtaine, passe son temps à travailler et à gratter les cordes en nylon de sa guitare classique, il a une attitude nonchalante qui me rappelle quelqu'un au même age...

 

Nous nous décidons à partir, nous sommes lundi, il est 22 heure. Thomas a emprunté un van rouge a un de ses potes, avec Octave, nous venons juste de rentrer des courses, il n'y a plus qu'à... !

Nous avons trois heures de route, roulons à 90 kilomètres heure, Octave fait le DJ, il nous passe du reggae, nous fait écouter le groupe dans lequel il jouait, enchaine avec La Rue Kétanou, Noir Désir, Cat Empire, nous chantons  Bohemian Rhapsody  comme dans Wayne's World...

 

Nous faisons quelques pauses pour admirer des feux naturels nettoyer la forêt, je lève la tête au ciel, je n'ai jamais vu autant d'étoiles, je réalise que l'espace n'est pas si loin que çà.

 

              

 

Arrivés sur le site, nous trouvons un camping à Burbulda, installons nos tentes. Nous buvons quelques bières à notre santé, grignotons des tomates et du fromage, jouons de la guitare, chantons. Thomas sort une sorte de tuyau d'aspirateur blanc en PVC, il s'en sert de  didgeridoo , le son est bluffant, il se débrouille bien. Nous n'allons pas faire long feu, nous avons l'intention de nous lever tôt pour partir à l'assaut du Kakadu National Park.

 

               

 

               

 

Au petit matin nous nous réveillons avec la lumière du jour, une cinquantaine de petits vampires se sont amassés sur ma moustiquaire, frustrés de ne pouvoir me sucer le sang. Nous sommes à coté d'une rivière, nous déjeunons les yeux rivés sur des échassiers qui marchent au milieu des nénuphars, pas de crocodiles en vue, dommage. Nous plions bagage pour nous rendre à Nourlangie, un région célèbre pour ses peintures sur roche. Dans un premier temps nous grimpons sur une plaine montagneuse pour admirer le paysage, prendre des photos. Ça fait du bien de marcher à la recherche d'un point de vue parfait, l'horizon s'étend sur des centaines de kilomètres.

 

               

 

               

 

                

 

 

Nous allons ensuite sur Nanguluwur, le site artistique aborigène.

A l'entrée, deux rangers vérifient les passes. Un passe pour Kakadu coûte 25 dollars, il est valable quelques semaines. Nous pensions passer à travers les mailles du filet, mais là, nous sommes obligés d'en acheter deux, Thomas ayant réussi à en récupérer deux autres avant de partir.

Le parcours fait environ deux kilomètres, un des deux rangers nous indique le meilleur accès, nous marchons sur des passerelles en bois, fixées au bord des rochers. Des panneaux nous content un peu d'histoire, nous expliquent la signification des peintures. Elles ont été restaurées, mais certaines ont plus de 20000 ans.

C'est fascinant, la conscience de l'homme ne datte pas d'hier, certes nous avons progressé scientifiquement et technologiquement, mais la façon dont fonctionnait notre cerveau n'a guère évoluée, la réflexion et l'analyse tournaient déjà à plein régime à cette époque là.

La mythologie aborigène est dessinée sur ces murs de granits.

Des kangourous géants, Nabulwinjbulwinj, un esprit à deux phallus, mangeur de femmes, Namarrgon, créateur de tonnerre, et sa femme Barrginj, Namarndjolg qui coucha avec sa sœur et devint plus tard Ginga, le grand crocodile des eaux salées, des danses, des rites...

Nous marchons lentement, de temps en temps, nous stoppons devant des araignées majestueuses, fières sur leur grande toile. Nous finissons notre ballade à 600 mètres d'altitude, la bouche ouverte, l'œil brillant.

 

               

 

               

 

                            

 

              

 

              

 

En milieu d'après-midi, nous allons au Warradjan Aboriginal Cultural Centre, où se trouve un musée qui raconte les us et les coutumes des diverses tribus. Je ne suis pas un passionné de musées, je trouve qu'il y a toujours trop d'œuvres à voir, trop de lecture, je ne sais jamais quoi regarder.

Une photo me marque, un homme nu, dans le désert, un serpent dans la bouche. Avec Octave nous nous asseyons face à un grand écran, on y voit des femmes cultiver des patates douces, cuisiner des tortues, nous piquons du nez.

Un dernier détour, une dernière marche de 50 minutes pour regarder le coucher du soleil, et nous partons en quête d'un camping.

 

               

 

Nous roulons jusqu'à Malabanjbanjdju, l'espace est grand, il y a même des caravanes et des sanitaires, le grand luxe !

Un ranger a installé une toile et un rétro-projecteur, il s'apprête à partager son savoir avec les visiteurs. Nous nous asseyons près de lui, les moustiques sont oppressants.

Il peine à faire fonctionner son matériel, il nous dit que ses enfants ont dû jouer avec. Résigné, il s'assoit sur une chaise et se met à nous parler de son parc :

 

 

« Vous avez pu vous apercevoir qu'une grande partie du parc n'est pas encore accessible, des endroits sont encore trop gorgés d'eau et sont donc dangereux à cause des crocodiles.

Vous avez entendu parler de cette backpacker allemande ?

Cela s'est passé en octobre ou novembre 2002. Il y avait un groupe qui participait à un tour organisé. Un soir alors qu'ils faisaient la fête et qu'ils étaient sérieusement entamés, ils ont voulu se baigner, ont demandé à leur guide si ils pouvaient. La nuit pour sonder s'il y a des crocodiles, c'est simple, quand vous éclairez l'eau avec votre torche, leurs yeux rouges ressortent.

Le guide a regardé, il venait juste d'être embauché, il n'a pas vu de rouge, il a sauté à l'eau, montrant à la troupe ivre qu'elle pouvait le rejoindre, d' autres ont sauté, dont cette jeune femme.

Au bout de quelques minutes, il est ressorti pour aller chercher d'autres personnes leur disant de venir s'amuser dans l'eau. A son retour, il manquait une personne, il a allumé sa lampe et a vu une dizaine de points... rouges. Les autres nageurs sont rapidement revenus sur les berges.

Nous avons été appelés vers 22 heures, nous sommes arrivés sur place. Il nous a fallu, dans un premier temps, trouver le crocodile qui avait attaqué la fille. En général, ils n'attaquent pas automatiquement l'homme, mais celui-ci, long de quatre mètres, avait une patte en moins et était dans un état de famine. Quand nous l'avons retrouvé, il avait encore le corps entre ses deux mâchoires. Ils nous a fallu le harponner avec une sorte de javelot, en plantant trois derrière sa tête avant qu'il ne lâche le corps. Il nous a tracté pendant quelques minutes et a plongé, restant plus d'une heure à trois mètres de fond avant que nous puissions l'abattre. Il nous a fallu alors retrouver le corps de la jeune femme pour pouvoir le restituer à sa famille. Nous sommes retournés à l'endroit du premier impact, l'eau est limpide, en l'éclairant, il est aisé de voir le fond, nous avons dû l' harponner pour la récupérer. Ça faisait quatre jours qu'elle était en Australie... »

 

               

 

Une fois ces histoires terminées, nous changeons de camping, pour rester ici il nous faut payer 10 dollars. Nous en trouvons un autre, à quelques kilomètres de là. Nous sommes seuls, personne à l'horizon. Nous installons notre campement, près à nous faire griller de la viande hachée de kangourou, à boire de la téquila et des bières, à composer une chanson autour du feu, The Mosquito Killer Song. « Ces putains de moustiques nous rendent dingue ! ». Nous nous coucherons saouls.

 

Le lendemain matin nous nous réveillons tard. Le temps de ranger tout notre bazar, nous décollons vers 11 heure, direction Gubar, où nous passerons toute l'après-midi. Nous garons le van, remplissons nos sacs de provisions, d'eau, Octave se charge de porter la guitare, il joue en marchant pendant une demie heure, sur un chemin pédestre, à travers un bush orné de montagnes, d'herbe sèche, de fleurs violettes. Nous arrivons près d'une source d'eau, trouvons enfin un endroit où tremper nos pied. L'endroit est paisible, nous sommes bercées par le bruit d'une chute d'eau qui est au loin, nous nous allongeons sur des rochers plats, sur un tronc d'arbre couché, regardons des bancs de poissons-chats composés de centaines d'individus. Thomas grimpe sur des rochers pour sauter dans l'eau. Nous reprendrons la direction de notre véhicule juste avant le coucher de soleil.

 

              

 

              

 

              

 

              

 

Notre périple se termine, nous rentrons à la ville, le soleil vient de se coucher, dans trois heures, nous serons à Darwin ...              

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5 juillet 2011 2 05 /07 /juillet /2011 11:35

 

 

 

 

( L'extrême nord de l'Australie est une région tropicale, où alternent les saisons sèches et humides. Pendant l'hiver, Darwin, la capitale du North Territory, est la ville la plus ensoleillée du sud est du globe ( selon quandpartir.com ). Les backpackers et les australiens s'y réfugient pour fuir la fraicheur du sud, pour visiter ou gagner de l'argent.

La région semble magnifique ( je n'ai pas encore vraiment mis le nez hors de Darwin ), il y a de vastes réserves naturelles, où se mêlent des canyons désertiques, des forêts et des rivières tropicales. C'est la terre de Crocodile Dundee, il est d'ailleurs très compliqué de trouver des endroits où se baigner, hormis des piscines et des lacs artificiels, car les reptiles géants, chers à notre bon vieux héros au gros couteau, sont chez eux partout, y compris dans l'océan. En plus de ces grosses bébêtes, si vous mettez les pieds dans l'eau salée, vous aurez toutes les chances de caresser de charmantes méduses-boite, qui parait-il, peuvent être mortelles. Hum! Ça donne envie, hein !?

Darwin est une ville active, portuaire, avec un taux de chômage proche de zéro. Son architecture est carrée, elle est faite de rues parallèles et perpendiculaires, sa taille est moyenne. Elle est paisible, fêtarde, disciplinée, les piétons attendent sagement que les feux passent au vert pour traverser les passages, elle est sacrément procédurière. )




Je suis à nouveau seul depuis quelques heures. Le temps de voler de Bali jusqu'à Darwin, je réalise que cela ne m'était plus arrivé depuis que j'ai quitté l'Inde. Trois semaines avec Rico dans le sud de la Thaïlande, trois semaines avec Garrou entre Chiang Mai et Vientiane, un mois et demi avec Didier de Bangkok à Legian... J'ai le sentiment de commencer un nouveau voyage.

Le jour va se lever, je fais mes premiers pas sur le sol australien aux aurores. Le vol a été court, départ 23h30, arrivée 4h15 heure locale ( une heure et demie de décalage horaire ).

Je viens de sortir de l'avion, marche dans le couloir fléché jusqu'à un premier  check-point, je prend la file d'attente. Un grand gars, sérieux, me regarde derrière ses lunettes :


«  Vous avez un visa ?... Merci... Rien à déclarer ? Vous voyagez seul ? Hum... Thaïlande, Bali, Inde... C'est bon pour vous Monsieur! »


Il tamponne mon passeport.


Je récupère mon sac sur le tapis roulant, me dirige vers un banc pour le mettre confortablement sur mon dos. Une jolie fausse blonde m'intercepte, elle m'a repéré, elle doit sûrement vouloir un numéro de téléphone que je n'ai pas, non... elle est en uniforme, droite dans ses rangers :


« Vous parlez anglais ? Que venez vous faire en Australie ? Pourquoi avoir choisi cette destination ? Vous voyagez seul ? Avez vous l'adresse d'une personne que vous connaissez, vivant sur le territoire ? Rien à déclarer ? Du bois, des médicaments, de la drogue, duty free ?

C'est bon Monsieur, vous pouvez y aller ! »


Je prend la file qui mène au contrôle des bagages. Au milieu de celle-ci, un jeune majeur, lui aussi faux blond, coupe à la brosse :


« Vous voyagez seul ? Allez-y monsieur ! »


Dix mètres plus loin, un homme proche de la retraite récupère ma carte d'embarquement :


« Rien à déclarer monsieur ? C'est bon ! »


Et enfin, le passage des bagages aux rayons X :


" Bienvenu en Australie Monsieur Noël ! " 


Je tourne en rond quelques minutes dans le hall des arrivées, sors fumer une cigarette.

Une malaisienne vient à ma rencontre pour discuter. Elle a vu tous les contrôles auxquels j'ai eu droit, elle a étudié le français, participe aux Arafuna Games, une olympiade entre des nations d'Asie et du Pacifique.

Il est cinq heure du matin, je n'ai pas envie de dormir par terre sur cette moquette. Je vais au point d'information, prends un ticket de bus pour 15 dollars, me rends au The Cav, où j'ai réservé un lit en dortoir. Le bus me dépose dans Cavenagh Street.


Un réceptionniste, casquette noire, barbe noire, t-shirt noir et claquettes Hawaienas... noires, m'explique que je ne pourrai intégrer ma chambre qu'à 14 heure. Je comprend à son accent qu'il est français.

Je m'assois sur une chaise de la terrasse. Me voici donc chez les « ozies », je viens d'atteindre un objectif, j'ai traversé la moitié du globe. Je m'étais bien acclimaté à l'Asie, donc sur la fin, je n'avais plus beaucoup de surprises. Hier, j'avais à nouveau la boule au ventre, la même que j'ai senti avant de partir de France, cette boule qui me donne l'impression de me mettre en danger, cette boule qui ressurgit à chaque fois que je m' apprête à prendre la passerelle vers l'inconnu. Le présent est de retour !


J'ai donc huit heures à tuer. Je marche seul dans les rues, tel un zombie inoffensif, ne sachant pas où aller. Les cafés ne sont pas encore ouverts.

Je découvre cette urbanisme si anglo-saxon. J'attends l'ouverture du Woolworth, un super-marché. Je ne suis pas rentré dans une grande surface depuis des mois, je lorgne le pain, le fromage, la viande rouge, m'achète des provisions.

Je retourne à l'hôtel, ressors dehors, retourne à l'hôtel, ressors..


               


               


Finalement, sur les coups de onze heure, je m'étend sur un transat, au bord de la piscine du The Cav, je m'endors.

Je suis réveillé quelques heures plus tard par un soleil brulant, par le bruit d'éclaboussures et par le piaillement de trois femmes qui jouent dans l'eau.

13h42 !!! Je récupère ma clé, m'enferme dans un dortoir de quatre lits, il y a une télé, un frigo, la clim',  pour moi tout seul ! Je tombe dans les bras de Morphée.


( Plus tard dans la journée )



J' ai atterri dans un épisode de Melrose Place. Le bâtiment, en forme de U, semble avoir été construit autour de la piscine. Les acteurs sont tendances, en bande. Omnubilés par leur apparence, ils font semblant d'ignorer les autres clans. Il y a un grand bar ouvert au public où d'aisés locaux consomment de la bière dés dix heure du matin et se dandinent près de la marre de chlore, ils rentrent le ventre, elles exposent leur string Roxy.


               


J'ai réservé pour trois nuits. Le samedi, je m'occupe des taches administratives, demande ma Taxe File Number ( obligatoire pour travailler et payer les prélèvements ), ouvre une ligne téléphonique et un compte en banque, corrige mon curriculum-vitae.

Le dimanche mon planning est vierge, mon activité, quasi nulle. Je rencontre Joachim un jeune allemand, et une japonaise. J'aime bien les allemands, surement parce qu'ils m'évoquent mon enfance vécue sur les rives de la Moselle, et les japonais parce qu' ils sont à la fois réservés et barés, comme moi.

Le lendemain, avant de quitter définitivement cet hôtel, je vais déposer des CV dans des boutiques de vêtements, m'inscrit dans des boites d'intérim.


Je vais au Frogs Hollow Backpacker, une vraie auberge pour voyageur. Ici, il n' y a pas de paillettes, des kilomètres de cheveux et de dread-locks s'enmellent, des kilogrammes d'encre  sont incrustés sur les peaux, le nombre de sourires est incalculable. Nous sommes une centaine, pour faire la cuisine, c'est la guerre, les chambres ne sont pas très confortables, mais l'ambiance est agréable.

On dirait un club de gens intéressants.


               


Je passe la semaine entière à chercher du boulot, je m'organise chaque jours de la même façon :


8 heure : Levage, petit déjeuner ( gratuit ), lavage.

9 heure : lisage des offres d'emploi au cybercafé, mailage, envoyage de CV.

11 heure - 16 heure : Faisage du tour des agences, déposage de CV, relançage, partage pour le centre commerciale de Casuarina pour démarchage.

17 heure : Driblages et plats du pied, participage au match de foot entre les hollandais et le reste du monde, et admirage des chauves-souris de grande envergure qui planent au dessus de nos tête.

18 heure 30 : mettage ou encaissage du but vainqueur.

19 heure : bataillage dans la cuisine.

20 heure : buvage de bières à 16 dollars le pack de six.

23 heure : Couchage.



Il faut absolument que je travaille, il me reste de l'argent, mais je ne dois pas le dépenser sous peine de rentrer plus tôt que prévu, il faut que je fructifie mon capital. Le coût de la vie est hallucinant, après l'Asie, çà fait mal au … Un kilo de tomates vaut plus de 6 dollars, deux yoghourts, 4 dollars,

un paquet de tabac de 50 grammes, 30 dollars, une semaine de logement, 150 dollars, je ne vous parle pas du prix de la viande, des oeufs et du fromage.... En revanche, les salaires sont en conséquence, un backpacker touche en moyenne 20 dollars de l'heure, un ouvrier qualifié peut toucher jusqu'à 50 dollars de l'heure !


Je réussi à décrocher un entretien dans un magasin, qui c'est très bien déroulé selon les dires de la patronne, elle m'annoncera au téléphone qu'elle a choisi une australienne mais qu'elle garde mon CV sous le coude.

Je suis comme Don Quichotte, je me bats contre des moulins à vent, je dépense de l'énergie pour un résultat... nul. Je pensais que ce serait plus simple, mais bon je ne suis là que depuis une semaine. Le nombre de voyageurs-travailleurs est important, concurrence oblige !


« Laisse passer le week-end, détends toi, on verra çà lundi »


Le samedi soir je me rends avec Jacomo et Frederico, deux italiens, Yoshi, un japonais, et Fabien, un français, à 60 kilomètres de Darwin, dans le  bush, pour participer au Dragon Fly Festival.

L'entrée est à 40 dollars, je m'imagine un événement, mais ce n'est qu'une petite « teuf » dans les bois. Le sound-system est moyen, la musique est à l'échelle de cette soirée. Un stand vend du tchaé, un autre, des huiles essentielles énergétiques et des exitants sains et naturels .

Pour ce prix, en France, nous avons le droit à du gros son, à des têtes d'affiche. Nos bonnes vieilles free-partys étaient d'un niveau incomparable. Même si les organisateurs ont l'air de mettre du cœur à l'ouvrage et semblent être passionnés, çà sent un peu l'escroquerie.


Je compense en discutant avec mes « co-voiturés », en buvant des bières, en admirant ce ciel étoilé dénué de toute pollution lumineuse. C'est ma première sorti à la campagne, je savoure...


               


Le lundi, je remonte dans le même manège, repars à l'assaut des emplois, toujours pas de résultats. Il faut que je change de stratégie, que j'arrête de chercher des boulots dans la vente, je vais devoir bosser avec mon courage et mes mains.


J'obtiens ma White Card sur internet, c'est indispensable pour travailler dans le bâtiment, c'est une formation sur la sécurité, on vous explique pourquoi il faut porter des chaussures et un équipement adéquat, qu'il faut faire attention, on vous enseigne comment manipuler des charges.

Pour l'état, c'est une façon de se déresponsabiliser en cas d'accidents liés à l'inattention, « On vous avait prévenu, vous ne toucherez pas de pension d'invalidité ! ».

C'est un test, il faut répondre à 100% des questions, à chaque réponse fausse, vous reculez de deux questions, et tout çà pour la maudite somme de 90 dollars.

Dans le même genre, je passe le Responsible Service of Alcohol, celui-ci est obligatoire pour travailler dans les bars, là, on vous apprend à ne pas servir de l'alcool à un mineur, à un gars trop saoul ou à un drogué « le drogué a les pupilles dilatées, il peut dégager une attitude agressive, il a tendance à se gratter ». 50 dollars.


Le mercredi je me lève tôt, et pars avec Sylvain ( encore un français, il y a des français partout! ) vers le port avec l'espoir de pouvoir gagner enfin de l'argent en déchargeant des bateaux. Le temps d'arriver, il est 7 heure et demi, c'est trop tard, les postes sont déjà pourvus.


               


               


C'est le jour des offres d'emplois, nous allons acheter le journal, sur la route nous appelons deux personnes ayant posé des annonces sur Gum Tree, un site spécialisé. Le premier cherche un manœuvre pour faire des travaux de jardinage, c'est pour Sylvain, il commence demain. Le second est un agriculteur qui prépare la saison des pastèques, il est intéressé, mais la cueillette ne commence qu'à la fin du mois, il doit me rappeler d'ici là. Nous rentrons au FrogsHollow, il est huit heure, je me refais un café, m'assois devant le journal. La réceptionniste du backpacker se dirige vers Thomas, un allemand avec qui j'ai sympathisé:


« - Thomas, tu veux bosser ?

-J'ai déjà un boulot, Vince, lui il est dispo ! »


 

 

Elle me tend un papier, il y a marqué : Bill, son numéro, entre 15 et 18 dollars « cash in hand » ( non déclaré ). Je l'appelle, il me dis qu'il vient me chercher.

Quinze minutes plus tard, je le vois dans son pick-up blanc, rouillé, il est gros, cheveux blancs, barbe blanche, il n'a pas l'air d'être en bonne santé. Il m'amène chez lui.

Il n'est plus capable de faire des travaux physiques, je m'occupe de ramasser des branches, les jette à la déchetterie, taille des palmiers, tonds la pelouse. J'étais censé travailler une journée finalement je vais travailler quatre jours chez lui. Il y a tant à faire, on m'a souvent dit que j'étais  bordélique, mais là, j'ai trouvé mon mentor, je n'ai jamais vu quelqu'un  aussi désordonné. Je ne sais pas si l'émission Strip-Tease tourne encore des épisodes, si c'est le cas, j'ai un sujet très intéressant:

« Bill l'australien, le type qui arrose sa pelouse et ses arbustes assis sur une chaise, toute la journée durant, qui sait parfaitement donner des ordres, qui est rustre, qui dit trois fois « fuck » dans la même phrase, dont le garage est une déchetterie, dont le salon est un vide ordure, qui héberge Hans, un écrivain  franco-allemand âgé qui vit dans une caravane au fond du jardin.... »

C'est un sacré personnage, dans le fond je l'aime bien, son rare sourire de la journée vaut le coup d' être vu, des fois j'ai du mal à le comprendre à cause de son accent prononcé, ça l'énerve un peu, mais il est très reconnaissant pour le travail que j'accomplis, il me paye correctement, 18 dollars de l'heure.


 Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt ? Intéressant...           

 

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